L’éducation en inuktitut souffre d’un manque de moyens

Un rapport de la Coalition des administrations scolaires de district du Nunavut souligne l’insuffisance de l’implantation de l’éducation bilingue en anglais et en inuktitut dans les écoles du territoire.
Le rapport, intitulé From Promise to Practice : Inuit Voices on Bilingual Education [Des promesses à la réalisation : les voix inuit dans l’éducation bilingue], a été réalisé après la consultation de 24 communautés du Nunavut et de 120 groupes de travail.
Ces derniers regroupent des éducateurs inuit, des parents d’élèves, des étudiants, des aînés et des membres du ministère de l’Éducation du Nunavut.
Selon le document, le constat est sans appel. Les modèles d’éducation bilingues existent au Canada, mais ils ne sont pas suffisamment implémentés au Nunavut.
Le passage d’une scolarité en inuktitut à l’anglais est trop rapide, les professeurs inuit ne sont pas suffisamment nombreux et ces derniers ont besoin de plus de soutien, de formation et de mentorat.
Carla Oyukuluk est l’agente de liaison de la Coalition des administrations scolaires de district du Nunavut (CNDEA). Elle indique que l’inuktitut est très utilisé dans les écoles de la maternelle et jusqu’en troisième ou quatrième année, mais qu’après, les cours sont principalement prodigués en anglais, ce qui entraîne une baisse du niveau des élèves dans leur langue maternelle.
La directrice de recherche, des politiques et de l’évaluation du CNDEA qui a rédigé le rapport et l’analyse des données, Maya Jelali, considère que l’inuktitut n’est pas suffisamment soutenu. L’instruction dispensée dans cette langue est limitée par le faible nombre de professeurs certifiés et par l’insuffisance de ressources éducatives.
Nous avons l’exemple d’élèves du secondaire qui ont reçu des fiches éducatives en inuktitut de niveau primaire. Cela montre l’urgence de faire une mise à niveau des ressources disponibles, explique-t-elle.
Le Nunavut offre trois types de cursus bilingues pour les Inuit :
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le modèle qulliq, pour les communautés dans lesquelles l’inuktitut est la langue dominante;
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l’école en immersion, destinée à revitaliser les langues inuit dans des environnements majoritairement anglophones;
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le modèle dual, qui sépare les élèves de langue anglaise et ceux parlant l’inuktitut dans un même établissement.
Le rapport estime qu’il n’est pas possible d’évaluer l’efficacité de chacun de ces cursus, car aucun d’entre eux n’a été véritablement mis en place.
Il considère également que la qualité de l’instruction en langue inuit pâtit de l’insuffisance du nombre d’enseignants et de supports éducatifs. Il pointe également un manque de lieux appropriés destinés à l’enseignement, un manque d’engagement des communautés et une absence de responsabilisation des personnes chargées des programmes.
Le rapport recommande d’améliorer la formation des enseignants, de fournir plus de matériel éducatif et de développer des partenariats plus forts avec les communautés locales.
Avec les informations de Mah Noor Mubarik
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