Les forces policières au pays ont été forcées d’effectuer près de 2 200 visites à domicile pour s’assurer que des Canadiens respectaient bel et bien les règles d’auto-isolement obligatoire décrété par le gouvernement canadien en mars dernier afin de protéger les Canadiens des risques de contagion provenant de l’étranger.
Le 25 mars, le gouvernement du Canada avait instauré ses premières règles strictes de quarantaine obligatoire pour les Canadiens de retour au pays. Ainsi, ceux qui rentrent au pays sont tenus par la loi de s’isoler pendant 14 jours, qu’ils présentent ou non des symptômes de la COVID-19.
Pourtant, il arrive trop fréquemment que ces citoyens nouvellement rentrés au pays ne répondent pas aux appels téléphoniques ou aux courriels des responsables sanitaires qui veulent confirmer qu’ils sont bel et bien en quarantaine. Dans d’autres cas, ces voyageurs sont dénoncés par des témoins affirmant qu’ils ne respectent pas la loi.
Rappelons que toute personne arrivant au Canada par voie aérienne ou terrestre doit remplir un formulaire de recherche de contacts (sur papier, en ligne ou via une application mobile) pour aider l’Agence de santé publique du Canada (ASPC) à faire respecter l’obligation de quarantaine de 14 jours.

Au cours de la semaine du 11 au 17 mai, 14 536 personnes ont atterri dans les 4 aéroports internationaux du Canada autorisés à recevoir des avions de l’étranger et ces personnes étaient donc en principe toutes sujettes à une quarantaine obligatoire, selon l’ASFC. (CBC)
Des quarantaines non respectées par centaines?

Toutes les 2 198 visites de vérification à domicile n’ont pas été effectuées par la GRC. Certaines ont été confiées à d’autres services de police. (CBC)
En date du 13 mai, l’ASPC avait transmis au centre national des opérations de la Gendarmerie royale du Canada 2 198 demandes de « vérification physique » du respect de la quarantaine.
L’ASPC ne demande des vérifications policières à domicile que dans certains cas, après qu’elle eut effectué sans succès des tentatives de vérification par téléphone, par SMS ou par courriel.
L’ASPC affirme qu’il n’y a eu à ce jour aucune arrestation policière en vertu de la loi sur la quarantaine depuis le début des restrictions liées à la pandémie, bien qu’une personne de Richmond, en Colombie-Britannique, ait été condamnée à une amende de 1 000 $.
Les sanctions maximales pour non-respect de la loi sur la quarantaine comprennent une amende pouvant atteindre 750 000 $ et/ou une peine d’emprisonnement de six mois. Si une personne met la vie d’une autre personne en danger volontairement ou par imprudence, les sanctions peuvent atteindre 1 million de dollars ou trois ans de prison, ou les deux.
Hôtel de quarantaine pour ceux qui rentrent au pays sans plan d’isolement

(Chris Young/La Presse canadienne)
Les règles de quarantaine obligatoire pour les voyageurs canadiens de retour comprennent le port d’un masque et l’accès à un hôtel si nécessaire.
Rappelons que le gouvernement canadien a d’abord mis en place la règle des 14 jours de quarantaine par le biais de l’ordonnance de la loi sur la quarantaine le 25 mars dernier. Il a ensuite élargi l’ordonnance à la mi-avril en disant que toute personne revenant de l’étranger sans un plan d’auto-isolement crédible serait obligée de rester dans une installation de quarantaine désignée, comme un hôtel.
En vertu de la loi sur la quarantaine, les voyageurs doivent donc maintenant montrer qu’ils disposent d’un endroit pour s’isoler où ils auront accès aux produits de première nécessité, y compris de la nourriture et des médicaments.
Ajustement de la politique de la quarantaine à l’horizon?

Le premier ministre Justin Trudeau participe à une conférence de presse à Rideau Cottage, le 13 mai 2020. (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)
Anticipant une plus grande ouverture de la frontière canado-américaine, possiblement vers la fin du mois de juin, le premier ministre canadien a réagi mardi sur les mesures de quarantaine en place.
« Il est certain qu’une fois que nous serons arrivés à un point où les voyages non-essentiels reprendront dans les mois à venir, je suppose que nous devrons mettre en place des mesures fortes et que nous les examinerons de près », a déclaré Justin Trudeau.
« Mais même maintenant, nous savons que nous devons faire plus pour nous assurer que les voyageurs qui reviennent de l’étranger ou des États-Unis […] soient correctement suivis, soient correctement isolés et ne deviennent pas de nouveaux vecteurs de propagation de la COVID-19. »
Le porte-parole du parti d’opposition le Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de sécurité publique, Jack Harris, se dit toutefois inquiet, et il affirme que les responsables de santé publique doivent prendre des décisions concernant les mesures nécessaires à la frontière.
« Nous sommes préoccupés par le manque de cohérence dans l’application des règles de quarantaine à la frontière », a-t-il ajouté.
« À mesure que la pression augmente pour ouvrir la frontière avec les Américains, les gens vont être de moins en moins à l’aise, à moins que de meilleures mesures soient mises en place pour assurer la sécurité de nos communautés. »
L’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, a qualifié, mardi, la quarantaine obligatoire de 14 jours pour les arrivants de « pierre angulaire » de la politique fédérale en matière de pandémie.
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RCI avec CBC News et La Presse canadienne
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