Au centre des soins intensifs de l'hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. (CBC News)

150 morts par jour d’ici juillet? Trudeau est inquiet pour les Montréalais

Même au ralenti, le plan de déconfinement actuel du gouvernement du Québec pour la grande région de Montréal risque d’entraîner une augmentation rapide du nombre de décès dans cette région qui est déjà l’épicentre de la contagion au pays.

Cette conclusion publiée ce week-end par l’Institut de santé publique du Québec (INSPQ) est liée au scénario pessimiste qu’il a développé. Un scénario beaucoup plus optimiste annonce en fait une baisse des morts et des infections pour la grande région montréalaise.

C’est le scénario négatif qui attire toutefois l’attention et sa conclusion se répand comme une onde de choc au sein de la population québécoise et le premier ministre canadien Justin Trudeau « s’inquiète » pour les Montréalais.

Montréal pourrait donc voir, selon ce scénario pessimiste, jusqu’à 150 morts par jour d’ici le mois de juillet si le gouvernement Québec maintient son plan de déconfinement actuel. Ce total ne tient pas compte des morts qui se produiront dans les maisons de soins de longue durée particulièrement vulnérables aux effets du coronavirus.

Bien que le premier ministre québécois ait annoncé, jeudi dernier, qu’il reportait au 25 mai la réouverture des écoles primaires, des garderies et de certains magasins de vente au détail dans la grande région de Montréal, cette stratégie serait trop hâtive selon le modèle pessimiste de l’INSPQ.

Le premier ministre du Québec, François Legault, présente, le 28 avril, le plan de son gouvernement pour la réouverture de l’économie québécoise et déclare que l’éloignement physique continuera d’être nécessaire. (Jacques Boissinot/The Canadian Press)

Un avenir imprévisible pour Montréal?

Le rapport de l’INSPQ indique qu’il demeure difficile dans l’ensemble de prévoir ce qui pourrait arriver dans la région de Montréal.

« La situation épidémique de COVID-19 est incertaine. Il est encore difficile de déterminer la trajectoire de l’épidémie », indique le rapport.

Gaston De Serres, un épidémiologiste médical de l’INSPQ qui a participé au rapport, souligne la vulnérabilité de Montréal qui doit être prudente dans l’assouplissement des mesures d’éloignement physique.

« Le message est assez clair. Dans la région du Grand Montréal, il y a très peu de marge de manœuvre pour avancer », dit-il.

L’objectif du rapport, élaboré par des experts de l’INSPQ et de l’Université Laval, était de « prédire l’impact potentiel des stratégies de déconfinement annoncées par le gouvernement du Québec pour la région de Montréal et d’autres régions de la province ». (CBC NEWS)

Le premier ministre du Canada exprime ses inquiétudes

Questionné sur ce qu’il pense des plans de déconfinement du Québec, lors de son point de presse samedi, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré : « Bien sûr, je suis inquiet en tant que Québécois, en tant que député, de la situation qui se passe dans ma circonscription, dans la province, comme je suis inquiet pour les Canadiens d’un océan à l’autre, en tant que premier ministre. »

Le premier ministre, qui représente la circonscription de Papineau à Montréal, a ensuite précisé qu’il ne voudrait pas que les règles soient assouplies, puis rétablies si le virus continue à se propager. Ce que le premier ministre du Québec a l’intention de faire.

« La dernière chose que les gens veulent, c’est qu’on leur dise dans quelques semaines : « OK, nous avons assoupli les règles et maintenant [la COVID-19] se répand à nouveau et vous allez tous devoir rentrer chez vous pour le reste de l’été. » Les gens ne veulent pas faire ça, a déclaré M. Trudeau. C’est pourquoi il est si important d’être très prudent et d’avancer pas à pas. »

Justin Trudeau est accusé d’ingérence

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, y voit de l’ingérence. Il estime que les propos de Justin « crée de la confusion », en plus de faire affront aux compétences et aux expertises du Québec.

Selon lui, les inquiétudes soulevées par le gouvernement Trudeau quant au plan de déconfinement du Québec constituent une forme d’ingérence fédérale.

« C’est Québec qui prend tous les risques et responsabilités, et arrive Ottawa qui, sous prétexte qu’il est allé chercher une marge de crédit de 300 milliards, veut dire à tout le monde ce qu’il devrait faire », dénonce-t-il, en faisant référence à l’aide financière fédérale.

Yves-François Blanchet (Adrian Wyld/La Presse canadienne)

Au matin du 11 mai, il y a au Canada 68 848 cas, dont 4970 personnes mortes de la maladie. De ce total, 37 721 cas sont au Québec, dont 2928 décès; 20 238 en Ontario, dont 1733 décès; 6253 en Alberta, 2330 en Colombie-Britannique; 1018 en Nouvelle-Écosse; 564 en Saskatchewan; 287 au Manitoba; 261 à Terre-Neuve-et-Labrador; 120 au Nouveau-Brunswick; 27 à l’Île-du-Prince-Édouard ; 11 au Yukon, tous guéris ; 5 dans les Territoires-du-Nord-Ouest, tous guéris; aucun au Nunavut.

NOUVEAU : Forte baisse de la COVID-19 en Ontario grâce au leadership de Doug Ford?

La prudence de Doug Ford dans les plans de déconfinement semble portée ses fruits. L’Ontario a donc connu dimanche son plus faible nombre de nouveaux cas de la COVID-19 depuis mars, soit 294 seulement cas.

RCI avec CBC News et La Presse canadienne

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