Des bouteilles pour se laver les mains : l’hôpital de Puvirnituq privé d’eau

La devanture de l'hôpital.
L’hôpital de Puvirnituq a manqué d’eau plusieurs fois dans les dernières semaines, dénoncent des travailleurs de la santé. (Photo : Radio-Canada/Félix Lebel)

Le Centre de santé du village de Puvirnituq a encore une fois manqué d’eau courante mardi en matinée, une conséquence du ralentissement de la livraison d’eau dans la communauté qui perturbe le travail des équipes soignantes, tout comme le quotidien des résidents, depuis plusieurs semaines.

La médecin de famille Marie-Faye Galarneau devait se contenter de quelques bouteilles d’eau, mardi matin, pour se laver les mains avant de voir des patients.

Une situation désolante que vivent régulièrement ses collègues depuis les dernières semaines.

J’ai une collègue qui a dû faire un drain thoracique, et elle n’avait pas d’eau pour se laver les mains. On s’entend qu’on ouvre un thorax et il y a du sang. Même si c’est une technique stérile et qu’on a des gants, il faut se laver les mains après. Ça prend plus que des petites bouteilles d’eau, fait valoir la médecin de famille.

Une livraison d’eau mardi après-midi a finalement permis de retrouver l’eau courante, plusieurs heures après le début de l’interruption. L’eau n’est toutefois pas potable et doit être bouillie avant d’être consommée.

Un robinet crache de l'eau sale.
Une fois l’eau courante revenue, des sédiments s’échappaient des tuyaux pendant de longues minutes. (Photo : Marie-Faye Galarneau)

Il faut savoir que tout le service de livraison d’eau est ralenti au village depuis la mi-mars. La conduite qui relie la station de pompage à l’usine de traitement d’eau a gelé sur une portion de près de trois kilomètres.

Ce bris force depuis les camions de livraison à pomper l’eau à une source située à plusieurs kilomètres du village. On parle ici d’un aller-retour d’une heure, ce qui a considérablement ralenti la livraison d’eau dans cette petite communauté de 2200 personnes.

Mardi, une tempête de neige avait partiellement bloqué l’accès aux camions de livraison d’eau, ce qui a accentué le problème des délais de transport.

Un camion-citerne pompe de l'eau à même la station de pompage, près de Puvirnituq, au Nunavik.
En raison du gel d’une canalisation, à la mi-mars, les camions-citernes de Puvirnituq doivent puiser l’eau directement depuis la station de pompage. (Photo : Lucy Qalingo)

Sans nécessairement blâmer l’administration de l’hôpital, la Dre Galarneau dénonce le manque de solutions à court terme pour assurer des conditions sécuritaires pour ses collègues et pour les patients. Elle indique qu’elle a fait une plainte au Collège des médecins du Québec et à la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.

Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas accès à des quantités d’eau plus volumineuse. Il y a un manque de proactivité. Ça reste un hôpital. C’est la base d’avoir de l’eau pour tous les services, déplore la médecin de famille, qui souligne n’avoir jamais vu une situation aussi difficile en cinq ans de pratique au village.

Des gens marchent dans une rue aux maisons colorées.
Les résidents de Puvirnituq sont privés d’eau parfois pendant des semaines entières depuis le bris survenu à la mi-mars. (Photo d’archives : Radio-Canada/Félix Lebel)

Le Centre de santé Inuulitsivik (CSI), qui gère les dispensaires de la côte de la baie d’Hudson, assure pour sa part qu’un plan de contingence est en place en cas de rupture.

Résidents touchés

Or, les problèmes de livraison d’eau ne touchent pas que les équipes soignantes. Les résidents sont les premiers à vivre les contrecoups de ce bris. Certaines familles au village ont passé jusqu’à deux semaines sans eau courante.

Ce problème est d’autant plus dérangeant que la communauté est aux prises avec de nombreux cas de gastro-entérite.

Des maisons agglomérées dans un paysage enneigé, en mars 2025.
La communauté de Puvirnituq au Nunavik compte plus de 2200 habitants. (Photo : Radio-Canada/Félix Lebel)

Récemment, certaines familles se sont rendues aux urgences pour demander de l’aide, car elles étaient épuisées et découragées par la situation.

Travaux en cours

Une équipe mandatée par l’Administration régionale Kativik est arrivée au village au cours de la semaine pour installer une conduite temporaire.

Une livraison de tuyaux est attendue à Puvirnituq dans les prochains jours, mais il est possible que leur installation prenne du temps.

Une équipe spécialisée travaille actuellement sur une conduite d'eau de contournement pour alimenter la centrale de traitement des eaux.Photo : Fournie par Patrick Desteredjian
Une équipe spécialisée travaille sur une conduite d’eau de contournement pour alimenter la centrale de traitement des eaux. (Photo : Patrick Desteredjian)

La mairesse de Puvirnituq, Lucy Qalingo, se dit encouragée par l’arrivée de ces travailleurs.

Ils travaillent très fort et sans arrêt pour mettre la conduite. Ça va prendre au moins deux semaines avant que ça soit en fonction. Vers la mi-mai, on espère que ça va revenir à la normale, indique-t-elle.

Cette dernière se dit aussi encouragée par l’ajout de deux camions supplémentaires au parc municipal, pour un total de quatre camions fonctionnels, ce qui accélérera le service, assure-t-elle.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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