À Yellowknife, un groupe veut faire entrer les T.N-O. dans le fédivers

Image d'une diapositive avec le logo du réseau NWT.Social.
Avec NWT.Social, Jeremy Flatt et ses amis veulent créer une plateforme sociale par et pour le Nord. Photo : Radio-Canada/Mohamed-Amin Kehel

Un texte de Mohamed-Amin Kehel

À Yellowknife, un petit groupe de citoyens réfléchit à une solution de rechange aux réseaux sociaux traditionnels et aux géants américains. Pour cela, ils ont créé NWT.Social, un serveur qui est hébergé sur la plateforme Mastodon et qui rejoint plus globalement le fédivers.

En ce jeudi 2 octobre au soir, ils sont peu nombreux dans la salle du Sundog Trading Post, un des restaurants de la vieille ville de Yellowknife.

Devant cinq personnes, Jeremy Flatt explique ce qu’est le fédivers.

Cette combinaison des mots « fédération » et « univers » représente un collectif libre de serveurs décentralisés qui fonctionnent à l’aide de normes de logiciel libre.

L’objectif est ainsi de créer une sorte de réseau social local pour se défaire des géants; X et Meta, notamment.

Jeremy Flatt, Britannique d’origine, est résident de longue date des Territoires du Nord-Ouest. Il a quitté Facebook en 2019, fatigué du climat polarisant qui y régnait.

En 2023, il a créé un compte sur Mastodon, une des plateformes qui se réclament du fédivers.

C’est sur cette plateforme que, deux ans plus tard, il a décidé de se lancer pour créer NWT.Social.

Je me suis donc acheté mon petit serveur et mon nom de domaine, et je m’y suis mis, raconte Jeremy Flatt.

Il précise en souriant qu’il n’est pas très bon en informatique. Il a pour cela demandé l’aide de FediHost, une entreprise spécialisée qui est établie à Montréal.

C’est quand même très technique de créer ces sites-là, indique Victor Dyotte, cofondateur de l’entreprise. On se disait que, pour que les gens utilisent cette technologie-là à fond, il faut les accompagner.

Chanel Robin, étudiante à la maîtrise au Département de communication de l’Université de Montréal, évoque un mouvement encore marginal, mais en évolution ces dernières années, alimenté par la défiance envers les médias sociaux traditionnels.

Ça fonctionne comme des îles dans un archipel. Mastodon, c’est une manière d’accéder à tout l’archipel : on peut créer notre compte sur une des îles et on peut voir ce qui se passe sur notre île, mais aussi ce qui se passe sur les îles avoisinantes de l’archipel, affirme Chanel Robin, étudiante à la maîtrise au Département de communication de l’Université de Montréal.

Fatigue des GAFAM et protection des données

Dans l’assistance, les échanges fusent entre curieux, sceptiques et optimistes.

Je cherche un moyen de me débarrasser des médias sociaux traditionnels, dit Carsten Schneider, qui avait très peu entendu parler du fédivers avant cela.

« Je pense que ça peut marcher », confie Lois Little, utilisatrice du fédivers depuis le début. « Ça va prendre du temps et des efforts pour expliquer aux gens les possibilités de cette plateforme, mais je me permets d’être optimiste. »

Je ne sais pas si ça peut marcher, mais je me suis promis d’explorer différentes options, indique pour sa part Eric McNair Landry.

Je m’intéresse aux façons de mieux impliquer les communautés et d’inspirer des actions locales de manière démocratique, précise de son côté Lois Little.

Trois personnes assises à une table.
Carsten Schneider, Eric McNair-Landry et Lois Little veulent repenser leur utilisation des réseaux sociaux. Photo : Radio-Canada/Mohamed-Amin Kehel

Tous partagent une fatigue des réseaux sociaux traditionnels et militent aussi pour une plus grande transparence dans l’utilisation de leurs données personnelles.

Vos données personnelles sont hébergées dans un serveur ici, dans votre ville, spécifie Jeremy Flatt. Ça crée un sentiment de sécurité chez les gens.

« Ce sont des gens qui ont à cœur la vie privée; c’est comme un mouvement social, parce qu’ils ont des valeurs antipropriétaires, anticaptation de données, anticapitalistes », affirme pour sa part Chanel Robin.

Structurer et localiser le groupe

Le projet en est encore à ses balbutiements, mais Jeremy Flatt aimerait le voir se développer en un organisme à but non lucratif.

J’aimerais que NWT.Social puisse se doter d’un conseil d’administration qui sera responsable des règles du serveur, d’interaction et de modération.

Portrait de Jeremy Flatt en train de présenter son réseau social.
Jeremy Flatt espère voir grandir NWT.Social en une organisation locale et structurée. Photo : Radio-Canada/Mohamed-Amin Kehel

Selon lui, Yellowknife est un terrain adéquat pour ce type d’exercice démocratique.

En prenant part à NWT.Social, on partage cette responsabilité de préserver la culture de cet espace social, explique Jeremy Flatt, fondateur de NWT.Social. Et c’est quelque chose qui va résonner chez beaucoup de gens du Nord, car nous avons l’habitude de nous entendre dans nos communautés, dans les bons et mauvais moments.

Pour cela, il faut d’abord convaincre des utilisateurs d’utiliser la plateforme : « L’ingrédient clé, c’est plus de gens! » estime Jeremy Flatt.

Chanel Robin note que ça commence à convaincre certaines personnes, même si, selon elle, il ne faut pas s’attendre à ce que le grand public embarque là-dedans.

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