« L’Europe se réchauffe en raison de sa proximité avec l’Arctique », selon Copernicus

Les courants chauds de l’Atlantique entrent dans l’océan Arctique en passant l’archipel du Svalbard. (Photo : Sean Gallup/Getty Images)

Avant même le coeur de l’été, des températures allant jusqu’à plus de 40 °C étouffent mardi des millions d’Européens. Elles mettent à l’épreuve des populations encore peu habituées à de telles chaleurs extrêmes comme dans la région parisienne en France, en Belgique et aux Pays-Bas.

Ces fortes chaleurs, qualifiées de « tueuses silencieuses » par l’ONU, ont aussi justifié des alertes à la population du Portugal jusqu’à la Croatie et la Grèce, ainsi qu’en Allemagne, en Autriche et en Suisse.

« Du fait du réchauffement climatique provoqué par l’homme, la chaleur extrême devient plus fréquente et plus intense. C’est quelque chose avec laquelle nous devons apprendre à vivre », a déclaré mardi Clare Nullis, porte-parole de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l’ONU basée à Genève.

Ce 1er juillet prolonge un mois de juin hors norme, le plus chaud jamais mesuré à la surface de la mer Méditerranée ainsi qu’en Angleterre ou encore en Espagne, où le record de 2017 a été « pulvérisé », a annoncé l’agence météorologique espagnole.

Paris, connue pour sa densité urbaine et son manque d’espaces verts, est depuis midi en alerte rouge pour la première fois en cinq ans. Le thermomètre a frôlé les 38 °C, les voitures polluantes ont été interdites, le sommet de la tour Eiffel a été fermé et les parcs sont maintenus ouverts la nuit.

La situation n’est pas record, mais survient après bientôt deux semaines d’une exceptionnelle vague de chaleur en France. D’autant plus préoccupante que les températures baissent trop peu la nuit pour offrir assez de repos aux organismes, dans un pays où trois logements sur quatre sont dépourvus de climatisation.

À Paris, le béton et le bitume surchauffés ont créé un îlot de chaleur empêchant les rues de descendre en dessous de 27 °C dans la nuit de lundi à mardi, selon Météo-France, soit environ 4 °C de plus que dans le parc ombragé où se trouve la station de référence.

À l’échelle du pays, près de 1900 écoles mal équipées ont dû être fermées mardi, soit environ 3 % des établissements scolaires.

Après des décennies de combustion des énergies fossiles, les canicules surviennent désormais plus souvent hors des vacances scolaires, en juin et septembre.

Aux Pays-Bas, les écoles de Rotterdam et du Brabant septentrional ont fermé à midi, parce qu’une température de 38 °C, rare dans ce pays au climat océanique, était annoncée.

Chez les voisins allemands, pays continental plus chaud et aux vacances estivales plus courtes, les écoliers peuvent bénéficier du « hitzefrei », le congé pour cause de chaleur remontant au XIXe siècle. Le pic de chaleur y est attendu mercredi.

« Cet événement est inhabituel, car il est extrême, très tôt dans la saison estivale et que le changement climatique l’a très certainement aggravé », indique à l’AFP Samantha Burgess, climatologue pour l’observatoire européen Copernicus.

Ce coup de chaud « expose des millions d’Européens à un stress thermique élevé », ajoute-t-elle, constatant que l’adaptation des villes progresse, mais trop lentement.

À Lyon, dans le sud-est de la France, un syndicat a dénoncé la mal-adaptation de l’hôpital Édouard Herriot:

« Les patients fragiles, et souvent très âgés, sont hospitalisés dans des chambres sans climatisation […], peu de brumisateurs, peu de ventilateurs et des fontaines à eau souvent en panne », mentionne-t-il.

L’impact prendra des mois à être estimé, mais rappelle déjà les canicules de 2003 et de 2022, responsables respectivement d’environ 70 000 et 61 000 décès prématurés, avant tout chez les personnes âgées.

« L’Europe se réchauffe depuis plus vite que la moyenne mondiale », poursuit Samantha Burgess, en raison notamment de sa proximité avec l’Arctique, qui se réchauffe de trois à quatre fois plus vite, mais aussi de l’effet paradoxal de l’amélioration de la qualité de l’air grâce aux législations environnementales.

La réduction de l’effet albédo, causée par la hausse des températures, diminue la réflexion des rayons du soleil sur les glaces polaires. La Terre absorbe ainsi davantage la chaleur et se réchauffe plus rapidement. Cette image montre des eaux ouvertes au nord du Groenland, en août 2018. (Alfred-Wegener-Institut)

Très bonne pour les poumons des Européens, la réduction des aérosols polluants signifie aussi que « nous avons un ciel plus clair, ce qui veut dire plus d’énergie qui atteint la surface de la Terre », explique la scientifique.

En Espagne et au Portugal, où des records pour juin de 46 °C ont été mesurés samedi et dimanche, le thermomètre est redescendu mardi.

Mais il a encore dépassé 40 °C par endroits, comme à Séville, en Andalousie, après une nuit à plus de 25 °C.

« Le jour, on supporte un peu avec l’air, mais la nuit, non », dit Loli López, retraitée sévillane de 81 ans.

Un enfant de 2 ans est mort à Valls, dans le nord-est de l’Espagne, après être resté plusieurs heures dans une voiture garée en plein soleil et sous la canicule, a indiqué la police à l’AFP.

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