Le collectif d'initiatives citoyennes qui travaille principalement, quoique non exclusivement, dans les quartiers les plus fortement touchés par la pandémie au Canada, Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies, demande aux premiers ministres de déployer un programme spécial d'immigration visant à régulariser leur statut en sol canadien.(Photo: iStock/Marilyn Nieves)

Les demandeurs d’asile sur la ligne de front contre la COVID-19

Cette semaine, la Concertation haïtienne pour les migrant.es (CHPM) s’est adressée aux premiers ministres du Canada et du Québec dans le contexte de la COVID-19 en leur demandant de se pencher sur le sort des travailleurs essentiels qui revendiquent le statut de réfugié.

Ces personnes nous apportent dans des conditions exceptionnelles leurs compétences, leur dévouement et leur dignité afin de nous aider à combattre cette pandémie tout en risquant leur propre santé et celle de leur famille. Beaucoup d’entre eux ont frôlé la mort et ont perdu des collègues. Nous peinons à imaginer que nos anges gardiens puissent être expulsés du pays sitôt la bataille gagnée. Un tel geste irait à l’encontre de nos valeurs québécoises et canadiennes.Extrait de la lettre ouverte envoyée aux premiers ministres

Le collectif d’initiatives citoyennes qui travaille principalement, quoique non exclusivement, dans les quartiers les plus fortement touchés par la pandémie au Canada, Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies, demande aux premiers ministres de déployer un programme spécial d’immigration visant à régulariser leur statut en sol canadien.

Ce programme serait selon les signataires de la lettre « l’ultime geste de reconnaissance » envers ces personnes. Dans le passé, le Canada et le Québec ont mis en place des mesures spéciales semblables qui se sont révélées bénéfiques pour le pays, affirme la missive.

Sans égard à notre statut, nous nous battons pour nous protéger et surtout protéger les plus vulnérables, à savoir les personnes âgées ainsi que celles vivant avec une maladie chronique. Monsieur le Premier Ministre, nous comptons sur votre leadership pour poser un geste humanitaire envers ces citoyennes et citoyens qui mènent le combat quotidiennement à nos côtés.Extrait de la lettre ouverte envoyée aux premiers ministres

(Photo : iStock/Juanmonino)

La lettre a été signée par les trois porte-parole, directrices des organismes fondateurs de la Concertation haïtienne pour les migrants, soit Marjorie Villefranche de la Maison d’Haïti, Ninette Piou du Centre Na Rive et Ruth Pierre-Paul du Bureau de la communauté haïtienne de Montréal. 

La CHPM est une initiative citoyenne mise sur pied suite à l’arrivée d’un grand nombre de migrants, majoritairement en provenance des États-Unis, à l’été 2017. Composée de plus d’une dizaine d’organismes communautaires œuvrant dans le domaine de l’immigration, l’accueil des nouveaux arrivants, l’éducation, la santé et les services sociaux, et autres, elle effectue des démarches auprès des instances gouvernementales, institutionnelles et civiles visant à favoriser la gestion et l’intégration des demandeurs d’asile récemment arrivés en sol québécois et canadien.

La COVID et les inégalités 

Devant le constat que les quartiers parmi les plus pauvres de Montréal constituent de nouveaux points chauds de la crise sanitaire, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse demande aux différents paliers de gouvernement de prendre sans délai des mesures pour lutter contre les inégalités sociales et raciales qui fragilisent les populations vivant dans des zones défavorisées du Grand Montréal, notamment Montréal-Nord, Saint-Michel et Rivière-des-Prairies. La Commission suggère d’appuyer les organismes locaux qui interviennent sur le terrain afin d’éviter que ne survienne une fracture qui pourrait compromettre la cohésion sociale.

La COVID 19 met en lumière la hiérarchisation et la différenciation selon le sexe et la « race » dans le travail de première ligne. À ce titre, Montréal-Nord, Saint-Michel et Rivière-des-Prairies comprennent une forte présence de personnes issues de l’immigration récente ou appartenant à des minorités racisées, notamment des femmes, qui occupent des emplois de première ligne dans le milieu de la santé, y compris dans les CHSLD et des emplois qui ont un contact direct avec le public (commis d’épicerie ou de pharmacie). Ces facteurs participent à l’aggravation des problèmes engendrés par la pandémie et il faut s’assurer qu’ils ne deviennent pas les angles morts des mesures gouvernementales. Cela est d’autant plus important étant donné l’effervescence de ces quartiers en termes d’innovation soutenue par diverses initiatives portées par les organismes locaux. Cela mérite toute notre attention. »Myrlande Pierre, vice-présidente de la Commission responsable du mandat Charte.

(Photo : iStock/FatCamera)

La Commission a souligné que « les inégalités structurelles et les disparités sociales et économiques » auxquelles sont soumis les peuples autochtones, les communautés immigrantes en situation de vulnérabilité, les communautés racisées ainsi que les personnes en situation de handicap sont à la fois aiguës et persistantes et qu’elles sont amplifiées par la crise actuelle, et sur l’ensemble du territoire québécois. En ce sens, la Commission rappelle que la lutte contre le racisme et la discrimination systémiques est indissociable de la lutte contre la pauvreté.

Montréal-Nord, Saint-Michel et Rivière-des-Prairies sont parmi les arrondissements les plus pauvres dans le Grand Montréal, avec une forte densité des populations immigrantes et racisées. On y retrouve une concentration d’immeubles de logements sociaux. Plusieurs familles, en raison de leurs faibles revenus, habitent dans un logement inapproprié, parfois insalubre, et qui ne tient pas compte du nombre d’occupants. Ces facteurs, auxquels s’ajoute le manque d’espaces publics, comme des parcs, ne favorisent pas la distanciation sociale.

Selon la Commission, des mesures structurantes et englobantes venant des différents paliers de gouvernement doivent être mises de l’avant immédiatement pour lutter contre la pauvreté et éviter la fragmentation du tissu social.

Au moment d’écrire ces lignes, RCI n’a pas encore reçu une réponse du Bureau du premier ministre du Canada.

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Catégories : Immigration et Réfugiés, Politique, Société
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