Grand Nord : les Gwich’in veulent protéger les caribous des plans de Donald Trump

À Ottawa, l’Assemblée des Premières Nations (APN) a voté une résolution appelant le premier ministre Mark Carney à protéger la harde de caribous Porcupine. Ses membres craignent la volonté de Donald Trump de permettre l’exploitation pétrolière et gazière dans la réserve faunique nationale de l’Arctique.
C’est notamment dans ce refuge que les caribous mettent bas avant de migrer dans le Grand Nord canadien.
Mercredi, la cheffe de la Première Nation Vuntut Gwitchin au Yukon, Pauline Frost, a enjoint à l’APN de soutenir la résolution qu’elle a déposée en ce sens, relayant des inquiétudes formulées dès l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
L’administration Trump pousse pour des développements miniers et gaziers dans une des terres les plus sacrées d’Amérique du Nord, s’alarme-t-elle.
« Ils disent que c’est très loin dans le Nord; ça n’a aucune valeur pour personne, mais nous l’utilisons et nous y accordons de la valeur », affirme Pauline Frost, cheffe de la Première Nation Vuntut Gwitchin au Yukon.
En adoptant cette résolution, les délégations des Premières Nations demandent au gouvernement fédéral de répondre à ces projets étasuniens.
En octobre dernier, l’administration Trump a finalisé son projet d’ouverture de la réserve faunique nationale de l’Arctique, en Alaska, au forage pétrolier et gazier.
Le secrétaire américain à l’Intérieur, Doug Burgum, avait alors ouvert la voie à de futures ventes de baux dans la plaine côtière de 631 309 hectares de la réserve faunique.
Ça se passe à travers tout le pays. Sans consultation, sans engagement, sans considération pour les peuples autochtones, déplore Pauline Frost.
L’inquiétude est partagée par Elizabeth Wright, la cheffe du conseil de bande Tetl’it Gwich’in. Elle demande à Mark Carney de s’engager clairement à défendre cette réserve comme un sanctuaire important pour la migration, la nourriture et la mise bas des caribous. La cheffe rappelle que l’ancien premier ministre Justin Trudeau s’était engagé en ce sens.
La menace que font planer les États-Unis au-dessus de la harde de caribous Porcupine est sérieuse et urgente, estime-t-elle.
Soutien d’autres Nations
D’autres délégations autochtones ont appuyé la prise de position des Gwich’in à l’APN.
Kelsey Jacko, le chef de la Première Nation de Cold Lake en Alberta, s’inquiète notamment des conséquences conjointes de futures exploitations gazières et pétrolières.
Je l’ai vu au premier plan dans ma communauté, avec le pétrole et le gaz. La seule façon que je peux manger du caribou maintenant est si un automobiliste est entré en collision avec l’animal.
Le représentant de la Première Nation dénée de Łutselk’e, aux Territoires du Nord-Ouest, Juni Gahdele, a aussi soutenu la résolution.
Il explique que sa communauté est dans la même situation avec le projet de corridor économique et de sécurité de l’Arctique, qui doit relier Yellowknife au futur port de Grays Bay, au Nunavut. La route devrait notamment traverser l’habitat naturel des caribous.
Ça aura un grand impact sur notre vie, car nous dépendons du caribou.
Avec les informations de Avery Zingel
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