La pandémie de COVID-19 a mis sous pression les agriculteurs de tout le Canada dans la gestion de leur main-d'œuvre. Les travailleurs agricoles saisonniers venant de pays étrangers ont été autorisés à entrer au Canada dès le 25 mars, et ils doivent s'isoler pendant 14 jours. (Photo : © THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz)

COVID-19 : le Nouveau-Brunswick interdit l’entrée des travailleurs étrangers

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a mis à jour son ordonnance obligatoire émise dans le cadre de l’état d’urgence en vue d’interdire aux travailleurs étrangers temporaires d’entrer sur son territoire.

Le premier ministre Blaine Higgs a indiqué qu’en raison des nombreuses éclosions sévères de COVID-19 dans les provinces voisines, les frontières de la province doivent demeurer fermées pour l’instant.

« En temps normal, les travailleurs étrangers temporaires sont les bienvenus, car ils jouent un rôle important dans la croissance économique continue du Nouveau-Brunswick. Mais pour le moment, il est simplement trop risqué de permettre à un plus grand nombre de personnes d’entrer dans la province. »Blaine Higgs, premier ministre du Nouveau-Brunswick

Cette restriction ne touche pas le statut des employés étrangers temporaires qui sont sur place.

Les fermiers s’opposent à cette mesure

L’Union nationale des fermiers au Nouveau-Brunswick, l’Alliance agricole du Nouveau-Brunswick et la Récolte de chez-nous se sont dit « fortement en désaccord » avec la décision du gouvernement. 

Dans un communiqué de presse, les deux organisations ont rappelé que ces travailleurs étrangers sont une partie intégrante de la production des aliments au Nouveau-Brunswick.

« Cela signifie qu’il faut réduire les moyens de production. Ils veulent que nous augmentions la production de légumes, mais que nous engagions des gens qui peuvent partir au pied levé ou avant la fin de la saison. »Tim Livingstone, copropriétaire de Strawberry Hill Farm

Tim et Kirsten Livingstone disent avoir investi dans la formation de leurs travailleurs étrangers temporaires pendant plus de quatre ans, et ils dépendent de leur expertise pour superviser leurs employés locaux.

Ces travailleurs étrangers font partie de nos équipes. Et dans plusieurs cas, ils font partie de la famille des petits producteurs au Nouveau-Brunswick. Ce sont de vraies personnes qui ne peuvent tout simplement pas être remplacées par un autre travailleur d’un autre secteur[…]  La province a signé des contrats avec des gens afin d’assurer la production et l’approvisionnement des aliments, [aujourd’hui] tout cela en jeu alors que l’on considère de déroger à ces ententes. S’ils ne sont pas autorisés à entrer dans la province, nous, collectivement, nous avons une dette envers eux tout de même, ainsi qu’aux familles qu’ils soutiennent. Tim Livingstone, copropriétaire de Strawberry Hill Farm

Rappelons que depuis le début de la crise, les gouvernements de tout le pays ont établi des mesures spéciales pour que ces travailleurs puissent venir au Canada pour répondre aux besoins de main-d’oeuvre du secteur agricole.

De nombreux producteurs agricoles canadiens font valoir que sans les travailleurs migrants venant du Mexique, de la Jamaïque et de nombreux autres pays du monde, les Canadiens n’auraient pas assez de nourriture à manger. (Photo : iStock/Photo Beto)

En effet, comme tous les voyageurs, les travailleurs seront examinés avant de monter à bord d’un vol international à destination du Canada. Ceux présentant des symptômes de la COVID-19 ne seront pas autorisés à voyager.

    • Les voyageurs doivent porter un masque non médical ou couvrir leur visage avant de monter à bord de l’avion dans leur pays d’origine, lorsqu’ils sont à bord de l’avion, lors du débarquement et lorsqu’ils sont en déplacement vers leur destination de quarantaine.
    • À leur arrivée au Canada, les travailleurs seront soumis à un test de dépistage des symptômes de la COVID-19. De plus, ils devront s’assurer de pouvoir fournir les renseignements suivants : 1) leur destination, 2) les coordonnées de leur employeur et 3) leur plan de mise en quarantaine.
    • S’ils ont des symptômes au moment de leur arrivée et qu’ils ne disposent pas d’un moyen de transport privé vers un endroit adéquat où se mettre en isolement, les travailleurs pourraient devoir s’isoler durant 14 jours dans un lieu désigné par l’administrateur en chef de la santé publique du Canada. L’admissibilité des travailleurs rétablis à entrer au Canada sera ensuite évaluée. Et, s’il y a lieu, ces derniers seront autorisés à se rendre à leur destination finale.

