François Legault a nommé Ian Lafrenière comme ministre aux Affaires autochtones du Québec à la place de Sylvie D'Amours. (Jacques Boissinot/The Canadian press)

Le nouveau ministre des Affaires autochtones du Québec ne fait pas l’unanimité

Le premier ministre québécois, François Legault, a nommé Ian Lafrenière au poste de ministre des Affaires autochtones vendredi provoquant une levée de boucliers pour de nombreuses associations autochtones. 

M. Lafrenière vient remplacer Sylvie D’Amours qui occupait ce titre depuis maintenant deux ans et dont la légitimité avait été remise en doute suite au décès de Joyce Echaquan, une Autochtone décédée dans des circonstances troublantes et teintées de racisme. Il était reproché à la ministre de n’avoir pas fait assez pour remédier à la discrimination dont sont victimes les populations autochtones.

Avant d’entrer au gouvernement du Québec, le nouveau ministre a passé une bonne partie de sa carrière dans les rangs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), où il a occupé le poste de chef de la Division des communications. Il était en quelque sorte le représentant médiatique de cette organisation qui a de nombreuses fois été accusée de faire preuve de discrimination envers les personnes racisées.

Lors de la conférence de presse, M. Legault a expliqué qu’il avait choisi Ian Lafrenière, en partie, pour son passif de policier.

« Je pense que l’un des principaux défis est de rétablir la confiance entre les nations autochtones et les agents de police, et qui mieux qu’un agent de police, qui comprend ce problème, pour le résoudre », a-t-il déclaré vendredi.

« Je suis convaincu que Ian réussira à développer de bonnes relations avec les nations autochtones. »François Legault, premier ministre du Québec
Le nouveau ministre a passé une bonne partie de sa carrière dans les rangs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), où il a occupé le poste de chef de la Division des communications. (Jacques Boissinot/The Canadian press)

Le premier ministre a ajouté que M. Lafrenière saura mettre en application les appels à l’action de commission Viens. Publié il y a tout juste un an, le rapport Viens rend compte du « racisme systémique » envers les Autochtones dans les institutions publiques du Québec et préconise 142 initiatives pour pallier à cela. 

Beaucoup reprochent au gouvernement québécois de tarder à mettre ces appels à exécution. Plus tôt ce mois-ci, la ministre D’Amours avançait qu’un plan avait été mis en place pour répondre à 51 des points énumérés dans le rapport.

Des associations désolées par la décision de M. Legault

Pour le Foyer pour femmes autochtones de Montréal, cette nomination illustre le désintérêt du premier ministre québécois dans le sort des populations autochtones. 

« On se demande si ce n’est pas pour nous punir que [Legault] met un ancien policier aux commandes », a expliqué Nakuset à Espaces Autochtones. « C’est comme une insulte, une claque au visage. »

Nakuset est directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal. (Charles Contant/Radio-Canada)

Un rapport de trois chercheurs indépendants publié l’année dernière a révélé un biais systémique dans les contrôles de rue effectués par la police de Montréal.

Selon ce rapport, les femmes autochtones étaient surreprésentées et avaient 11 fois plus de chances d’être contrôlées par la police que les femmes blanches.

Pour la présidente de Femmes autochtones du Québec (FAQ), Viviane Michel, qu’Espaces Autochtones a contacté, c’est avec étonnement et perplexité qu’elle a réagi à l’annonce de la nomination. 

« Je ne sais pas à quel point il va être intègre pour les Premières Nations ou faire la mise en œuvre des recommandations des deux commissions [CERP et ENFFADA] », a-t-elle déclaré.

Mais M. Lafrenière a déclaré qu’il était déterminé à travailler avec les communautés autochtones et qu’il commencerait à contacter les chefs dès que possible.

« Je vais leur parler. C’est la première priorité », a-t-il déclaré.

M. Lafrenière a refusé de donner des exemples d’actions concrètes qu’il prendra, disant qu’il aimerait d’abord entendre les communautés autochtones.

Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard, voit cette nomination « comme l’opportunité de renouveler les relations avec le gouvernement Legault ». (Ivanoh Demers/Radio-Canada)
De nouvelles opportunités de collaboration

Moins pessimiste, l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) a indiqué dans un communiqué qu’il se réjouissait de cette annonce et espérait pouvoir renouveler de bonnes relations avec le gouvernement Legault. 

Son chef, Ghislain Picard, a d’ailleurs promis d’« offrir toute sa collaboration » au nouveau ministre et qu’il espérait le rencontrer rapidement.

« Il y a de nombreux problèmes, dont plusieurs urgences, qui requièrent son attention immédiate », a-t-il écrit.  « Je me rends disponible dès maintenant pour une réunion. »

APNQL a aussi rappelé qu’elle surveillerait de près les actions de M. Legault dans les mois à venir et espérait que le gouvernement reconnaitrait, à terme, l’existence du racisme systémique au Québec. 

Durant la conférence de presse, le nouveau ministre des Affaires autochtones a, tout comme son premier ministre, refusé de reconnaître ce terme.

« Je reconnais qu’il y a du racisme, du profilage et de la discrimination. Je reconnais également qu’actuellement le terme de racisme systémique n’est pas accepté à l’unanimité et au lieu de se battre à ce sujet, je pense que ce que les gens veulent, c’est de l’action, une action concrète. »Ian Lafrenière

Avec les informations de CBC et Espaces Autochtones.

Catégories : Autochtones, Politique
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