Le Nunavik réclame le record des plus hautes marées au monde

La Société Makivik, qui représente les Inuit du Nunavik, affirme avoir des données qui prouvent que la baie aux Feuilles, près de la communauté de Tasiujaq, dans le Nord-du-Québec, accueille les plus hautes marées de la planète. Elle revendique ainsi le record actuellement associé à la baie de Fundy, dans les provinces maritimes.
Depuis les années 1950, des mesures effectuées dans le secteur laissaient déjà croire que les marées y atteignent des niveaux inégalés, mais les preuves officielles manquaient.
Cette fois, Makivvik a mobilisé des spécialistes, mais aussi formé des plongeurs inuit de la région afin d’installer les instruments sous l’eau, malgré la glace et les conditions difficiles.

C’était très important que ce soit un projet fait par nous et pour nous, souligne Adamie Delisle-Alaku, le vice-président du département d’Environnement, de la Faune et de la Recherche pour Makivvik.
L’organisation a recueilli des données sur les marées de ce secteur durant 391 jours en 2024 et 2025.
Selon l’étude de Makivvik, l’amplitude des marées dans la baie aux Feuilles atteint 16,35 m à son extrémité nord, comparativement à 15,85 m à Burntcoat Head, dans la baie de Fundy.
Ces conclusions sont toutefois encore à l’étude par le Service hydrographique du Canada.
Nos prochaines étapes seront de mener une analyse de ces données, puis de les comparer avec celles déjà existantes, a indiqué Pêches et Océans Canada par courriel.
L’organisation fédérale rappelle que pour comparer équitablement la baie aux Feuilles et la baie de Fundy, les marées doivent être mesurées sur la même période.
Les marées extrêmes varient avec les cycles lunaires et d’autres facteurs astronomiques à long terme, souligne l’organisme fédéral.
Selon lui, la différence entre les deux sites demeure minime.
Les deux sites sont statistiquement à égalité pour les plus grandes marées du monde, avec des différences qui relèvent de la variabilité naturelle et de l’incertitude des mesures, ajoute l’organisation.
Une réalité quotidienne
Au-delà des records, Makivvik souhaitait mettre un chiffre sur une réalité longtemps connue dans la région.
Les grandes marées de la baie aux Feuilles font partie du quotidien des résidents de Tasiujaq. Elles dictent les déplacements pour la chasse, pratiquée ici depuis des siècles.
Tout le monde ici vit avec la marée. On ne peut pas partir [en bateau] quand on veut. Il faut être extrêmement résilient et patient, ajoute Adamie Delisle-Alaku.
Il croit par ailleurs que la confirmation officielle d’un record pourrait aussi ouvrir la voie à de nouvelles retombées.

Ça peut être un bénéfice économique pour nous, estime Adamie Delisle-Alaku.
L’exemple de la baie de Fundy, en Nouvelle-Écosse, montre que les grandes marées peuvent attirer des milliers de visiteurs chaque année.
On a beaucoup de choses à offrir aux touristes, note Adamie Delisle-Alaku. Il s’agit juste de le développer.
Makivvik n’a pas l’intention de s’arrêter là. L’organisation souhaite poursuivre l’analyse des marées durant les prochaines années, puisque la hauteur de celles-ci dépend d’un cycle lunaire de 19 ans.
Cela signifie que des valeurs encore plus élevées pourraient être observées dans les prochaines années, et il veut que la communauté continue de les surveiller.
Avec la collaboration de Sam Watt
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