En mettant en commun les collections d’archives d’Elbeuf (Rouen), de Marseille et de Montréal, trois villes portuaires, il est désormais possible de jeter une lumière sur la réalité des lois anti-juives des années 1940.
De la Normandie en zone occupée, en passant par la Provence en zone libre et à la terre d’accueil qui est le Canada, l’exposition Ports d’exil, ports d’attache – Destinées juives pendant la Seconde Guerre mondiale suit le sort de citoyens juifs, français ou européens, traqués par l’occupant nazi et ses affidés, ou par le régime de Vichy.
L’exposition virtuelle, créée en quelques semaines dans le contexte du confinement de la COVID-19, se veut un témoin des splendeurs et des heures sombres de ce pan de l’histoire.
Ce projet muséal est le résultat d’une collaboration entre la Fabrique des Savoirs à Elbeuf, près de Rouen, le Musée d’Histoire de Marseille, le Musée des beaux-arts de Montréal et le Musée Holocauste Montréal. Ils s’unissent pour présenter cette exposition virtuelle qui fait resurgir des archives, photographies, objets, œuvres d’art souvent inédits qui, ensemble, racontent l’exil des communautés juives de ces trois régions du monde.
Les Juifs au Canada
Selon l’Encyclopédie canadienne, au recensement de 1871, le premier après la confédération, en 1867, on dénombre 1115 Juifs au pays, répartis à Montréal, où se trouvaient près de 40 % d’entre eux, à Toronto, à Hamilton et de plus petits groupes à Québec, Saint-Jean, London, Kingston et Brantford.
À la fin des années 1940, environ 40 000 survivants de l’Holocauste arrivent au Canada. Dans les années 1950, des Juifs fuyant le climat d’hostilité qui règne dans les pays nouvellement indépendants d’Afrique du Nord immigrent au Canada et s’établissent surtout à Montréal, où le fait qu’ils parlent français représente un atout.
Selon le recensement de 2016, 143 665 personnes vivant au Canada ont déclaré avoir une origine ethnique juive. C’est 53,6 % de moins que les 309 650 personnes qui avaient déclaré une origine ethnique juive à l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011.
Ce déclin suit une diminution constante, mais moins accentuée auparavant, des personnes déclarant une origine juive depuis le recensement de 1991, selon Statistique Canada.
Depuis le recensement de 1996, la méthodologie appliquée pour sélectionner les exemples d’origines ethniques a été basée sur l’utilisation des catégories les plus fréquentes du recensement précédent. D’après la même méthodologie, « juif » a été retiré de la liste d’exemples puisqu’il n’était plus parmi les réponses les plus fréquentes en 2011.
Ce retrait a été un facteur déterminant dans ce changement de comportement des répondants, en ce qui concerne la déclaration des origines juives en 2016. Ce rapport montre qu’en général, les exemples et les changements d’exemples ont un effet sur les réponses, croient les chercheurs responsables du Rapport technique sur les changements de réponse sur l’origine ethnique au recensement.
Ce phénomène, quoique plus prononcé pour les résultats des origines juives, n’est pas exclusif à l’exemple « juif ». En ajoutant « canadien » comme exemple en 1996, il y a eu un plus grand effet sur les réponses pour les origines canadiennes.
Il est difficile de déterminer une estimation pointue des origines juives si les exemples étaient demeurés les mêmes en 2016. Cependant, d’après les comportements observés dans le passé par l’agence fédérale, la rétention de cet exemple en 2016 aurait pu engendrer des estimations totales des origines ethniques juives entre 270 000 et 298 000.
Toutefois, dit Statistique Canada, il faut noter que les estimations de 143 665 au recensement de 2016 sont exactes, d’après les informations fournies par les répondants.
Statistique Canada dit travailler avec les intervenants afin d’explorer les autres approches en ce qui a trait à la collecte des données sur l’origine ethnique, en tirant avantage de l’utilisation croissante de la collecte électronique.
En complément :
- Les musulmans, les juifs et les Noirs, les principales victimes de l’augmentation des crimes haineux au Canada en 2017
- Les Juifs hassidiques de Montréal, nouvel essai du professeur Pierre Anctil
- D’autres excuses du Canada, cette fois pour avoir repoussé des réfugiés juifs en 1939
- Créer un dialogue entre Juifs et Musulmans au Canada
RCI avec le Fabrique des Savoirs à Elbeuf près de Rouen, le Musée d’Histoire de Marseille, le Musée des beaux-arts de Montréal et le Musée Holocauste Montréal, l'Encyclopédie canadienne, Statistique Canada.
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