Au Canada, où les exploitations agricoles comptent sur 60 000 travailleurs étrangers temporaires, leur arrivée est retardée par les restrictions frontalières initiales et les vols cloués au sol. Une fois qu’ils arrivent, le gouvernement fédéral exige qu’ils soient isolés pendant 14 jours avec salaire, sans pouvoir travailler. De plus, là où ils sont déjà au travail, le risque de contagion est grand. En effet, cette semaine, Radio-Canada a appris qu’en Colombie-Britannique, un groupe de travailleurs étrangers dans la pépinière Bylands Nursery est touché par le coronavirus.
Dans une lettre envoyée cette semaine à Marie-Claude Bibeau, ministre canadienne de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, et à Patty Hajdu, ministre de la Santé du Canada, entre autres ministres et autorités responsables de l’emploi et de la santé dans le pays, le groupe Dignidad Migrante basé à Vancouver a appelé à une attention « immédiate » sur les conditions de santé et de sécurité de ces travailleurs « essentiels ».
La lettre insiste particulièrement sur le fait que depuis la création au Canada du programme des travailleurs agricoles temporaires, il y a plus de 50 ans, les travailleurs agricoles temporaires ont toujours été tenus de payer des prestations d’assurance-emploi. Toutefois, ils ne peuvent pas accéder à ces prestations de la même manière que les Canadiens.
Par conséquent, nous demandons au gouvernement fédéral d’offrir aux travailleurs étrangers temporaires, y compris ceux dont l’emploi prévu a été retardé ou supprimé en raison de l’application de la COVID-19, un accès immédiat aux prestations complètes d’assurance-emploi auxquelles les Canadiens et les résidents permanents ont droit.Extrait de la lettre de Dignidad Migrante aux ministres canadiens
Rappelons que chaque année, des travailleurs agricoles saisonniers, principalement du Mexique, d’Amérique centrale et des Caraïbes, viennent dans toutes les régions du Canada pour effectuer les tâches de plantation, de culture et de récolte des milliers de fermes du pays. La plupart d’entre eux passent huit mois de l’année au Canada.
Pour être admissibles au programme, les employeurs doivent répondre à trois critères : les travailleurs embauchés doivent être citoyens du Mexique ou de l’un des pays des Caraïbes participants, la production doit se faire dans des secteurs spécifiques de l’économie et l’activité doit être liée à l’agriculture primaire d’une ferme.
Le cas de contagion en Colombie-Britannique
Santiago Escobar, représentant national du syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC Canada), craignait justement ce qui est en train de se produire.
Lors d’un récent entretien avec Leonora Chapman de l’équipe latino-américaine de Radio Canada International, Escobar avait exprimé son inquiétude quant aux conditions de travail des travailleurs étrangers temporaires en pleine pandémie de coronavirus au Canada.
Pour sa part, la directrice médicale de la santé de la province, Bonnie Henry, a dit que tout le monde avait été « mis en quarantaine sur le site » de la pépinière Bylands Nursery.
Ces travailleurs agricoles étrangers sont arrivés au Canada le 12 mars dernier, selon les autorités sanitaires.
Dignidad Migrante a déclaré que dans le contexte, elle reconnaît que nous vivons une situation difficile et en rapide évolution et que personne n’a été épargné par cette pandémie.
RCI avec des informations de Dignidad Migrante, le Gouvernement du Canada, RCI-Español.
Pour en savoir plus :
- Nos épiceries incapables de nous alimenter sans 50 000 travailleurs étrangers
- Une escouade de prévention pour les travailleurs étrangers temporaires à la CNESST
- Les inégalités entre hommes et femmes persistent aussi dans le domaine agricole
- Travailleurs étrangers très recherchés au Canada, mais souvent exploités
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