Protection du caribou : Ottawa n’impose plus de date limite au Québec

La nouvelle stratégie est attendue depuis 2019, mais elle a été repoussée à plusieurs reprises depuis l’arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec. (Photo d’archives/Getty images/iStockphoto)

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, Steven Guilbeault, laisse planer depuis près de deux ans une intervention au Québec si la province n’en fait pas davantage pour protéger l’habitat du caribou forestier, à savoir les vieilles forêts de résineux qui intéressent aussi l’industrie.

Après avoir averti plusieurs fois que son ministère préparait un décret en vertu de la Loi sur les espèces en péril au Canada, à laquelle le caribou boréal est assujetti, le ministre a accepté de lâcher du lest, en juin, considérant l’ampleur des brasiers dans l’habitat du cervidé.

Au début de l’été, le cabinet de M. Guilbeault affirmait que le sursis ne serait pas d’une durée illimitée. Or, à ce jour, le gouvernement fédéral n’a plus de date butoir et refuse de se prononcer sur l’état des négociations avec Québec. « Les conversations constructives continuent entre les deux gouvernements », affirme laconiquement le cabinet de Steven Guilbeault.

Du côté d’Environnement et Changement climatique Canada, on confirme que le décret n’est pas dans les cartons à l’heure actuelle. « Pour l’instant, le gouvernement du Canada n’invoquera pas le décret de protection de l’habitat […] Le gouvernement du Canada établit un calendrier pour les plans de protection du caribou boréal du Québec et suivra de près le progrès réalisé par le gouvernement du Québec. »

Ce calendrier n’a pas été précisé.

L’habitat du caribou forestier est davantage perturbé au sud du pays qu’aux Territoires du Nord-Ouest. (Photo : Jean-Simon Bégin)

Avant la fin de l’année, promet Québec

Le gouvernement de François Legault avait préalablement jusqu’à la fin du mois de juin dernier pour fournir sa stratégie de protection au gouvernement fédéral, sans quoi le ministre Guilbeault recommanderait une intervention à ses collègues.

Entre autres, Ottawa réclame un taux de perturbation maximal de 35 % dans l’habitat de chacune des hardes de la province. Le fédéral demande également l’implication des communautés autochtones dans l’élaboration de la stratégie.

Selon les conclusions d’Environnement Canada, un décret de protection de l’habitat essentiel pourrait s’appliquer sur près de 35 000 kilomètres carrés au Québec. Le fédéral contrôlerait ainsi les usages du territoire sur ces superficies. Un tel décret de protection de l’habitat essentiel n’a jamais été utilisé depuis la création de la Loi sur les espèces en péril au Canada.

À Québec, le gouvernement caquiste réitère son intention de déposer une stratégie de protection avant la fin de l’année. « Les feux de forêt historiques nous ont forcés à réanalyser certains aspects de la stratégie, mais l’intention demeure inchangée », indique un porte-parole au cabinet du ministre de l’Environnement Benoit Charette.

Jusqu’ici, les feux de forêt ont brûlé près de 1,5 million d’hectares sur le territoire québécois, selon le bilan de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU).

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault. (Photo d’archives/La Presse canadienne/Arlyn McAdorey)

Au début du mois d’août, la ministre québécoise des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, répétait l’importance pour le gouvernement de trouver un équilibre entre exploitation forestière et protection du caribou. « On doit voir l’impact des feux sur la forêt et voir également comment on peut aider l’industrie dans cette transition-là tout en protégeant le caribou. »

Le gouvernement fédéral exige du Québec qu’il garantisse 65 % d’habitat non perturbé dans l’aire de répartition dans chacune des 13 hardes sur son territoire.

Possibilité forestière

La volonté du Québec dépendra des travaux du Forestier en chef. Ce dernier « a amorcé les analyses en vue de déterminer l’impact des feux de forêt sur les possibilités forestières de la période 2023-2028 », dit la porte-parole Lise Guérin. « Ces impacts seront rendus publics au cours de l’automne. »

C’est donc dire que le Québec n’aura pas accès aux nouvelles données avant encore des semaines, voire des mois, et que sa stratégie de protection de l’habitat du caribou ne sera pas ajustée avant la mise à jour des données. Le gouvernement devra ensuite soumettre son projet à la consultation publique et aux Premières Nations.

Malgré ces délais, le gouvernement Legault maintient qu’il sera en mesure de présenter une stratégie complète cet automne.

Le caribou boréal est annexé à la liste des espèces en péril au Canada depuis 2003 et à la liste des espèces menacées et vulnérables du Québec depuis 2005. Les plus récentes données font état d’une population d’un peu plus de 5000 individus dans la province.

La tendance générale des populations de caribous forestiers et montagnards est au déclin. La perturbation et la destruction de l’habitat figurent parmi les principales causes, selon les biologistes.

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