Fin abrupte d’un programme de Winnipeg destiné à des Nunavummiut victimes de violence

Une femme assise dans une chambre sombre.
Un programme de Winnipeg destiné à des Nunavummiut victimes de violence fondée sur le genre a abruptement cessé ses services. (Photo : Radio-Canada/Ben Nelms)

Un programme clinique copiloté par l’Office régional de la santé de Winnipeg, et destiné aux victimes de violence fondée sur le genre au Nunavut, a pris fin de manière soudaine, laissant peu de ressources aux Nunavummiut qui en dépendaient jusqu’alors.

Depuis plusieurs années, l’Office régional de la santé de Winnipeg et la Clinique Pan Am de la capitale manitobaine géraient un programme destiné à des Nunavummiut ayant subi des lésions cérébrales traumatiques à la suite de violences commises entre partenaires intimes.

Le programme a débuté en 2020 sous la forme d’un pilote offert à Rankin Inlet, dans la région de Kivalliq, et dirigé par Michael Ellis, un neurochirurgien spécialisé en commotions et lésions cérébrales à la Clinique Pan Am.

Il a ensuite été déployé à Winnipeg, où des patients du Nunavut étaient transportés par avion, aux frais du gouvernement territorial, pour y être traités.

Or, le gouvernement du Nunavut a récemment appris que la Clinique Pan Am n’était plus en mesure d’accepter de nouveaux patients en provenance du Nunavut, indique la directrice de la justice communautaire au ministère territorial de la Justice, Christine Aye, dans un échange de courriels.

Selon l’Office régional de la santé de Winnipeg, le programme a dû cesser en raison de contraintes liées à l’espace et aux ressources requises.

Nous cherchons un espace plus adapté à long terme pour le programme provincial de lutte contre la violence conjugale, écrit-il dans une déclaration. Nous continuons d’explorer les options permettant de fournir ces soins selon un modèle durable et intégré aux services existants dans l’ensemble du système de santé du Manitoba et du Nunavut.

Une clinique médicale moderne sous un ciel bleu.
La clinique Pan Am, à Winnipeg. (Photo d’archives : Radio-Canada/Trevor Lyons)

Inquiétudes pour les victimes

Delma McLeod, une infirmière psychiatrique du programme, qualifie de coup de grâce la fin abrupte des services. Selon elle, cela envoie le message aux victimes qu’elles ne sont pas importantes.

Qu’arrive-t-il aux femmes et aux familles que j’ai vues? Je ne sais pas ce qui se passe, dit-elle. Elles ont certainement besoin de soins continus, mais on vient de les arrêter.

Au Nunavut, les femmes sont victimes de violence dans une proportion 14 fois plus élevée qu’ailleurs au Canada, selon l’organisme national pour femmes inuit Pauktuutit.

Combler le manque

Le programme accueillait également des clients qui étaient recommandés par le bureau régional du Nunavut au Service des poursuites pénales du Canada (SPPC).

Le procureur fédéral en chef du Nunavut, Philippe Plourde, soutient que la fin du programme aura un effet négatif sur les services et le soutien offerts aux victimes de crimes violents au territoire.

Ce programme avait le potentiel d’améliorer considérablement les services aux victimes de crimes violents au Nunavut, affirme-t-il. Nous connaissons des victimes qui ont obtenu des services et un soutien de grande qualité après avoir suivi le programme.

Philippe Plourde espère que d’autres programmes viendront combler le manque causé par la fin de ces services à Winnipeg.

Le Centre de justice du Nunavut, à Iqaluit. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Delma McLeod estime aussi que le programme répondait à des besoins importants.

Elle dit que, lorsqu’il a été lancé, elle accueillait environ deux clients par semaine, mais que cette proportion a bondi jusqu’à atteindre 25 Nunavummiut par jour.

J’ai constaté en première ligne les conséquences de la violence commise par un partenaire intime, comme la dépression, l’anxiété, le trouble de stress post-traumatique, qui comprend des problèmes de sommeil et d’appétit, des courbatures et des douleurs… La liste est longue, affirme l’infirmière psychiatrique.

De son côté, le ministère de la Justice du Nunavut assure qu’il continuera d’explorer les options pour les personnes qui pourraient présenter des symptômes de traumatisme crânien résultant de violence.

Nous restons déterminés à sensibiliser le public à ce problème et à plaider en faveur des services tenant compte des traumatismes dont les victimes et les survivants ont besoin et qu’ils méritent, a déclaré le ministère dans un échange de courriels.

Avec les informations d’Emma Tranter

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