Après avoir nié son utilisation récemment, puis confirmé dans une volte-face peu après qu’elle utilise la nouvelle technologie Clearview depuis des mois, la Gendarmerie royale du Canada précise maintenant qu’elle ne l’utilisera que dans certains cas.
« Notre examen de l’utilisation de cette technologie continue […] En attendant, étant donné les sensibilités entourant la technologie de reconnaissance faciale, nous ne l’utiliserons que dans des circonstances très limitées et spécifiques », a dit la porte-parole de la GRC, Catherine Fortin, dans un courriel à CBC News.
Le corps policier affirme qu’il ne l’utilisera que «dans des circonstances urgentes pour l’identification de victimes lors d’enquêtes sur l’exploitation sexuelle des enfants », sur des pédophiles par exemple, ou dans des circonstances où une menace de mort ou de graves lésions corporelles peut être imminente.
Rappelons que ces inquiétudes concernant le logiciel de reconnaissance Clearview AI ont été ravivées en janvier après la publication d’une enquête par le New York Times révélant que le logiciel avait extrait plus de trois milliards de photos de sites web publics comme Facebook et Instagram, pour les transformer en une base de données active utilisée par plus de 600 organismes aux États-Unis, au Canada et ailleurs.
Beaucoup d’images de Canadiens se retrouvent hébergées sur des serveurs aux États-Unis. Le Canada, pendant ce temps, est toujours sans loi ni règlement pour baliser le déploiement et l’utilisation des données de ces nouveaux outils de détection.
– La police de Toronto a admis, le 20 février dernier, que certains de ses agents avaient utilisé Clearview AI, un outil de reconnaissance faciale puissant et controversé qui fonctionne en emmagasinant des milliards d’images sur Internet, un mois après avoir nié l’avoir utilisé.
– À Calgary aussi, les policiers sont récemment passés aux aveux.
Clearview dans de mauvaises mains…
Le NPD, parti d’opposition aux Communes, exige que la GRC cesse temporairement l’utilisation du logiciel Clearview, qui à partir d’une simple photo permet de découvrir des informations personnelles comme le nom, le numéro de téléphone, l’adresse ou la profession.

Le député Charlie Angus – La Presse canadienne
Le député néo-démocrate Charlie Angus a réitéré son appel au gouvernement libéral pour qu’il décrète un moratoire sur l’utilisation commerciale, privée et publique de Clearview AI dans les espaces publics jusqu’à ce que le commissaire à la protection de la vie privée du Canada ait terminé son enquête. Ce dernier a ouvert une enquête pour savoir si l’utilisation du logiciel viole la loi fédérale sur la vie privée.
Lors d’une conférence de presse lundi, M. Angus a déclaré que cette technologie était susceptible d’être utilisée de manière abusive et que les Canadiens méritent des protections de base de la part du gouvernement.
La commission de l’accès à l’information, de la protection de la vie privée et de l’éthique de la Chambre des communes effectue elle aussi sa propre enquête sur les ramifications de la technologie de reconnaissance faciale.
RCI avec les informations de CBC News et la contribution de Radio-Canada
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