En 2003, le Premier ministre canadien, Jean Chrétien, a consulté ses conseillers et les principaux ministres du cabinet, pour décider enfin que le Canada ne se joindrait pas à une guerre menée par les États-Unis. (AP Photo/Doug Mills)

Le documentaire «Sur la corde raide», chronique d’un Canada rebelle

Un nouveau documentaire revient sur les raisons du refus du Canada d’intervenir en Irak en 2003 aux côtés des États-Unis. Sur la corde raide témoigne du bras de fer politique qui s’est alors joué entre le Canada et son voisin du sud lorsque ce dernier affirmait que d’aller en Irak était la seule sortie à la crise provoquée mondialement par les attentats du 11 septembre 2001. 

Cette production de l’Office national du film du Canada (ONF) réalisée par Claude Guilmain s’appuie sur les témoignages de plusieurs acteurs de premier plan, dont Paul Heinbecker, ambassadeur du Canada à l’ONU, et Jean Chrétien, premier ministre de l’époque.

Le but du film n’est pas de prêcher à des convertis ou même des experts ou des étudiants en politique internationale, mais plutôt de soulever des questions chez le spectateur. À la veille de l’invasion de l’Irak en 2003, les yeux rivés sur CNN, je me demandais sérieusement si j’étais le seul à comprendre qu’il n’y avait pas là-bas d’armes de destruction massive. Pourtant, on essayait de nous convaincre du contraire. Quelle était donc la véritable raison d’envahir un pays déjà dévasté par plus de 10 ans de sanctions ?Claude Guilmain

Le réalisateur dit que ce sont les quelques jours passés en Afghanistan en 2011 pour réaliser un documentaire au sujet du Royal 22e Régiment pour l’ONF qui l’ont inspiré pour Sur la corde raide. À son retour au Canada, il a commencé à faire de la recherche et à rencontrer plusieurs personnes, dont l’ex-ambassadeur du Canada aux Nations unies Paul Heinbecker.

J’ai découvert, à mon grand étonnement, l’importance de l’influence du Canada, à l’époque, sur les pays membres du Conseil de sécurité. La Maison-Blanche aurait même essayé de se débarrasser de Heinbecker, comme elle l’avait fait avec d’autres ambassadeurs récalcitrants.Claude Guilmain

Le documentaire est désormais offert gratuitement sur le site de l’ONF, en-voici un extrait :

Rappel des faits

Le 16 mars 2003, le président américain George W. Bush a lancé un ultimatum de 24 heures au Conseil de sécurité des Nations unies pour qu’il approuve la résolution déposée par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Espagne, autorisant l’invasion de l’Irak.

Le premier ministre canadien de l’époque, Jean Chrétien, a compris que le temps de la diplomatie était passé. Mais après avoir consulté ses conseillers et les principaux ministres du cabinet, il a déclaré que le Canada ne se joindrait pas à une guerre menée par les États-Unis.

Le lendemain, lorsqu’il est devenu évident que la résolution ne serait pas adoptée, l’attaché de presse de Bush a déclaré que la résolution avait été retirée.

Peu après 14 heures le 17 mars, M. Chrétien déclarait au Parlement : « Si l’action militaire se poursuit sans une nouvelle résolution au Conseil de sécurité, le Canada n’y participera pas. »

Deux jours plus tard, la guerre en Irak commençait. Cette décision a soulevé de nombreuses inquiétudes au Canada.

Pour Joseph Fiorino, spécialiste de politique de l’Université de Toronto, certaines personnes au Canada craignaient que la décision de ne pas participer à l’invasion ne marginalise le rôle du pays dans les affaires étrangères encore plus qu’il ne l’était déjà. D’autres pensaient que la décision aurait des ramifications économiques, car elle risquait d’irriter le plus important partenaire commercial du Canada.

Le Canada en Irak aujourd’hui

Des militaires canadiens donnent une formation à des militaires des forces armées irakiennes. (Photo : Forces armées canadiennes | Opération Impact)

En 2014, le Canada a envoyé environ 500 soldats en Irak et environ 850 au Moyen-Orient dans le cadre de l’Opération Impact de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) contre Daech, aussi connu comme le groupe armé État islamique.

Des formateurs militaires sont également stationnés en Jordanie et au Liban et du personnel d’appui au Koweït.

Environ 300 formateurs militaires canadiens se sont rendus en Irak pour une formation dirigée par les États-Unis dans le cadre de l’Opération Impact.

Les autres font partie d’une mission de formation distincte de l’OTAN pour les soldats irakiens que le Canada dirige.

En temps de COVID

Des membres des Forces armées canadiennes ont été déployés dans des résidences pour personnes âgées au Canada. (Photo : THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz)

Au cours des derniers mois, la propagation de la COVID-19 a obligé les forces de sécurité irakiennes à suspendre l’ensemble des activités d’instruction, ce qui a mené à une pause opérationnelle pour la Coalition mondiale contre Daech et pour la mission de l’OTAN en Irak.

Comme la durée de cette pause est inconnue, les Forces armées canadiennes ont choisi de repositionner du personnel et de l’équipement se trouvant en Irak, laissant des forces minimales dans le pays.

L’Armée canadienne se dit prête à redéployer ces forces en appui à la Coalition et à l’OTAN lorsque les conditions le permettront, mais cette décision fera qu’environ 400 membres du personnel retourneront au Canada.

Pour l’instant, moins de 100 membres des Forces armées canadiennes demeureront en Irak. Cela comprend du personnel des forces spéciales du Canada. 

Pour en savoir plus : 

RCI avec l'Office national du film, l'Association canadienne pour l'OTAN et CBC News. 
Catégories : International, Politique
Mots-clés : , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.