Lynn Beyak est de retour au Sénat, la Chambre haute au Canada, après avoir été suspendue pour ses écrits en ligne condamnés comme étant « racistes ».
La sénatrice conservatrice ontarienne, nommée par le premier ministre Stephen Harper en 2014, perçoit en fait à nouveau un chèque de paye depuis la fin de sa suspension en septembre.
Voici qu’elle est de retour sur la liste des fonctionnaires à titre de membre à part entière de la Chambre haute après sa suspension qui avait été annoncée au mois de mai dernier.
Cela dit, les sénateurs devraient bientôt débattre de la question pour savoir s’il y a lieu de la suspendre pour une plus longue durée.
En recommandant sa suspension temporaire, le Comité de l’éthique avait expliqué au printemps dernier que Mme Beyak pourrait faire l’objet d’un autre vote sur sa suspension – ou même d’une expulsion pure et simple du Sénat – si elle ne satisfait pas à certaines autres exigences. Le comité avait alors signifié que Mme Beyak devrait présenter des excuses officielles par écrit, à tous les sénateurs, pour ses actes. Cette lettre d’excuses doit être affichée publiquement en ligne. Aucune lettre de ce genre n’a cependant encore fait surface.
Les lettres de la sénatrice Beyak provenaient d’un discours qu’elle avait prononcé en 2018 dans lequel elle disait que les pensionnats avaient eu des effets positifs dans la vie des enfants autochtones.
Or, on sait maintenant que des milliers de ces enfants ont subi des sévices sexuels et physiques ou sont morts de maladies et de malnutrition.
Un travail de sensibilisation et de rééducation de la sénatrice?
Dans son rapport publié il y a six mois, le comité d’éthique du Sénat avait notamment recommandait que Lynn Beyak soit suspendue et qu’elle suive, à ses propres frais, des « programmes éducatifs liés au racisme » contre les Autochtones.
Victime de la rectitude politique et non une raciste?
La sénatrice Lynn Beyak se présentait le printemps dernier comme une défenseure de la liberté d’expression et une victime de la rectitude politique lorsque ses collègues sénateurs s’apprêtaient à voter en bloc pour la suspendre sans salaire pour ses propos racistes dans des lettres désobligeantes sur les peuples autochtones et son refus d’en retirer la publication sur son site Internet officiel.
Dans un discours quelques minutes avant le vote d’expulsion, émue, loin de reculer, Mme Beyak avait répété que ses lettres n’étaient pas racistes. « C’est un jour important. Soit les sénateurs sont libres de parler sans crainte de représailles, ou soit on ne l’est pas », a-t-elle soutenu.
Dans son discours de 15 minutes à la Chambre rouge jeudi, Mme Beyak avait assimilé sa suspension temporaire au cauchemar totalitaire décrit par George Orwell dans son roman dystopique 1984.
« Ce type de peine est totalitaire et étranger à la tradition des nations libres comme le Canada, a dit Mme Beyak. Les parlementaires n’ont pas vu leur liberté d’expression être menacée de la sorte depuis les événements qui ont conduit à l’adoption de la Déclaration des droits par le Parlement anglais le 16 décembre 1689. »
Elle avait tenté de convaincre au moins un de ses collègues de reporter les procédures, afin que les sénateurs réexaminent l’affaire. Personne ne s’était levé en sa faveur.
RCI avec les informations de John Paul Tasker de CBC News et la contribution de Radio-Canada
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