La grogne monte chez les pilotes d’Air Inuit

Les pilotes d’Air Inuit commencent à montrer des signes d’impatience face à la lenteur des négociations entourant leur convention collective, lesquelles se poursuivent depuis un an et demi.
Un processus de conciliation a été amorcé récemment, dans le but d’en arriver à une entente, mais les discussions piétinent, selon l’Association des pilotes d’Air Inuit.
D’après le syndicat, les conditions de travail et l’échelle salariale offertes par l’entreprise ne permettent pas une rétention de ses pilotes d’expérience. Plusieurs pilotes songeraient même à quitter l’entreprise, dans un contexte de forte concurrence entre les compagnies aériennes.
« Nos conditions de travail actuelles sont en décalage avec l’industrie aérienne, et cela fragilise notre capacité à garder en poste les pilotes qualifiés », dit le pilote de ligne Louis-Philippe Desmarais, président de l’Association des pilotes d’Air Inuit.
Air Inuit est quasiment le seul transporteur à fonctionner dans les petites communautés du Nunavik. Il est responsable du transport de marchandises, de personnes, ainsi que des évacuations médicales.

Les conditions de vol sont, par ailleurs, bien particulières dans la région. La météo y est souvent extrême, et les courtes pistes sont pour la plupart en gravier. Les pilotes sont bien souvent aux prises avec de longues heures de travail et doivent travailler loin de chez eux.
L’Association des pilotes espère qu’Air Inuit conclura une entente qui reflète cette réalité particulière, pour être en mesure de garder ses pilotes.
« Le cadre d’opération dans lequel on travaille, avec de la grosse météo, des petites pistes en gravier dans des régions montagneuses… L’expérience est bien requise, et il faut la garder », fait valoir Louis-Philippe Desmarais.
Peu d’expérience
Cette situation occasionnerait aussi des enjeux opérationnels, puisque les jeunes pilotes ne peuvent pas voler dans les mêmes conditions de vent que leurs collègues plus expérimentés.
« Entraîner des pilotes sans arrêt, ça fait partie de la norme, mais il y a une limite. Ça ajoute de la pression sur les opérations. Il y a des limitations qui sont appliquées à de nouveaux pilotes, qui font qu’on ne peut pas atterrir parce que le pilote n’a pas assez d’expérience pour aller se poser », ajoute Louis-Philippe Desmarais.
Moyens de pression
Aucun moyen de pression n’a pour le moment été communiqué par le syndicat.
L’Association des pilotes d’Air Inuit a toutefois entamé des discussions avec l’employeur pour déterminer, au besoin, quels services pourraient être reconnus comme essentiels tel que le prévoit la loi, advenant l’impossibilité d’obtenir un accord.

Cette déclaration indique donc que certains moyens de pression seraient mis en place si les négociations n’aboutissent pas.
« On est à l’aube d’une grande vague de départs. C’est ce qu’on nous dit sur le terrain. Avant de parler de quoi que ce soit comme ça, on essaie d’avoir un contrat qui a du sens maintenant, avant que les gens partent », conclut Louis Philippe Desmarais.
De son côté, Air Inuit n’a pas souhaité commenter la sortie publique du syndicat, mais elle assure qu’il est pleinement engagé et concentré sur la signature d’une entente négociée avec ses pilotes.
Selon le syndicat, une grande proportion des pilotes d’Air Inuit commencent tout juste leur carrière, ce qui témoigne d’un enjeu de rétention des pilotes d’expérience.
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