Au Canada, on estime que le tiers de tous décès liés au travail sont directement attribuables à une exposition à l’amiante. Photo : Radio-Canada

Resserrement des seuils d’exposition à l’amiante pour protéger les travailleurs

Première cause de maladie industrielle au pays, l’amiante est à nouveau la cible des législateurs, cette fois au Québec, qui veut réduire l’exposition des travailleurs à la dangereuse fibre qui se loge dans les poumons et provoque la mort.

Résidus d’amiante (GQC)

Le Québec entend abaisser les niveaux admissibles de concentration d’amiante dans l’air à 0,1 fibre par centimètre cube pour les six types d’amiante, rapporte la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). En ce moment, la « valeur d’exposition admissible » à l’amiante varie de 0,2 à 1 fibre par centimètre cube, selon le type d’amiante.

Le projet de règlement est publié dans la Gazette officielle pour consultation jusqu’au 10 octobre. Cela s’appliquera notamment aux futures industries de valorisation des résidus miniers contenant de l’amiante.

Rappelons que des décennies d’extraction d’amiante-chrysotile au Québec ont généré des millions de tonnes de résidus de serpentine, qui se caractérisent par leur teneur en moyenne de 23,3 % de magnésium métallique, une occasion d’affaires nouvelle pour l’industrie de l’extraction du métal.

« Un pas dans la bonne direction »

Le plus grand syndicat au Québec, la FTQ-Construction, qui représente la majorité des travailleurs de l’industrie, se réjouit de l’abaissement de ces seuils. Son directeur général, Éric Boisjoly, y voit « un pas dans la bonne direction » pour mieux protéger la santé des travailleurs. « La modification de la norme était plus qu’urgente », dit-il.

L’utilisation de l’amiante a été condamnée par l’OMS, qui affirme depuis des années que tous les types d’amiante, y compris le chrysotile que l’on retrouve dans le sous-sol québécois, sont cancérigènes.

Une cinquantaine de pays, dont presque la totalité des pays européens, ont depuis interdit tous les produits à base d’amiante sur leur territoire.

Le Canada a été lent cependant à reconnaître les menaces posées par l’amiante, peut-être parce que pendant très longtemps, ce minerai se retrouvait au cœur du développement économique du Québec, en particulier. Les mines d’amiante ont fonctionné au Canada de la fin des années 1800 jusqu’en 2011.

L’étau se resserre sur l’amiante au Canada, mais il n’est pas complètement interdit

Le Canada interdit maintenant l’amiante depuis 2018 dans les nouvelles constructions et les rénovations. La fin de l’amiante était en fait presque dans les cartes dès le moment où le gouvernement de Justin Trudeau est arrivé au pouvoir en novembre 2015.

Des générations de mineurs se sont engouffrées sous terre ou travaillaient à l’air libre dans d’immenses trous, dans des mines à ciel ouvert dans les régions de Thetford Mines, d’Asbestos, de Disraeli ou de Black Lake, à la recherche de ce minerai réputé essentiel pour ses propriétés ignifuges et structurelles.

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