Le ministre canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté annonce une mesure temporaire qui permet aux visiteurs actuellement au Canada de demander un permis de travail sans avoir à quitter le pays pour faire cette demande.
« Les visiteurs qui se trouvent actuellement au Canada et qui ont une offre d’emploi valide pourront demander un permis de travail propre à leur employeur et, si la demande est approuvée, recevoir le permis sans avoir à quitter le pays », a dit le ministre Marco Mendicino.
Cette politique temporaire, avec effet immédiat, vise à faire en sorte que les visiteurs puissent occuper un emploi le plus rapidement possible dans le contexte de la pandémie, qui a sérieusement nui aux capacités des employeurs canadiens à trouver une main-d’œuvre qualifiée en attirant des travailleurs de l’étranger.
« Nous avons entendu des employeurs qui continuent de rencontrer des difficultés pour recruter et embaucher les travailleurs dont ils ont besoin pendant la pandémie, a déclaré le ministre Mendicino dans le communiqué. Cette exemption des exigences normales de permis de travail temporaire vise à supprimer les obstacles afin de créer une main-d’œuvre plus agile qui tire parti des compétences et de l’expérience des visiteurs pour accélérer notre reprise économique. »
Une mesure temporaire d’intérêt national
Dorénavant, un visiteur arrivé avant le lundi 24 août n’a pas à quitter le pays pour demander et obtenir un permis de travail, étant donné les risques et les nombreuses restrictions de déplacement imposées par la pandémie.
Le ministère fédéral de l’Immigration a qualifié cet assoupissement de « nouvelle politique d’intérêt public temporaire ».
Pour en bénéficier, on doit présenter une demande de permis de travail avant le 31 mars 2021. Les visiteurs qui arrivent au Canada après le 24 août, date de l’annonce de cette nouvelle politique, n’y seront pas admissibles.
COVID-19 a bouleversé le secteur névralgique de l’immigration au Canada
Entre la fermeture de la frontière canado-américaine, l’imposition de restrictions aux voyageurs aériens entrants et l’annulation de nombreux vols internationaux, de nombreux visiteurs ont été bloqués au Canada et ont dû prolonger leur séjour de manière inattendue.
« De nombreux travailleurs étrangers ont perdu leur statut de travailleur et ont dû passer au statut de visiteur. Ils ont ainsi perdu leur capacité de travailler parce qu’ils s’attendaient à obtenir la résidence permanente avant l’expiration de leur permis de travail ou parce qu’ils attendaient de leur employeur qu’il réalise une évaluation de l’impact sur le marché du travail (LMIA) pour obtenir un nouveau permis de travail », écrit dans un blogue Victor Ing avocat du Centre de droit de l’immigration de la firme Sas & Ing dans la région de Vancouver.
Cependant, des licenciements et des retards bien documentés dans le traitement des dossiers d’immigration ont fait dérailler ces plans.
« Quelles que soient les raisons de leur séjour prolongé au Canada, ces visiteurs se sont trouvés face à un dilemme. Il est dangereux de voyager pendant une pandémie mondiale et il n’est pas certain qu’ils puissent revenir au Canada et à quel moment en raison des restrictions sur les voyages internationaux, mais ils ne peuvent pas non plus rester indéfiniment au Canada sans le droit légal de travailler », ajoute Me Ing.
Pour profiter de la nouvelle politique publique temporaire, un visiteur au Canada doit être arrivé au pays avant le 24 août 2020 et doit détenir un statut de visiteur valide. En outre, ils doivent posséder une offre d’emploi admissible, ce qui signifie que l’employeur qui fait l’offre doit avoir réalisé une évaluation de l’impact sur le marché du travail au Canada ou être dispensé d’en avoir besoin.
Une chute des deux tiers de l’immigration au pays menace la reprise économique
Selon un rapport de la Banque Royale du Canada publié la semaine dernière, la reprise économique pourrait être court-circuitée par un ralentissement important du nombre de nouveaux travailleurs immigrants au Canada en raison de la pandémie.
Le rapport, qui analyse la portée des nouvelles statistiques du gouvernement fédéral, montre que l’immigration est en chute libre au pays avec une baisse de 64 % au cours du deuxième trimestre, parce que les candidats à l’immigration ont commencé à se heurter à des restrictions de voyage et de passage à la frontière.
Le Canada n’a accepté que 34 260 résidents permanents au cours des trois mois précédant le mois de juin. En comparaison, 94 275 personnes avaient été admises durant la même période l’an dernier.
D’autre part, le rapport souligne que le nombre de nouvelles demandes de résidence permanente au Canada au deuxième trimestre a diminué de 80 %.
L’objectif pour 2020 était de faire rentrer au pays 341 000 nouveaux arrivants. Mais au cours des six premiers mois, le Canada n’a autorisé l’entrée au pays qu’à 103 420 résidents permanents.
Le document recommande au gouvernement de trouver de nouvelles façons pour encourager un plus grand nombre d’immigrants à venir s’installer au pays.
LISEZ AUSSI : Les délais de traitement des demandes sont inconnus, avoue Immigration Canada
RCI avec La Presse canadienne et CBC News
EN COMPLÉMENT
On exige un plan élargi de régularisation migratoire au Canada
L’abolition des frais pour obtenir la citoyenneté canadienne toujours reportée
Des dizaines de groupes au Canada réclament un statut d’immigration pour tous
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.