Les fermiers du Nouveau-Brunswick affirment que plusieurs d’entre eux ont consacré bien des heures en conversation avec les gouvernements étrangers et leurs ambassades afin de rédiger des lignes directrices et des politiques, en plus d’assurer la liaison avec les fermes de sorte que les travailleurs étrangers arrivent dans un milieu de travail sécuritaire, à la fois pour eux et pour les communautés environnantes.

Dans d’autres provinces, le coût de la période de quarantaine est couvert par le gouvernement, de sorte qu’aucun coût additionnel ne soit encouru par les fermes.

De notre côté, notre province rend la chose difficile, voire impossible, pour que les fermes s’assurent de produire, surtout alors que la saison s’amorce au milieu de l’incertitude et de l’instabilité. Nous devons aux travailleurs et aux propriétaires des fermes de nous assurer que les travailleurs qui arrivent dans la province peuvent se mettre en quarantaine en toute sécurité et dignité, d’être payés et avoir accès aux soins de santé. De plus, les travailleurs migrants qui ont été laissés sans emploi ou incapables de voyager pour travailler doivent avoir le même accès à la Prestation canadienne d’urgence (PCU), comme tous les autres travailleurs affectés par la COVID-19. Communiqué conjoint de l'Union nationale des fermiers au NB, de l’Alliance agricole du NB et de la Récolte de chez-nous

L’Union nationale des fermiers au NB, ainsi que l’Alliance agricole du NB sont les deux organisations agricoles qui représentent les intérêts de tous les secteurs agricoles de la province. La Récolte de chez-nous est une coopérative d’environ 30 fermes de la région du sud-est du Nouveau-Brunswick et qui met fortement l’accent sur la sécurité alimentaire et la prospérité des fermes familiales à l’échelle de la province.

Les trois organisations demandent que la décision soit infirmée et que l’on prenne des mesures pour que les fermiers puissent « respecter les promesses aux travailleurs ».

Un homme travaille sur des buissons de baies à Lockhartville, situé dans la vallée de l’Annapolis en Nouvelle-Écosse, le samedi 10 avril 2020. La pandémie de COVID-19 a mis sous pression les agriculteurs de tout le Canada dans la gestion de leur main-d’œuvre. Les travailleurs agricoles saisonniers venant de pays étrangers sont autorisés à venir au Canada depuis le 25 mars, mais ils doivent s’isoler pendant 14 jours à leur arrivée. (Photo : THE CANADIAN PRESS/Andrew Vaughan)

Des chercheurs universitaires remettent en question la sécurité des travailleurs étrangers

Tanya Basok et Glynis George, de l’Université de Windsor en Ontario, ont publié une lettre ouverte mercredi affirmant que les travailleurs migrants vivent un isolement social et des problèmes de santé mentale supplémentaires pendant la pandémie.

Bien qu’ils soient essentiels pour cette industrie en plein essor, les travailleurs migrants ne sont pas protégés contre la propagation de COVID-19 et ses retombées sociales et émotionnelles. Leurs conditions de logement constituent la plus grande menace pour ces travailleurs. Tanya Basok et Glynis George de l'Université de Windsor

Les professeurs arguent que les migrants auront du mal à maintenir la distance sociale nécessaire pour contenir la propagation de la COVID-19 puisqu’ils sont forcés de partager leur logement avec de nombreux autres travailleurs.

Pourtant, de nombreux producteurs agricoles canadiens font valoir que sans les travailleurs migrants importés du Mexique, de la Jamaïque et de nombreux autres pays du monde, les Canadiens n’auraient pas assez de nourriture à manger.

Pour en savoir plus : 

RCI avec des informations du gouvernement du Nouveau-Brunswick, de l'Union nationale des fermiers au NB, de l’Alliance agricole du NB, de la Récolte de chez-nous, du ministère de l'Immigration, The Conversation et du gouvernement du Canada. 

Catégories : Économie, Immigration et Réfugiés
Mots-clés : , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.