Élections Yukon : pire taux de participation en plus de 50 ans

Le taux de participation aux élections du Yukon, lundi, a chuté à 53 %. C’est le pire taux des 50 dernières années, avec plus de 20 points sous la moyenne.
Les électeurs du territoire ont pourtant l’habitude de se mobiliser. Depuis 1978, soit lorsque les Yukonnais ont commencé à voter pour des députés selon leur appartenance à un parti, la participation moyenne aux élections était d’environ 76 %. Ce taux a même atteint presque 80 % en 1996.
Le directeur général des élections, Maxwell Harvey, mentionne que plusieurs indicateurs pointaient vers une baisse du taux de participation le 3 novembre dernier.
Je ne suis pas surpris, dit-il, mais c’est plus bas que ce à quoi on s’attendait, quelque part entre 60 et 65 %.
M. Harvey croit qu’il y a plusieurs causes derrière cette baisse, mais il en retient deux principales.
La première est un contexte politique et électoral chargé. Il avance que la longue durée du gouvernement minoritaire, l’incertitude autour de la date des élections, les changements de premiers ministres et, en ce qui a trait aux circonscriptions, le faible nombre de députés sortants qui ont choisi de se représenter ainsi que le chevauchement avec les élections scolaires ont pu provoquer une certaine fatigue chez les gens.
Mais il faut se pencher davantage sur la question, car les Yukonnais sont généralement très engagés, dit-il.
Ce sont les électeurs de Whitehorse Centre qui ont le moins voté, avec 39,6 % de participation, tandis que ceux de Vuntut Gwitchin se sont le plus mobilisés, à hauteur de 70,3 %.
La deuxième cause, selon Maxwell Harvey, découle d’éléments techniques. Un registre permanent d’électeurs a été inauguré entre 2016 et 2021. Avec lui, le nombre d’électeurs a augmenté.
Ce registre a considérablement amélioré la couverture des électeurs par rapport à l’ancienne méthode de porte-à-porte utilisée pour constituer des listes électorales ponctuelles, qui avaient tendance à sous-représenter le nombre d’électeurs admissibles, explique M. Harvey.
Cela gonflait artificiellement le taux de participation en omettant les électeurs non inscrits qui ne votaient pas.
Le Yukon n’a ainsi jamais compté autant d’électeurs ni une population aussi nombreuse. Statistique Canada fournit des estimations trimestrielles de la population. Selon celles-ci, depuis les dernières élections territoriales en 2021 jusqu’au dernier trimestre disponible pour 2025, la population aurait augmenté d’environ 12 %.
Quant au nombre d’électeurs, il a bondi de 24 % durant la même période. Il y avait en effet 35 966 électeurs inscrits en 2025, contre 29 112 en 2021.
Maxwell Harvey croit que la liste électorale actuelle offre une excellente couverture, même si elle pourrait inclure quelques doublons ou personnes qui ont quitté le Yukon.
La participation a été faible, dit-il. En 2025, il y a eu 19 086 votes; c’est moins qu’en 2021 et à peine plus qu’en 2016. Pourtant, la liste électorale de cette année compte plus de 11 000 électeurs de plus que celle de 2016.
Le taux de participation avait aussi baissé en 2021, pour s’établir à 65,1 %. Selon un rapport d’Élections Yukon, c’était essentiellement dû à des causes semblables (meilleure liste électorale, fatigue électorale) en plus de la pandémie de COVID-19.
La population n’est pas en déclin et les enjeux sont importants, continue M. Harvey. Les attitudes face au vote changent-elles? Les gens votent-ils moins par devoir civique et plus selon des raisons à court terme? soulève-t-il.
Le directeur principal à Élections Canada, George Langlois, lui, ne semble pas s’inquiéter.
En termes de participation, les Yukonnais peuvent être fiers, dit celui qui a passé six semaines au territoire pour observer le processus électoral. Le taux est plus bas que d’habitude, mais c’est plus haut que d’autres juridictions en ce moment.
M. Langlois est convaincu que plusieurs personnes se pencheront sur les raisons de la baisse du taux de participation.
Quant à savoir si c’est le pire taux de toute l’histoire du Yukon, certaines archives n’indiqueraient que le nombre de votes sans taux de participation, selon une personne qui travaille à l’Assemblée législative.
À lire aussi :
