Tandis que les stratégies de déconfinement des gouvernements provinciaux au Canada se dévoilent une à une, des voix commencent à se faire entendre sur le sujet. Certaines appuient une réouverture des écoles et des commerces, d’autres demandent de jouer de prudence.
Jeudi, c’est l’Association des pédiatres du Québec qui a annoncé sa position sur le déconfinement des enfants.
L’Association a rappelé que l’urgence sanitaire a forcé le monde entier à se confiner pour mieux freiner la vague de COVID 19, et s’assurer que notre système de santé tienne le coup. Ce faisant, disent les pédiatres, des milliers d’enfants se sont retrouvés à la maison, loin de l’infection, certes, mais également « privés de tout ce qui constitue l’essence même de l’enfance ».
Au Québec, dit l’Association, plus de 240 000 enfants bénéficient chaque jour des petits déjeuners offerts dans les écoles. Les enfants en CPE ont quotidiennement un repas et des collations équilibrés.
Par ailleurs, disent les pédiatres, de nombreuses familles dont la situation financière déjà précaire a été fragilisée par la crise actuelle peinent à nourrir convenablement leurs enfants. Ces familles ont perdu un soutien essentiel pour répondre aux besoins primaires de leurs enfants.
Les signalements à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) ont chuté de façon importante au cours des dernières semaines,
et cela n’a rien de rassurant, selon l’Association des pédiatres du Québec. Privés de contacts avec l’extérieur, de nombreux enfants « vivent sur une bombe à retardement ».

Selon des données des Nations Unies 82% des enfants dans le monde n’assistent pas à l’école en raison de la pandémie. (Photo : iStock/FatCamera)
Divers avis sur l’immunité naturelle collective
Par définition, ce type d’immunisation a lieu lorsqu’un nombre suffisant de personnes devient immunisé contre une maladie.
Cependant, la plupart des experts estiment que l’immunité collective ne peut être obtenue en toute sécurité sans vaccin, car les personnes âgées et les autres personnes vulnérables dont le système immunitaire est affaibli seraient en danger et les hôpitaux seraient débordés.
En ce qui concerne la COVID-19, la Dre Allison McGreer, spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital Mount Sinai de Toronto, a dit à CBC News que l’immunité collective sans vaccin est « théoriquement possible » si chaque personne, ou presque, qui est infectée développe des anticorps qui la protégeront à vie.
Pour sa part, Erin Strumpf, experte en économie de la santé à l’Université McGill, croit que l’immunité collective signifie que le virus ne pourrait pas se propager de lui-même.
Des inquiétudes aussi dans le milieu scolaire québécois
Alors que Québec prévoit annoncer la semaine du 27 avril un plan de réouverture graduelle des classes, d’autres voix inquiètes expriment leurs préoccupations en ce qui concerne le déconfinement.
Mercredi, les éducatrices des services de garde de la province ont dit ne pas pouvoir envisager de se sentir protégées avec des groupes d’enfants plus grands si les CPE rouvrent trop rapidement. Tandis que les syndicats réclament des clarifications, les responsables d’établissement se montrent rassurantes.
L’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) a rappelé que récemment les services de garde d’urgence avaient instauré des mesures de prévention exceptionnelles.
Elle a ajouté que les groupes d’enfants ne se croisent pas ni les équipes d’éducatrices.

Le syndicat des Teamsters demande donc dans ce contexte que les chauffeurs soient mieux protégés, notamment par un panneau de plexiglas autour d’eux. (Photo : iStock/lisegagne)
Par ailleurs, vendredi, des syndicats de chauffeurs d’autobus d’écoliers s’inquiètent pour leurs membres, souvent âgés, donc plus vulnérables au coronavirus.
Le syndicat des Teamsters, affilié à la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), qui en représente 1500, rapporte que le tiers d’entre eux ont 60 ans et plus.
La Fédération des employés des services publics de la CSN dit qu’en 2015, le comité spécialisé sur la main-d’oeuvre dans l’industrie des transports affirmait que 14 % d’entre eux avaient 65 ans et plus.
Certains pourraient donc être tentés de prendre leur retraite et de ne pas revenir au travail, craint-on.
Or, l’industrie du transport scolaire accusait déjà une pénurie de chauffeurs avant la pandémie. Il faut dire que les salaires ne sont pas très élevés et que les horaires brisés, travail tôt le matin et fin d’après-midi, sont peu attirants.
Le syndicat des Teamsters demande donc dans ce contexte que les chauffeurs soient mieux protégés, notamment par un panneau de plexiglas autour d’eux.
Les conservateurs réclament un plan national de déconfinement
Alors que certaines provinces, villes ou régions du pays commencent à parler de déconfinement, le chef par intérim du Parti conservateur réclame au gouvernement fédéral un plan unique pour tout le pays.
Andrew Scheer dit qu’il ne faudrait pas que les règles sanitaires qui demeureront après cette première vague de la COVID-19 soient différentes selon l’endroit où on vit.

Le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer, s’exprime lors de la période de questions à la Chambre des communes sur la Colline du Parlement, alors que les efforts se poursuivent pour aider à ralentir la propagation de la maladie à coronavirus (COVID-19), à Ottawa, Ontario, Canada, le 20 avril 2020. (Photo : REUTERS/Blair Gable)
M. Scheer a fait ces déclarations lors d’un point de presse rapporté par La Presse canadienne, jeudi matin. Il a aussi dit s’inquiéter d’un possible « patchwork » (travail de rapiéçage) dans le pays.
Rappelons qu’au Canada, la santé est de compétence provinciale et que l’épidémie fait des ravages bien différents selon la région du pays.
À ce sujet justement, vendredi, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a rappelé que chaque région du pays est différente et présente divers scénarios en ce qui concerne la propagation et la gravité de la COVID-19.
M. Trudeau a dit que l’ouverture de l’économie et des institutions sociales, comme les écoles, se fera d’une manière responsable et sécuritaire en correspondance avec la réalité de chaque région. Le premier ministre a aussi demandé aux Canadiens de continuer de respecter les consignes des autorités sanitaires de la région où ils vivent.
Le déconfinement des enfants

Millennial generation mother working from home with small children while in quarantine isolation during the Covid-19 health crisis. Little boy is two, little girl is four. Horizontal indoors waist up shot with copy space.
Lorsque le premier ministre québécois François Legault a suggéré que les écoles pourraient rouvrir avant la date prévue du 4 mai, la réaction du public a été rapide et furieuse.
Plus de 150 000 personnes ont signé une pétition, dont beaucoup de parents craignant que cela n’expose leurs enfants à des risques excessifs et n’encourage la propagation du virus.
Depuis, M. Legault a déclaré que les écoles ne rouvriraient pas « à court terme ».
Pour sa part, le Dr Horacio Arruda, directeur de la santé publique du Québec, a déclaré que la réouverture des écoles signifierait que les enfants, qui ne sont pas à haut risque de développer des complications de la COVID-19, participeraient à l’immunisation naturelle de la population.
En d’autres termes, le Dr Arruda veut que la province obtienne une immunité collective.
Pour en savoir plus :
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RCI avec des informations de l'Association des pédiatres du Québec, La Presse canadienne, Radio-Canada et CBC News.
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