Jaklyn De Vos, une conceptrice de logiciels de Vancouver, affirme avoir maintenant peur d’entrer aux États-Unis après avoir été détenue pendant des heures sans qu’on ne lui en explique le motif. Elle a fini par se voir refuser l’entrée, une situation que des avocats spécialisés en immigration affirment être de plus en plus courante.
Elle avait prévu rendre visite à son parrain à Seattle, en avril, mais son partenaire et elle ont été interrogés au poste frontalier de Sumas, à Abbotsford, en Colombie-Britannique.
Après près de cinq heures d’attente, un agent de la patrouille frontalière américaine lui a dit qu’on lui refusait l’entrée et qu’elle aurait besoin d’un visa. Cela n’est normalement pas exigé des Canadiens aux postes frontaliers terrestres pour entrer de nouveau aux États-Unis.
Sans casier judiciaire ni antécédents de problèmes d’entrée aux États-Unis, Mme De Vos affirme ne pas comprendre pourquoi on ne lui a pas donné d’explication. Le refus ne s’appliquait pas à son partenaire, mais les deux ont décidé de faire demi-tour et de retourner à Vancouver.
« J’ai des amis et de la famille aux États-Unis que j’aimerais voir, alors c’est vraiment frustrant de ne pas pouvoir le faire ou de ne pas avoir d’informations à ce sujet », dit-elle.
De plus en plus de cas
Des avocats en immigration de la Colombie-Britannique et de l’État de Washington constatent une augmentation du nombre de voyageurs canadiens frappés sans explication d’une interdiction de séjour de cinq ans par les gardes-frontières américains.
« Il y a certainement quelque chose qui se passe en ce moment… Nous constatons des refus et des demandes inhabituels que nous n’avions pas vus depuis des années », déclare Mark Bélanger du Border Solutions Law Group.
M. Bélanger affirme que la chose la plus facile à faire pour les gens dans des situations semblables à celle de Mme De Vos est de refuser leur propre entrée. « C’est techniquement un retrait de votre demande d’admission, et ils la ils vous relâcheront au Canada, dit-il, même si vous avez été détenu pour être interrogé. »

(Loren Elliott/Reuters)
Cette hausse des interdictions de séjour constitue une « tendance troublante », selon l’avocat Len Saunders, en raison de leur caractère arbitraire. Me Saunders, qui pratique le droit de l’immigration depuis deux décennies, dit avoir remarqué une augmentation spectaculaire des interdictions de voyager au cours de l’été.
Les interdictions de séjour sont la conséquence de ce que l’on appelle des « renvois accélérés ». Elles sont décidées sur-le-champ par un agent d’immigration et elles ne sont donc pas soumises à l’approbation d’un juge.
Une tendance à la hausse depuis l’été dernier
Les chiffres officiels sur le nombre de Canadiens ayant fait l’objet d’une interdiction ne sont pas encore disponibles, mais le U.S. Customs and Border Protection confirme cette hausse.
L’avocat spécialisé en droit de l’immigration Andrew Hayes, qui travaille pour un cabinet ayant des bureaux en Colombie-Britannique et à Washington, a déclaré que la raison de l’augmentation des interdictions n’est pas totalement claire.
La cause probable, selon lui, est un désir général de l’administration du président Donald Trump de projeter une plus grande fermeté sur les questions d’immigration.
RCI avec les informations de Gian-Paolo Mendoza, Cathy Kearney et Clare Hennig de CBC News et la contribution de Radio-Canada
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