Nord canadien : l’énergie nucléaire ne serait pas une option pour les T.N.-O.
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Les petits réacteurs modulaires (PMR) peuvent générer de l’électricité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sans émettre de gaz à effet de serre, mais cette technologie n’est pas économiquement viable pour les communautés nordiques éloignées, selon des experts.
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest fait partie d’un groupe de travail depuis qui étudie la possibilité d’utiliser de petits réacteurs nucléaires depuis 2017.
Le chercheur John Richards, de l’Institut C.D. Howe, a publié la semaine dernière un article [en anglais] faisant la promotion des petits réacteurs nucléaires et de leur potentiel pour le Canada dans ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre.
Le chercheur avance que le pays ne peut se fier entièrement aux énergies solaire et éolienne, car elles sont intermittentes. L’énergie nucléaire, de son côté, utilisée en conjonction avec ces énergies renouvelables, est une source constante même lorsqu’il n’y a pas de soleil ni de vent, selon John Richards.
Cette technologie pourrait être une option pour les provinces de la Saskatchewan ou du Manitoba, où le potentiel de l’hydroélectricité est limité. Par contre, toujours selon le chercheur, cette option est trop chère pour les petites communautés éloignées du Grand Nord.
Un appétit des fabricants?
Les petits réacteurs modulaires sont des réacteurs nucléaires semblables aux plus gros réacteurs, qui utilisent la fission pour produire de l’électricité, mais leur capacité de production est moindre. Ils sont conçus pour être fabriqués en usine puis transportés par camion ou par train là où ils seront utilisés. L’Agence internationale de l’énergie atomique définit comme petit réacteur celui dont la puissance est inférieure à 300 mégawatts.
La technologie PMR est à l’étape du prototype en ce moment.
Même si la fabrication de très petits réacteurs modulaires plus adaptés aux besoins d’une petite communauté éloignée est possible, trouver un fabricant intéressé à les construire l’est moins, selon le professeur M.V. Ramana, de l’École des affaires publiques et internationales de l’Université de la Colombie-Britannique.
Le professeur Ramana explique qu’un fabricant doit obtenir la garantie qu’un marché existe pour cette technologie, et il pense que ces petits réacteurs sont beaucoup trop chers pour les petites communautés éloignées. Selon Ressources naturelles Canada, un petit réacteur nucléaire de 20 mégawatts développé pour le secteur minier coûte entre 200 et 350 millions de dollars.
Il a corédigé un rapport [en anglais] démontrant que l’ensemble des petites communautés et des mines éloignées au pays ne généreraient pas une demande assez suffisante pour inciter un fabricant à construire une usine de petits réacteurs modulaires.
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Le coût de cette technologie ferait aussi bondir le coût de l’électricité.
Trop d’électricité pour les petites communautés
Lors des mois de forte demande, en hiver, la Ville de Yellowknife utilise environ 34 mégawatts d’électricité, selon la Northwest Territories Power Corporation. Ailleurs aux T.N.-O., la demande de pointe est de 5,5 mégawatts à Inuvik, et de seulement 0,5 mégawatt à Jean Marie River
Dans un courriel reçu par Radio-Canada en octobre, le coordonnateur Ben Israel, du ministère de l’Infrastructure des T.N.-O., indique que même le plus petit des réacteurs modulaires serait trop gros pour la plupart des communautés éloignées.
En plus du groupe de travail portant sur les PMR, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest participe aussi à une étude de faisabilité menée par le gouvernement du Yukon.
« Avant de développer cette technologie aux T.N.-O. nous avons besoin d’une démonstration approfondie de sa sécurité et sa rentabilité dans d’autres juridictions, et plus d’information sur cette technologie, avant qu’elle ne soit considérée comme une option par le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest », écrit Ben Israel.
Le député de Frame Lake, Kevin O’Reilly, dit que l’énergie nucléaire est souvent décrite comme « un genre de remède à la crise climatique », mais il n’est pas convaincu de son efficacité.
« Si nous voulons nous attaquer à la crise climatique, je pense que nous devons changer fondamentalement nos habitudes et nos façons de consommer et d’extraire l’électricité », conclut-il.
Avec les informations de Liny Lamberink