Des gens font la queue pour se faire tester dans un centre de dépistage mobile sans rendez-vous à l'extérieur de l'aréna Garon à Montréal-Nord. (Charles Contant/Radio-Canada)

COVID-19: quartiers pauvres et racialement diversifiés de Montréal plus touchés

Selon une analyse de CBC News, des statistiques sur la prévalence de la pandémie dans certains quartiers de la ville de Montréal et des données du recensement de Statistique Canada de 2016 indiquent l’existence d’une corrélation entre la présence de personnes de minorités visibles, la qualité des logements, le niveau de revenu de ces personnes et la propagation de la COVID-19.

L’analyse de CBC News confirme les observations empiriques des derniers mois : les quartiers de Montréal comptant le plus grand nombre de personnes diversifiées sur le plan racial et de personnes pauvres ont enregistré le plus grand nombre de cas de COVID-19.

Dans le quartier de Montréal-Nord notamment, où 222 personnes sont mortes du virus, soit plus que dans toute la Colombie-Britannique, le nouveau coronavirus a frappé de manière disproportionnée.

Selon les dernières données datant du 6 juin, c’est dans le quartier de Montréal-Nord que l’on retrouvait le plus de cas sur l’île, soit 2447. Il était suivi des arrondissements d’Ahuntsic–Cartierville, avec 2218 cas, et de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, avec 2191 cas.

D’autres quartiers de Montréal durement touchés par la COVID-19 partagent des caractéristiques similaires à celles de Montréal-Nord : faibles revenus, grandes communautés d’immigrants, nombreuses personnes de couleur, logements de qualité inférieure.

Nombre de cas par 100 000 habitants en date du 8 juin 2020
Source : Santé Montréal, Ville de Montréal – Graphique CBC

Pourcentage de la population sur l’île de Montréal qui déclare être Noir
Source : Statistique Canada 2016, Ville de Montréal – Graphique CBC

Attention aux conclusions hâtives

Bien que beaucoup de personnes du quartier de Montréal-Nord sont des personnes noires, CBC News affirme qu’on ne peut pas conclure scientifiquement que ces personnes y sont plus à risque puisque, contrairement à certains autres endroits au Canada, les responsables de la santé publique du Québec n’ont pas divulgué de données à ce jour sur la race des patients atteints de la COVID-19.

L’absence de données sur la race est-elle dangereuse pour la santé des citoyens?

Le Centre de recherche-action sur les relations raciales de Montréal a demandé, le mois dernier, aux gouvernements fédéral et provincial de recueillir des données sur la race et le niveau de revenu des victimes de la pandémie.

 « En tant que Noirs, notre expérience commune n’est pas prise en compte », dit Tiffany Callender, directrice générale de l’Association de la communauté noire du quartier Côte-des-Neiges à Montréal.

Le directeur de la santé publique de la province, le Dr Horacio Arruda, avait pourtant promis début mai que le gouvernement commencerait à collecter des données sanitaires basées sur la race des personnes atteintes par la COVID-19. Le ministère de la Santé du Québec a reconnu cette semaine qu’il n’avait toujours pas déployé de plan en ce sens.

L’absence de ce genre de données frustre plusieurs représentants de la communauté noire de Montréal. Ils affirment que ces données auraient permis, depuis le début de la pandémie, de mieux guider les experts de la santé à déterminer et à protéger les communautés vulnérables.

« Nous comprenons l’importance de ces informations et nous y sommes sensibles », a répondu le ministère de la Santé du Québec dans une déclaration à CBC News. 

On a également constaté ailleurs au pays que les endroits où les minorités visibles sont plus nombreuses, on a tendance à avoir des taux d’infection plus élevés, les groupes de minorités visibles ayant tendance à être désavantagés sur le plan de la santé. Une passante dans le quartier de Montréal-Nord. (Ivanoh Demers/Radio-Canada)

Les facteurs pouvant expliquer la vulnérabilité des personnes de minorités visibles

Les personnes qui vivent dans les quartiers à faible revenu, densément peuplés et avec davantage de familles multigénérationnelles, sont plus susceptibles de tomber malades et pour plusieurs raisons.

L’analyse de CBC explique que les personnes appartenant aux minorités visibles, souvent défavorisées financièrement, sont aussi plus vulnérables en raison de leur état de santé sous-jacent.

Ces personnes à faibles revenus ne peuvent pas exercer autant que d’autres leur travail depuis leur domicile et diminuer ainsi leurs risques de contagion.

Les résidents des quartiers plus pauvres sont plus nombreux à occuper des emplois où ils sont susceptibles d’être exposés à la maladie. Ils remplissent les étagères et ils travaillent aux caisses dans les épiceries, ou ils sont dans le bas de l’échelle du secteur des soins de santé comme aides-soignants et préposés à l’entretien ménager.

Les personnes à plus faibles revenus et avec un niveau moins élevé d’éducation sont également plus susceptibles de travailler dans des services essentiels tels que le travail social et l’industrie manufacturière où ils augmentent leurs risques de tomber malade ou de répandre dans leur entourage la COVID-19.

LISEZ L’ANALYSE COMPLÈTE DE CBC NEWS (en anglais)

Tiffany Callender, directrice générale de l’Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges, demande à la santé publique du Québec de recueillir et de publier des données sur la race pour identifier et protéger les communautés vulnérables. (Alison Northcott/CBC)

RCI avec CBC News et Radio-Canada

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Catégories : Économie, Immigration et Réfugiés, Politique, Santé, Société
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