La procureure fédérale canadienne Anne-Marie Manoukian a demandé en cour, jeudi, que l’ancien dirigeant de la multinationale canadienne soit condamné à neuf ans de prison pour son rôle dans une fraude massive et complexe en Libye, et pour laquelle la compagnie vient de se voir imposer des amendes totalisant 280 millions de dollars.
Selon la procureure, Sami Bebawi, 73 ans, a terni la réputation du Canada et a contribué par ses gestes à perpétuer le régime dictatorial corrompu de Mouammar Kadhafi en Libye.
Reconnu coupable par un jury dimanche de cinq chefs d’accusation pour fraude, corruption de fonctionnaires étrangers et blanchiment de produits du crime, Sami Bebawi était le dirigeant des opérations de SNC-Lavalin en Libye, à partir de la fin des années 1990.
Il avait mis en place un stratagème complexe de fraude pour obtenir des contrats lucratifs.
Le visage de la corruption de SNC-Lavalin en Libye

Recherché par la GRC depuis 2014 en vertu d’un mandat d’arrestation, Sami Bebawi se trouvait dans son pays d’origine, l’Égypte, avec lequel le Canada n’a pas de traité d’extradition. Il est rentré au Canada volontairement, en 2015, pour faire face à la justice.
Les gestes de fraude de Sami Bebawi portaient sur plusieurs grands projets d’infrastructure et sur des transactions avec Saadi Kadhafi, l’un des fils du défunt dictateur libyen.
SNC-Lavalin a ainsi transféré environ 113 millions de dollars à des sociétés fictives utilisées pour payer des gens, dont Saadi Kadhafi.
Parmi les pots-de-vin versés au jeune Kadhafi figurait un yacht de luxe – le Hokulani – acheté pour 25 millions de dollars.
De six à neuf ans de prison pour cet homme de 73 ans?

L’ex-vice-président de SNC-Lavalin, Sami Bebawi, au palais de justice de Montréal – (PC)
La procureure a recommandé que Sami Bebawi soit condamné à 9 ans pour fraude, à 4,5 ans pour corruption de fonctionnaires étrangers et à 45 mois pour blanchiment de produits de la criminalité, les peines étant purgées en même temps.
Le seul facteur atténuant qui pourrait réduire sa peine, a-t-elle dit, est l’âge de Bebawi.
La défense a répliqué qu’une peine d’emprisonnement de six ans serait appropriée : 6 ans pour fraude, 3,5 ans pour corruption et à 3 ans pour blanchiment des produits de la criminalité, purgés simultanément.
La défense a aussi fait valoir que M. Bebawi souffrait d’un cancer très douloureux.
S’exprimant par écrit lors des recommandations sur sa peine, jeudi, Sami Bebawi déplorait que des « intouchables » aient pu quitter SNC-Lavalin sans conséquence, alors que lui risque maintenant entre six et neuf années de prison.
RCI avec les informations de La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
En complément
SNC-Lavalin fait faillite au Chili : la justice fait enquête pour fraude – RCI
Malgré les scandales à répétition, SNC-Lavalin obtient un contrat de 20 M$ aux États-Unis – RCI
Endettée et engluée dans une affaire de corruption, SNC-Lavalin vend une part de ses actions – RCI
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.