John Main est élu premier ministre du Nunavut

Le député d’Arviat North-Whale Cove, John Main, a été élu premier ministre du Nunavut par ses pairs après plusieurs heures d’une période de questions et réponses. Il est le premier non-Inuk à occuper ce poste au territoire.
Trois semaines après les élections territoriales du 27 octobre, les députés devaient décider qui, d’entre eux, deviendraient les membres du conseil exécutif de la 7e Assemblée législative du Nunavut.

Seuls 21 députés des 22 circonscriptions se sont rassemblés mardi à l’Assemblée législative.
Le Forum du leadership avait débuté mardi matin par l’élection du président de l’Assemblée, David Joanasie, député de South Baffin.

Les électeurs de la circonscription d’Aggu doivent retourner en élection le 15 décembre, après un recomptage judiciaire où deux candidats ont obtenu le même nombre de votes.
Une situation similaire a eu lieu en 2008, lors de la 3e Assemblée du Nunavut, qui a tout de même tenu son Forum du leadership, même si tous les députés n’avaient pas été élus.
Un politicien d’expérience
John Main n’est pas un nouveau venu en politique, puisqu’il a été élu une première fois en 2017. Il se dit néanmoins honoré qu’on lui ait accordé ce rôle.
Ce n’est pas un rôle que je prends à la légère. Je suis tellement reconnaissant envers mes collègues de m’avoir fait confiance. En fin de compte, il s’agit de faire le travail et de faire avancer les choses pour le Nunavut, évoque-t-il.
Le logement est une priorité centrale du politicien de 45 ans, tout comme la question l’a été pendant la campagne électorale.
La surpopulation et l’insalubrité de nombreux logements ne sont également pas prises à la légère par John Main qui a été ministre de la Santé pendant plusieurs années. Il se garde cependant de donner les priorités de son gouvernement, un travail qui doit se faire en collaboration .
Il a d’ailleurs dit dans son discours électoral qu’un « premier ministre n’était pas un roi ni un dictateur ».
C’était une référence au système de gouvernement que nous avons au Nunavut, où le premier ministre est toujours le chef de ce qui est, par essence, un gouvernement minoritaire.
Développer l’économie locale est une des priorités de John Main, un développement économique qui pourrait même passer par l’exploitation de gaz naturel, a-t-il mentionné.
Cependant, son ancien gouvernement a été la cible d’accusations de manque de transparence, qui a presque coûté le poste de l’ancien premier ministre, P.J. Akeeagok. Devant ce risque de dérive, M. Main a déclaré qu’il voulait partager le plus d’informations possible, notamment en ligne, aux Nunavumiuut.
C’est un enjeu que je prendrai très au sérieux, estime-t-il.
En plus de M. Main, David Akeeagok convoitait aussi le poste de premier ministre. Élu en 2017, tout comme John Main, il a été entre autres ministre des Mines. M. Akeeagok est l’oncle du précédent premier ministre du territoire.
Les langues, un atout
Interrogé sur la présence du français au territoire et les possibilités de tisser des liens entre les communautés, John Main s’est réjoui que le Nunavut ait quatre langues officielles, dont le français.
Je pense que la langue est une merveilleuse façon pour les gens de se connecter les uns aux autres.
John Main est né à Toronto et a grandi à Arviat. « Le fait que j’aie appris à parler l’inuktitut enfant a été incroyable. Cela m’a ouvert beaucoup d’opportunités. Il est donc normal que je soutienne l’apprentissage des langues », dit-il.
Huit ministres choisis au sein du Cabinet
Parmi les neuf personnes en lice pour rejoindre le Cabinet, les députés ont choisi huit ministres qui formeront un Cabinet paritaire :
- Janet Brewster (députée d’Iqaluit-Sinaa)
- Gwen Healey Akearok (députée d’Iqaluit-Manirajak)
- George Hickes (député d’Iqaluit-Tasiluk)
- Annie Tattuinee (députée de Rankin Inlet South)
- Cecile Nelvana Lyall (députée de Netsilik)
- Craig Simailak (député de Baker Lake)
- Brian Koonoo (député de Tununiq)
- David Akeeagok (député d’Iqaluit-Niaqunnguu)
- Seul Alexander Sammurtok (député de Rankin Inlet North-Chesterfield Inlet) n’a pas été retenu.
Les ministères seront choisis par le nouveau premier ministre et distribués aux huit membres du Cabinet dans les prochains jours.
Gouvernement de consensus
Ce système est celui d’un gouvernement de consensus, où tous les députés sont indépendants.
Tous les votes sont secrets et, après l’élection du président de la Chambre, du premier ministre et des ministres, les députés restants deviennent une sorte d’opposition et doivent demander des comptes au gouvernement.
Seuls les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut fonctionnent selon les principes d’un gouvernement de consensus au Canada.
Une journée est prévue jeudi pour assermenter les députés. Généralement, ceux-ci seront en pause jusqu’en janvier pour siéger au sein de plusieurs comités permanents. La session d’hiver débute d’habitude en février.
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