Cette semaine, la Concertation haïtienne pour les migrant.es (CHPM) s’est adressée aux premiers ministres du Canada et du Québec dans le contexte de la COVID-19 en leur demandant de se pencher sur le sort des travailleurs essentiels qui revendiquent le statut de réfugié.
Le collectif d’initiatives citoyennes qui travaille principalement, quoique non exclusivement, dans les quartiers les plus fortement touchés par la pandémie au Canada, Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies, demande aux premiers ministres de déployer un programme spécial d’immigration visant à régulariser leur statut en sol canadien.
Ce programme serait selon les signataires de la lettre « l’ultime geste de reconnaissance » envers ces personnes. Dans le passé, le Canada et le Québec ont mis en place des mesures spéciales semblables qui se sont révélées bénéfiques pour le pays, affirme la missive.
La lettre a été signée par les trois porte-parole, directrices des organismes fondateurs de la Concertation haïtienne pour les migrants, soit Marjorie Villefranche de la Maison d’Haïti, Ninette Piou du Centre Na Rive et Ruth Pierre-Paul du Bureau de la communauté haïtienne de Montréal.
La CHPM est une initiative citoyenne mise sur pied suite à l’arrivée d’un grand nombre de migrants, majoritairement en provenance des États-Unis, à l’été 2017. Composée de plus d’une dizaine d’organismes communautaires œuvrant dans le domaine de l’immigration, l’accueil des nouveaux arrivants, l’éducation, la santé et les services sociaux, et autres, elle effectue des démarches auprès des instances gouvernementales, institutionnelles et civiles visant à favoriser la gestion et l’intégration des demandeurs d’asile récemment arrivés en sol québécois et canadien.
La COVID et les inégalités
Devant le constat que les quartiers parmi les plus pauvres de Montréal constituent de nouveaux points chauds de la crise sanitaire, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse demande aux différents paliers de gouvernement de prendre sans délai des mesures pour lutter contre les inégalités sociales et raciales qui fragilisent les populations vivant dans des zones défavorisées du Grand Montréal, notamment Montréal-Nord, Saint-Michel et Rivière-des-Prairies. La Commission suggère d’appuyer les organismes locaux qui interviennent sur le terrain afin d’éviter que ne survienne une fracture qui pourrait compromettre la cohésion sociale.
La Commission a souligné que « les inégalités structurelles et les disparités sociales et économiques » auxquelles sont soumis les peuples autochtones, les communautés immigrantes en situation de vulnérabilité, les communautés racisées ainsi que les personnes en situation de handicap sont à la fois aiguës et persistantes et qu’elles sont amplifiées par la crise actuelle, et sur l’ensemble du territoire québécois. En ce sens, la Commission rappelle que la lutte contre le racisme et la discrimination systémiques est indissociable de la lutte contre la pauvreté.
Montréal-Nord, Saint-Michel et Rivière-des-Prairies sont parmi les arrondissements les plus pauvres dans le Grand Montréal, avec une forte densité des populations immigrantes et racisées. On y retrouve une concentration d’immeubles de logements sociaux. Plusieurs familles, en raison de leurs faibles revenus, habitent dans un logement inapproprié, parfois insalubre, et qui ne tient pas compte du nombre d’occupants. Ces facteurs, auxquels s’ajoute le manque d’espaces publics, comme des parcs, ne favorisent pas la distanciation sociale.
Selon la Commission, des mesures structurantes et englobantes venant des différents paliers de gouvernement doivent être mises de l’avant immédiatement pour lutter contre la pauvreté et éviter la fragmentation du tissu social.
Au moment d’écrire ces lignes, RCI n’a pas encore reçu une réponse du Bureau du premier ministre du Canada.
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