Des feux de forêt plus intenses dans le nord du Canada, selon une étude

Image d'une route avec un feu au loin dans la forêt.
En juillet dernier, le feu de Wrong Lake pouvait se voir à partir de la route du Klondike Nord, qui relie Whitehorse à Dawson. (Photo d’archives) (Service de gestion des feux de forêt/Gouvernement du Yukon)

Une étude canadienne se penchant sur la gravité des feux de forêt à l’échelle du pays durant ces dernières décennies révèle que l’ensemble des régions ont été en proie à des feux de forêt beaucoup plus intenses et graves, plus particulièrement dans le nord-ouest et le nord-est du pays.

Cette étude de modélisation analysant la gravité des feux de forêt au Canada, publiée dans la revue universitaire Science, est la première du genre au pays.

Selon l’équipe de scientifiques de l’Université de la Colombie-Britannique, de l’Université Thompson Rivers et du Service canadien des forêts, le nombre de jours où les conditions sont propices au déclenchement de feux graves et intenses a augmenté au cours des 40 dernières années.

Xianli Wang, coauteur et chercheur au Service canadien des forêts, indique que cette tendance s’est même accélérée au cours des deux dernières décennies et va maintenant au-delà des mois d’été.

« On a découvert que ces journées de gravité du brûlage sont présentes au printemps et à l’automne […], ce à quoi nous ne nous attendions pas », dit M. Wang.

En moyenne, deux journées de gravité de brûlage supplémentaires ont été enregistrées dans 10 écozones du pays entre 2011 et 2020.

Xianli Wang, coauteur et chercheur au Service canadien des forêts, lors de recherches sur le terrain au printemps 2024. (Gracieuseté de Xianli Wang)
C’est dans la taïga du Bouclier de l’est, qui couvre une partie du Nunavik, que le nombre annuel moyen de jours propices à un brûlage de haute gravité a augmenté le plus au cours des 20 dernières années, passant de 60 à 65.

Dans la taïga de la Cordillère, qui couvre le nord du Yukon et l’ouest des T.N.-O., ce nombre de jours moyens a augmenté de près de 3.

Le principal facteur contribuant à cette augmentation est la présence de combustible très sec, causé par la sécheresse, la chaleur et le vent.

Cette carte montre les écozones étudiées par les chercheurs, et l’emplacement des feux de forêt entre 2011 et 2010 et entre 2011 et 2020. (Gracieuseté de Wang et al., Revue Science)

Selon l’étude, les changements climatiques sont l’élément principal à l’origine de l’intensification des conditions propices à des feux de forêt plus intenses au pays.

« Nos résultats indiquent que le réchauffement climatique devrait avoir des effets plus graves sur les incendies au Canada, les effets les plus prononcés se produisant dans les hautes latitudes septentrionales », indique l’étude.

Un avenir sombre

Mike Flannigan, professeur à l’Université Thompson Riverset coauteur, estime que cette étude confirme la tendance vers des saisons de feux de forêt plus longues et plus intenses à l’avenir.

« Je ne veux pas dresser un portrait sombre, mais l’avenir apparaît enfumé au Canada, plus particulièrement dans les régions du Nord », dit-il.

Il y aura beaucoup plus de feux et de fumée à l’avenir. Les saisons des feux de forêt seront plus longues, plus intenses, avec davantage de feux graves. […] Ce n’est pas une belle image, mais c’est ce qu’on a constaté.

Mike Flannigan, professeur en gestion des urgences et en science du feu à l’Université Thompson Rivers

Mike Flannigan rappelle l’importance de réduire dès maintenant les gaz à effet de serre pour limiter ou prévenir ces tendances et protéger les communautés.

Le chercheur ajoute que des programmes comme Intelli-feu sont aussi très efficaces,surtout en combinaison avec la protection structurelle comme des gicleurs.

Dans des conditions de sécheresse importante, le processus de décision d’éteindre un nouveau feu, s’il est dans les environs d’une communauté, est également un aspect important de la gestion des feux de forêt, selon Mike Flannigan.

« Dans ces conditions extrêmes, on a peut-être une fenêtre de moins de 30 minutes pour éteindre ce feu », dit-il.

2023, année du pire scénario

En 2023, une année record des feux de forêt au Canada, des communautés ont rapidement été décimées par des feux de forêt intenses, comme Enterprise, aux Territoires du Nord-Ouest.

Par ailleurs, Xianli Wangdit que 2023 a été l’année de référence utilisée par les chercheurs et qui illustre avec éloquence leurs constatations. Près de 150 000 km2 de forêt ont brûlé au pays, soit sept fois la moyenne historique.

Xianli Wang dit que, auparavant, l’activité des feux se concentrait dans une région, tandis que, en 2023,« ce n’était pas le cas du tout : [les feux] étaient partout.»

« L’année 2023 nous donne un aperçu du pire scénario auquel nous pourrions assister au cours des prochaines décennies », conclut le chercheur.

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Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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