Aucun Canadien ne va à l’épicerie avec le Guide alimentaire canadien sous le bras, mais cela ne signifie pas ce Guide ne joue pas un rôle extrêmement important dans la santé de notre nation. Or ses recommandations seraient aujourd’hui dépassées par les nouvelles découvertes scientifiques notamment sur les dangers du sucre et du sel.
Un rapport d’un comité sénatorial rendu public il y a quelques jours, recommande que le Guide alimentaire canadien soit révisé de toute urgence pour refléter ces avancées scientifiques actuelles concernant la consommation de sucre.
Le président du comité, le sénateur Kelvin Ogilvie, affirme que l’obésité est un facteur crucial des problèmes de santé grave.
Or selon lui, en faisant la promotion des jus de fruits, très élevés en sucre, le guide alimentaire canadien met en danger la santé des Canadiens. Les sénateurs proposent notamment la restriction de la consommation de produits hautement transformés et la mise en place d’une taxe sur les boissons sucrées.
D’autres experts recommandent que le guide reconnaisse un peu plus aussi les biens faits du gras dans une saine alimentation ou les dangers du sel.
Un guide qui n’a pas été vu et corrigé depuis presque dix ans!
En retard sur la science, le guide alimentaire des Canadiens est sérieusement dépassé selon le Dr Yoni Freedhoff.
Ce spécialiste canadien de l’embonpoint affirmait récemment dans un article du quotidien anglophone Globe and Mail que les Canadiens méritent un guide alimentaire fondé sur des preuves scientifiques et dont la rédaction n’est plus contrôlé par des représentants de l’industrie du lait ou de la viande.
Selon le Dr Freedhoff, la science de la nutrition a fait des pas de géants depuis 2007, année de la dernière révision du guide.
Le Dr Yoni Freedhoff est professeur adjoint de médecine familiale à l’Université d’Ottawa et le fondateur et directeur médical du Bariatric Medical Institute – dédiée à la gestion non chirurgicale du poids, et ce depuis 2004.
ÉcoutezUn guide qui contribue selon les sénateurs à l’épidémie d’embonpoint et de diabète
En 2013, 19 % des Canadiens de 18 ans et plus, soit environ 4,9 millions d’adultes, ont déclaré avoir une taille et un poids qui les classaient dans la catégorie des personnes obèses. Le taux d’adultes ayant déclaré une taille et un poids qui les classaient dans la catégorie des personnes qui font de l’embonpoint était de 41,9 % chez les hommes et de 27,7 % chez les femmes.
L’obésité liée a de mauvaises habitudes alimentaires est associée à de nombreuses maladies chroniques, dont l’hypertension, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, l’arthrose et certains types de cancer. Mais c’est véritablement le diabète dû en partie à de mauvaises habitudes alimentaires qui semble constituer maintenant au Canada le plus gros défi du XXIe siècle en matière de santé publique.
Des chiffres alarmants…
– Le nombre de Canadiens qui vivent avec le diabète a plus que doublé depuis 2000. Pus de 100 % en seulement 15 ans
– Le nombre de personnes atteintes devrait encore augmenter de près de 40 % d’ici 2025.
– Sur la planète globalement, 415 millions de personnes sont atteintes de diabète.
– Chaque année, 5 millions en meurent, c’est-à-dire une personne, toutes les six secondes.
Découvrez :
L’épidémie diabétique touche 1 Canadien sur 4 et demain 1 sur 3 – RCI
Le guide alimentaire canadien doit-il s’inspirer de l’alimentation des Brésiliens?
Selon Jean-Claude Moubarac, chercheur en nutrition publique au Département de nutrition de l’Université de Montréal, la recommandation principale du guide alimentaire canadien devrait être de favoriser la cuisine à la maison ou de choisir des mets préparés sur place lorsqu’on est à l’extérieur.
Jean-Claude Moubarac qui a participé à l’élaboration du guide alimentaire brésilien alors qu’il effectuait un postdoctorat dans ce pays affirme que les Canadiens qui mangent le mieux sont ceux qui cuisinent le plus.
« Cuisiner a toujours été au coeur de l’humanité et lorsqu’on arrête de cuisiner et qu’on laisse l’industrie cuisiner à notre place, on mange des choses complètement différentes et on voit que les gens tombent malades. »
RCI avec des informations de La Presse canadienne et de Radio-Canada et la contribution de Jacques Beaupré et Line Boily de Radio-Canada
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