La deuxième compagnie aérienne canadienne a annoncé mercredi qu’elle réduisait de 80 % ses vols depuis et vers le Canada atlantique en raison de la baisse du trafic et de l’augmentation des frais liés à la pandémie de COVID-19.
Les villes de Moncton et Fredericton au Nouveau-Brunswick, Sydney en Nouvelle-Écosse et Charlottetown sur l’Île-du-Prince-Édouard ne seront plus desservies par la compagnie canadienne et les opérations seront réduites drastiquement dans la capitale de la Nouvelle-Écosse, Halifax, et de Terre-Neuve-et-Labrador, Saint-Jean.
La compagnie aérienne indique également qu’elle suspend ses activités à Québec, en supprimant son vol entre cette ville et Toronto.
Plus de 100 vols hebdomadaires seront ainsi éliminés à partir du 2 novembre, et cela pour une durée indéterminée.
« Desservir ces marchés est de moins en moins viable, a déclaré Ed Sims, président-directeur général de WestJet. »
À partir de novembre prochain, il n’y aura plus que 3 vols WestJet vers et depuis l’Est du Canada contre 28 en novembre 2019. Outre Halifax et Saint-Jean, la compagnie ne desservira plus de ville canadienne plus à l’est que Montréal.
En juin dernier, le concurrent direct de WestJet, Air Canada, annonçait la suspension indéfinie de 11 lignes au Canada atlantique ainsi que la fermeture de deux stations dans la région.
Vidéo : Message vidéo en anglais du président-directeur général de WestJet, Ed Sims, par rapport aux annulations de vols.
Un crédit de voyage pour les vols annulés
Pour ce qui est des clients dont le vol a ainsi été annulé, la compagnie a affirmé qu’ils pourront demander un crédit de voyage, mais qu’elle ne rembourserait pas les billets. Cette décision a été acceptée par l’Office des transports du Canada qui l’a jugé acceptable compte tenu des réalités de la COVID-19, a spécifié WestJet.
« Nous prévoyons de retourner dans la région lorsque la situation s’améliorera et nous prolongerons la date d’expiration du crédit de voyage au-delà de la fenêtre actuelle de 24 mois si cela s’avère nécessaire », a déclaré Morgan Bell, porte-parole de WestJet, à CBC News.
Des conséquences économiques pour les régions de l’Est canadien
La décision de la seconde compagnie aérienne du pays signifie que 29 employés basés dans les provinces maritimes vont perdre leur emploi. A cela s’ajoute la mise à pied de 100 employés de soutien opérationnel et d’entreprise principalement basés au siège social de WestJet à Calgary.
En juin dernier, WestJet avait déjà annoncé la mise à pied de 3 333 employés à travers le pays et avait conclu un marché avec les pilotes pour qu’ils réduisent leur salaire de 50 % afin d’éviter de nouveaux renvois.
Au début de la pandémie, la compagnie avait déjà annoncé le licenciement de 6 900 travailleurs agents de bord et pilotes.
« Nous comprenons que cette nouvelle sera dévastatrice pour les collectivités, nos partenaires aéroportuaires et les WestJetters qui comptent sur notre service, a poursuivi M. Sims. Même si nous demeurons engagés envers la région de l’Atlantique, il est impossible de dire quand le service reprendra sans soutien pour une approche nationale concertée. Nous avons l’intention de reprendre les activités dès qu’il sera possible de le faire sur le plan économique. »
- Les personnes dont les vols ont été annulés ne recevront pas de remboursement mais un crédit de voyage. (Photo : Nathan Denette/The Canadian Press)
Le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.), Dennis King, a exprimé sa profonde déception face à l’annonce de WestJet concernant la suspension des services vers Charlottetown et a appelé le gouvernement fédéral à agir de toute urgence pour soutenir l’accès aérien vers l’île.
Le premier ministre a également souligné dans son communiqué qu’il avait déjà alerté le gouvernement fédéral quant aux pressions dont le secteur du tourisme et du voyage faisaient face. Les autorités fédérales lui auraient assuré un soutien à venir.
La demande de M. King a été reprise par Monette Pasher, directrice générale de l’Association des aéroports du Canada atlantique.
Elle demande de nouveau au gouvernement fédéral d’aider financièrement l’industrie aéronautique à survivre à la pandémie, la qualifiant de « service essentiel ».
« Les compagnies aériennes citent explicitement les politiques gouvernementales restrictives en matière de voyages comme une raison essentielle de la baisse de la demande et de leurs décisions de réduire le service », explique Mme Pasher par voie de communiqué.
- Le ministre des Transports, Marc Garneau, s’est dit attristé de la décision de WestJet, mais n’a toutefois pas évoqué de soutien immédiat à l’industrie. (Photo : Sean Kilpatrick / The Canadian Press)
En dépit des centaines de milliards de dollars versés pour lutter contre la pandémie de COVID-19, le gouvernement fédéral n’a pas encore mis en place de programme d’aide destiné à l’industrie aéronautique.
Le ministre des Transports, Marc Garneau, s’est dit attristé de la décision de WestJet, citant la nécessité de conserver les connections aériennes connections « essentielles au développement économique région et à la prospérité ».
M. Garneau n’a toutefois pas évoqué de soutien immédiat à l’industrie, mais que des discussions étaient en cours entre les différents acteurs.
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