Le Canada enregistre depuis quelques jours une moyenne de 779 nouveaux cas de COVID-19 par jour, soit plus du double du niveau enregistré en juillet dernier. Les réunions sociales seraient largement responsables de cette accélération de la contagion, selon les dirigeants de la santé au pays.
Craignant de perdre la capacité de maintenir les cas de contagion à des niveaux acceptables, les deux
provinces les plus peuplées du Canada annoncent de nouvelles restrictions et des amendes élevées. Le Québec va même accroître de façon permanente la capacité des policiers à décerner des amendes aux fêtards dans les résidences.

(John Rieti/CBC)
Jeudi, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a commencé par annoncer une réduction sensible de la taille des rassemblements, faisant ainsi marche arrière par rapport aux mesures prises précédemment pour rouvrir l’économie de la province. Les nouvelles règles réduisent la taille des rassemblements intérieurs à Toronto, Ottawa et Peel à 10, contre 50 auparavant, et celle des rassemblements extérieurs à 25, contre 100 auparavant.
« C’est une situation grave, les amis », a déclaré le premier ministre Ford à propos de la flambée des cas dans les villes d’Ottawa, de Peel et de Toronto.
Il a ensuite annoncé une hausse substantielle des amendes aux contrevenants. Les organisateurs de rassemblements « illégaux » recevront dorénavant une amende de 10 000 $. Les participants pour leur part se verront remettre un constat d’infraction de 750 $.
« C’est pour envoyer un message aux personnes imprudentes et négligentes qui veulent organiser ces fêtes », a-t-il dit.
Des mesures d’exception discriminatoires?

(Christopher Katsarov/Canadian Press)
Le maire de Toronto, John Tory, a déclaré jeudi qu’il soutenait les mesures de la province pour la région, mais a également mentionné qu’il était « très préoccupant » que les nouvelles mesures ne s’appliquent pas à des endroits comme les salles de banquet. Ces nouvelles limites ne s’appliquent en effet pas aux écoles, aux restaurants, aux cinémas, aux gymnases et aux centres de congrès, car, selon Doug Ford, ces lieux ont « des protocoles très stricts ».
« Doug Ford a annoncé aujourd’hui qu’il n’est plus sûr de rassembler plus de 10 personnes à l’intérieur, mais il continue à forcer les salles de classe à être pleines de 25 ou 30 enfants, et les bus scolaires à être remplis de 70 enfants », a dit pour sa part Andrea Horwath, chef du NPD, jeudi soir.
« Les parents, les travailleurs de l’éducation, les enseignants et les étudiants sont remplis d’anxiété. Ils se demandent si leur école est la prochaine. Ils se demandent si leur famille est la prochaine.
Rappelons toutefois qu’en Ontario, contrairement au Québec, les parents ne sont pas obligés d’envoyer leurs enfants à l’école. Ils peuvent continuer d’étudier à distance.
Le premier ministre du Québec est lui aussi à bout de patience

(Adrian Wyld/Canadian Press)
« C’est le temps de sévir », disait il y a une semaine le premier ministre québécois François Legault. Depuis samedi, des amendes peuvent être imposées aux récalcitrants qui ne respectent pas le port du masque dans les commerces ou les transports en commun.
Au Québec, pourtant, un pourcentage important de ceux qui ont reçu une amende cet été dans un parc parce qu’ils n’avaient pas respecté les consignes de distanciation ou de limite de groupe ont contesté l’affaire en cour. Aussi, à l’heure actuelle, lorsqu’un policier intervient dans le cas d’une fête privée dans une résidence, il ne peut pas remettre sur-le-champ une amende au contrevenant. Il doit d’abord rédiger un rapport d’infraction, rapport qui est ensuite transmis plus haut et qui peut mener à une amende de 1000 $ à 6000 $, ce qui n’est pas automatique.
Des discussions sont en cours entre le ministère québécois de la Sécurité publique et le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) pour que les policiers puissent imposer sur-le-champ des amendes dans les domiciles où ils constatent des rassemblements de plus de 10 personnes.

Les bulles sociales contribuent aussi à l’augmentation des cas de COVID-19. Les données montrent que les jeunes adultes et les adolescents contractent le nouveau coronavirus à un taux plus élevé qu’auparavant. (Justin Tang/La Presse canadienne)
Faut-il aussi s’attaquer aux bulles familiales?
Même les petits rassemblements peuvent alimenter la propagation du virus, comme cela a été le cas après une simple sortie familiale à Toronto, ou pour une excursion au chalet de 10 personnes qui a conduit à 40 nouveaux cas à Ottawa.
Avec l’augmentation du nombre de cas de COVID-19 dans de nombreuses communautés, le retour des enfants à l’école et l’augmentation du nombre de personnes retournant au travail, de nombreux experts de la santé publique au pays s’accordent à dire qu’il faudrait revoir le concept de « bulle familiale » qui permet de socialiser avec les quelques personnes de son entourage immédiat. Ces bulles sont-elles encore sécuritaires?
Ce concept a été adopté dans plusieurs pays. Même s’il fonctionne bien en principe, les experts affirment qu’il pourrait être plus difficile à maintenir à ce stade de la pandémie.
Les Canadiens qui sont nouvellement de retour au travail sont exposés à des dizaines de collègues. Maintenant que les enfants sont davantage à l’école, l’éloignement physique et le port du masque pourraient s’avérer d’une efficacité relative.
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Alors que le nombre de cas et l’inquiétude augmentent, Montréal était le théâtre, samedi, d’une manifestation, la plus grande du genre au pays cette année, contre le port obligatoire du masque et l’imposition de nouvelles amendes annoncées par le gouvernement provincial qui peuvent aller de 400 $ à 6000 $. (Graham Hughes/The Canadian Press)
RCI avec CBC News, The Guardian, La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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