Une lettre ouverte signée par une centaine de personnes, dont des professeurs d’université, des avocats et des citoyens est adressée au premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs.
La lettre met en exergue les problèmes qui entravent le bien-être et l’épanouissement au sein des communautés autochtones, et elle exige des mesures pour susciter plus d’inclusion, de progrès et de sécurité au sein de ces communautés.
À propos d’inclusion, les signataires de la lettre observent que les Autochtones sont sous-représentés dans différents secteurs d’activités au Nouveau-Brunswick, surtout dans les métiers comme ceux de juge ou d’avocat.
Par rapport à la Nouvelle-Écosse, qui compte au barreau 64 membres autochtones actifs, au Nouveau-Brunswick, il n’y aurait que 6 avocats d’origine autochtone et un seul aurait travaillé à l’aide juridique au début des années 2000. Le poste d’avocat au service des Autochtones a été récemment aboli. Par ailleurs, il n’y aurait jamais eu d’Autochtone au Conseil du barreau de cette province, tout comme il n’y a aucun juge autochtone dans les cours. (Source : lettre ouverte au premier ministre du Nouveau-Brunswick)
Au contraire, les Autochtones sont surreprésentés dans les effectifs carcéraux et sont les plus susceptibles de vivre dans la pauvreté et d’être victimes de la brutalité policière.
Les cas plus récents, ayant conduit à la mort des Autochtones Chantel Moore, Rodney Levy et Brady Francis, sont venus raviver le sentiment d’insécurité. Les auteurs de la lettre rappellent donc l’importance de l’ouverture d’une enquête publique pour élucider les circonstances de ces disparitions.
Il est question de mieux saisir comment les lois sont comprises et appliquées, et comment fonctionne le système judiciaire pour déterminer les problèmes et pour agir afin que d’autres tragédies n’aient pas lieu.
Il s’agit aussi d’aller en profondeur pour établir les contradictions qui peuvent conduire à des acquittements de policiers, alors qu’on est en droit de s’attendre à leur condamnation.
Dans le cas de Brady Francis, le collectif s’étonne du verdict d’acquittement du policier qui l’a tué en le « frappant avec son véhicule automobile », en omettant de « rapporter l’accident » et en « fuyant la scène ».
Observant que le racisme systémique et la discrimination jalonnent la vie des Autochtones au Canada, les signataires demandent que le gouvernement provincial prenne des mesures pour mettre un terme aux sentences de plus en plus injustes à l’endroit des Autochtones, à la « longue tradition de mauvais traitements dont ils sont victimes » aux mains des policiers ou du système judiciaire, à la banalisation de leur mort qui compterait moins que celle des autres Canadiens.

Le système judiciaire du Nouveau-Brunswick a besoin de réformes pour mieux répondre aux intérêts des Premières Nations et mieux traiter ses membres, soutient un collectif d’une centaine d’enseignants, avocats et citoyens, dans une lettre au premier ministre provincial. Photo : iStock
Contre les iniquités systémiques
Selon la lettre, par rapport aux autres provinces canadiennes, le Nouveau-Brunswick se démarquerait négativement, car elle ne documente pas la représentativité des Autochtones dans les postes de pouvoir ou dans son système judiciaire. Les statistiques manquent pour bien mesurer la situation.
Pour le collectif, cela représente un indicateur d’iniquité systémique. C’est pourquoi le gouvernement doit faire en sorte que les rapports sur les meurtres et autres situations difficiles concernant les peuples autochtones dans cette province soient moins anecdotiques et se fondent sur des données quantifiables.
C’est ce qui permettra d’avoir une vision plus juste et plus claire et de procéder aux ajustements nécessaires, notamment en ce qui concerne le traitement réservé aux peuples autochtones.
Ces derniers ont difficilement accès au programme de la police des Premières Nations. De plus, les agents de sécurité communautaires formés pour intervenir pendant des crises ne sont pas toujours en nombre suffisant pour traiter des problèmes de santé mentale, de dépendance aux drogues et de délinquance, entre autres.
La formation de la police pour interagir avec les Autochtones n’est pas adéquate.
Le collectif soutient qu’il est temps que de telles interactions soient clairement documentées, et que les autorités procèdent à une mise à jour de la Loi provinciale sur la police afin qu’elle prenne en compte les besoins des Premières Nations, qu’un comité sur l’équité et la diversité soit mis sur pied par le ministère de la Justice du Nouveau-Brunswick, pour une meilleure représentation des Autochtones au sein des instances, en vue d’un traitement plus équitable de ces communautés.
La lettre indique que les problèmes dans le système de justice néo-brunswickois, du moins en ce qui concerne les Autochtones, durent depuis trop longtemps et qu’il est plus que temps de s’y pencher afin de créer un climat de confiance avec les communautés.
La nécessité d’une enquête indépendante et impartiale pour élucider les circonstances des décès mentionnés représente un premier pas vers l’assainissement des interactions avec la police et l’instauration de la confiance dans le système de justice.
Avec des informations issues de la lettre du collectif néo-brunswickois adressée au premier ministre Blaine Higgs
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