Au printemps, en retard sur plusieurs autres pays, le Canada a laissé passer plusieurs précieuses semaines avant d’accepter sérieusement l’idée de recommander à tous ses citoyens de porter un masque.
Que de chemin parcouru depuis! Cette semaine, non seulement le Canada a-t-il proposé à ses citoyens de porter des masques non médicaux à trois couches et non à une seule, il a ajusté considérablement ses recommandations par rapport aux dangers de transmission du virus par aérosol.
Pour la toute première fois, l’Agence de santé publique du Canada mentionne dans ses directives les risques de transmission par les aérosols, des particules microscopiques en suspension dans l’air. « Le virus se propage d’une personne infectée à d’autres par le biais de gouttelettes respiratoires et d’aérosols créés lorsqu’une personne infectée tousse, éternue, chante, crie ou parle », selon la mise à jour des lignes directrices.

Dre Theresa Tam (La Presse canadienne)
« Cette pandémie nous apprend beaucoup à être flexibles et à nous adapter aux nouveaux défis », a dit en conférence de presse cette semaine l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam.
Elle a fait cette mise à jour après avoir recommandé mardi aux Canadiens de porter des masques avec trois épaisseurs de tissus. « C’est une recommandation supplémentaire, juste pour ajouter une autre couche de protection. Si nous ne nous préoccupons que des grosses gouttelettes, alors pratiquement n’importe quel morceau de tissu à une seule couche fonctionnerait », a-t-elle déclaré.
« Mais parce que nous sommes préoccupés par les aérosols, nous devons réfléchir à la qualité et à l’ajustement de nos masques et nous savons que le fait d’avoir plusieurs couches améliore la performance de filtrage des masques. »

Ce masque a une couche extérieure en polypropylène. La médecin-chef du Canada recommande désormais ce matériau comme couche filtrante dans les masques non médicaux. On le trouve dans de nombreux sacs à provisions réutilisables. (Emily Chung/CBC)
Un danger reconnu par d’autres avant le Canada
En ne reconnaissant que maintenant ces dangers de contamination par aérosol, le Canada, encore une fois, est quelque peu à la traîne d’autres pays et d’organisations internationales de santé.
L’Organisation mondiale de la santé avait été critiquée en juillet dernier, après que 239 scientifiques de 32 pays eurent écrit une lettre ouverte demandant à l’agence des Nations unies de mettre à jour ses messages sur le risque de transmission aérienne du coronavirus. Ces médecins spécialistes des maladies infectieuses, épidémiologistes, ingénieurs et spécialistes des aérosols, exhortaient la communauté médicale et les autorités de santé publique à reconnaître le potentiel de transmission par voie aérienne. Ils exigeaient également des mesures préventives pour réduire ce type de risque.
L’OMS a modifié ses directives quelques jours après la publication de la lettre et a reconnu la possibilité que les aérosols puissent entraîner des épidémies de COVID-19 dans des endroits comme les chorales, les restaurants et les salles de sport.
Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont mis à jour leurs directives au début du mois d’octobre pour y inclure le fait que le virus peut se propager par transmission aérienne.
Des histoires de contagion par aérosols entendues par tous

(Roberto Pfeil/The Associated Press)
Au début de la pandémie, des histoires de cas de contagion par de fines gouttelettes ont fait le tour du monde. Il y a eu cette histoire de contamination de presque tous les membres d’une chorale dans l’État de Washington, et une autre de clients d’un restaurant en Chine apparemment contaminés par un système de ventilation.
Plus près de nous, de fines particules virales ont été trouvées flottant dans l’air lors d’une éclosion de cas dans une maison de soins infirmiers en mai à Montréal. Un système de ventilation défectueux pourrait y avoir été une source de transmission qui a infecté 226 résidents et 148 employés.
Plus récemment, nous rapportions le cas d’un centre de conditionnement physique à Hamilton, en Ontario, où au moins 85 personnes ont été infectées. Pourtant, les employés et les clients avaient suivi toutes les directives : il y avait de la distance et de l’hygiène, et les gens portaient des masques avant et après leurs exercices.
LISEZ AUSSI : Ce centre de gymnastique ontarien est à l’origine de dizaines de cas de COVID-19
RCI avec CBC News et
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.