Sa secte NXIVM (prononcé Nexium) avait pris racine non loin de la frontière canadienne en 1998 dans la ville d'Albany dans l'état de New York. (ASSOCIATED PRESS )

120 ans de prison pour ce gourou de la secte sexuelle nord-américaine NXIVM

Mardi, un juge fédéral à New York a condamné la tête dirigeante de la secte NXIVM, Keith Raniere, à 120 ans de prison, une peine équivalant à la perpétuité pour cet individu de 60 ans qui a entretenu un réseau d’esclaves sexuelles dont les tentacules s’étendaient du Canada au Mexique.

Sa secte NXIVM (prononcé Nexium), qui disait faire la promotion du bien-être féminin, avait pris racine non loin de la frontière canadienne en 1998 dans la ville d’Albany dans l’État de New York. 

Dès le début, le gourou charismatique a entretenu un cercle de 15 à 20 femmes sous son influence, avec lesquelles il avait des relations sexuelles à son gré.  L’une d’entre elles était âgée de 15 ans seulement. 

Cicatrice sur Sarah Edmonson, une victime canadienne

Plusieurs des victimes de cette secte devaient graver ou brûler sur leur peau, dans la région pubienne, les initiales du gourou en signe de loyauté.

Elles devaient aussi révéler des informations embarrassantes qui pouvaient être utilisées contre elles si un jour elles brisaient leur allégeance au gourou ou au « grandmaster » comme il se plaisait aussi à se faire appeler.

À son apogée, NXIVM comptait des milliers de membres concentrées à New York, Vancouver et Los Angeles.

Plusieurs célébrités et riches donateurs comptent parmi ses victimes ou complices.

Dans ce sketch de salle d’audience du 13 avril 2018, Keith Raniere, au centre, est assis près de son avocat au tribunal de New York. (Elizabeth Williams via AP)

Une sentence 8 fois plus sévère que ce que recommandaient les avocats de Keith Raniere

ASSOCIATED PRESS

À la mi-juin 2019, à l’issue d’un procès de six semaines, un jury avait reconnu Raniere coupable de sept chefs d’accusation, dont deux de trafic sexuel, de racket et de conspiration de travail forcé, selon le bureau du procureur américain du district Est de New York.

Les autres chefs d’accusation comprenaient une tentative de trafic sexuel, une conspiration de fraude électronique et une conspiration de racket.

Ses avocats recommandaient une peine d’emprisonnement ne dépassant pas 15 ans parce qu’aucune victime de Keith Raniere n’avait été blessée, violentée ou torturée.

Le juge fédéral de Brooklyn lui a pourtant donné une peine de prison à perpétuité, affirmant qu’au-delà de la gravité des faits, l’ex-gourou ne montrait aucun remords et empathie pour ses victimes, et continuerait à commettre des crimes s’il était libéré.

Des femmes célèbres parmi les aides de camp du gourou

Allison Mack, actrice de l’ancienne série de télévision américaine Smallville filmée à Vancouver, a plaidé récemment coupable à des accusations liées à ses activités dans la secte sexuelle NXIVM et recevra bientôt sa peine.

Elle a aidé le gourou dans ses activités et a participé au recrutement de nouvelles esclaves sexuelles.

Allison Mack quitte le tribunal fédéral de Brooklyn à New York. (Reuters : Shannon Stapleton)

Fin septembre, la millionnaire Clare Bronfman, 41 ans, de la célèbre famille canado-américaine Bronfman de l’empire Seagram (distillateur de whisky canadien), avait été condamnée à près de sept ans de prison et à une amende de 6 millions de dollars.

Elle a été reconnue coupable d’avoir utilisé pendant des années son influence et sa fortune à coup de dizaines de millions de dollars pour faire taire les transfuges de la secte NXIVM.

Clare Bronfman arrive au tribunal à New York le 29 septembre dernier. Elle a donné des millions de dollars au groupe d’autoamélioration NXIVM, dirigé par Keith Raniere. (John Minchillo/The Associated Press)

Poursuite en justice par des douzaines de victimes canadiennes

Sarah Edmondson (CBC)

À Vancouver, l’actrice Sarah Edmondson et son mari font partie de plaignants dans un procès aux États-Unis au civil contre les dirigeants de la secte. Elle-même marquée des initiales de Keith Raniere, elle dit qu’elle est prête à passer à autre chose dans sa vie après la condamnation. « J’ai l’impression que je peux vivre ma vie maintenant et être en sécurité. »

Elle a fait partie de l’organisation pendant 12 ans. Elle a même été cofondatrice de la section de Vancouver. Elle a pourtant été la première à dénoncer publiquement l’esclavage sexuel mené au sein de la secte. Elle fait partie de plus de trois douzaines de Canadiens qui ont intenté un procès contre les figures dirigeantes de la secte sexuelle.

Sarah Edmondson poursuit les dirigeants de NXIVM et deux héritières canado-américaines de la fortune de Seagram pour des dommages émotionnels et financiers que l’actrice affirme avoir subis à la suite d’intimidation et de harcèlement, entre autres dû au fait d’avoir été marquée des initiales du chef du groupe.

Allison Mack (à droite) et son épouse Nicki Clyne (Instagram)

Une autre actrice canadienne, connue sous le nom de Jane Doe 8, affirme avoir été recrutée par l’actrice Nicki Clyne de la série télévisée Battlestar Galactica, elle-même originaire de Colombie-Britannique.

La poursuite, intenté fin janvier dernier dans le district Est de New York, affirme que Raniere et d’autres ont créé et dirigé une « chaîne de Ponzi et une communauté coercitive » destinée à abuser financièrement et émotionnellement des adeptes.

Les plaignants affirment que les soeurs millionnaires Clare et Sara Bronfman ont occupé des postes de direction au sein de NXIVM, investissant leurs vastes richesses « pour financer les opérations et entraver la capacité des autres à découvrir les fautes commises ».

Le document de près de 200 pages déposé au tribunal fournit de nombreux détails sur l’étendue de l’implication présumée de Canadiens dans NXIVM, qui aurait notamment déposé des plaintes auprès de la police de Vancouver pour faire taire les opposants.

« Keith est un sociopathe narcissique, à mon avis. Il ne peut pas prendre la responsabilité de quoi que ce soit », affirme Sarah Edmonson.

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Plus de 1,2 million de membres se sont abonnés depuis mars dernier à des groupes Facebook de la mouvance QAnon, selon le chercheur de l’Université Concordia et spécialiste des mouvements extrémistes Marc-André Argentino. La mouvance est suivie par plus de 3 millions de membres sur Facebook, selon une enquête du Guardian. Photo : Getty

RCI avec CBC News, AFP et Associated Press

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