Les annonces du gouvernement du Québec au sujet des Fêtes de fin d’année, notamment pour les écoles, ont été saluées par les syndicats. Plusieurs ont mis de l’avant leur caractère responsable, mais les Centres de la petite enfance (CPE) estiment qu’ils ont été oubliés.
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec (FTQ) ont posé un regard positif sur la décision de n’ouvrir que partiellement les services de garde scolaires. C’est une décision qui permet de limiter la propagation du virus et de donner du répit aux personnels, surtout dans les zones à haut risque.
Les annonces sont intervenues à un moment où plusieurs zones de la province sont toujours déclarées rouges.
Les trois syndicats exigent néanmoins du gouvernement qu’il garantisse de l’aide financière pour le personnel des services de garde d’urgence qui seront ouverts pour le jour férié.
La décision du gouvernement est jugée responsable et est un soulagement pour le personnel des services de garde scolaires.
« Pour eux, c’était loin de passer comme une lettre de père Noël à la poste. Le gouvernement a peut-être fini par entendre raison sur l’importance de la cohérence dans les mesures sanitaires, mais il faut déplorer le manque d’écoute devant le processus unilatéral qui s’est déroulé depuis quelques jours. Dans le futur, le gouvernement gagnerait à associer le plus d’organisations possibles à ses réflexions pour éviter un autre psychodrame », dit Sonia Éthier, présidente de la CSQ
Mme Éthier fait allusion au fait que le personnel des services de garde n’a pas été associé à la décision du gouvernement de lancer dans les médias des ballons d’essai. Ces derniers ont été une source importante de panique au sein de la population et du personnel du réseau, l’obligeant à intervenir auprès des familles pour les rassurer.
« Le gouvernement doit retenir la leçon et consulter davantage les travailleurs et les travailleuses qui œuvrent auprès de la population », a recommandé son collègue Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ.
Soutenant qu’il était quasiment impossible de régler le problème en « renvoyant tout simplement le fardeau sur le personnel des services de garde », le président de la CSN, Jacques Létourneau, s’est dit satisfait que le premier ministre du Québec ait enfin entendu leurs arguments.
« C’est une décision mitoyenne qui nous semble beaucoup plus responsable en matière de santé », a-t-il argué.
La Fédération des établissements d’enseignement privé (FEEP) a également applaudi les annonces, soulignant qu’elles vont « limiter la propagation du virus pendant et après la période des fêtes sans nuire à la réussite scolaire ».
C’est ce qui ressort de l’annonce du président David Bowles. Il a salué la flexibilité offerte par Québec aux écoles, en harmonie avec les plans d’urgence élaborés en début d’année pour une meilleure présentation des cours à distance.
Il souhaiterait cependant que le ministère de l’Éducation reconsidère la pondération des notes du premier bulletin et la fixe à 40 % au lieu de 50 % comme décidé. Ce sera une stratégie gagnante pour tous, y compris pour les élèves qui éprouvent souvent des difficultés d’apprentissage.

Le plan de match du gouvernement pour les écoles inclut l’enseignement à distance, malgré le congé quelque peu prolongé. Photo : iStock
L’importance de la continuité de l’enseignement
Ce même son de cloche a été entendu du côté de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). Elle a salué le maintien des services éducatifs pour les élèves jeunes et adultes dans les stratégies pour les congés des Fêtes.
Selon ces stratégies, les élèves vont arrêter l’école une semaine avant Noël et revenir une semaine après la fin des congés. Cependant, ceux du primaire vont continuer à recevoir du soutien pédagogique. Les élèves du secondaire, de la formation professionnelle et de l’éducation des adultes vont poursuivre les cours à distance jusqu’au 11 janvier.
Sylvain Mallette a souligné que cette continuité de l’enseignement évitera des « bris de services éducatifs et permettra de maintenir des liens avec les élèves », ce qui réduira les retards.
Par contre, il estime que le gouvernement devrait s’assurer de trouver une solution au fossé numérique qui perdure entre les élèves et répondre aux besoins en soutien technique.
« Personne ne peut vivre ce que nous avons vécu au printemps dans les établissements scolaires », a-t-il ajouté.
Il renvoie ainsi aux difficultés qui ont entravé le bon déroulement des cours à distance au plus fort de la pandémie au Québec, en raison du manque de matériel informatique dans les familles les plus démunies, des problèmes de connectivité à l’Internet haute vitesse et de l’impuissance des familles face aux désintérêts de leurs enfants pour l’école en raison des niveaux de stress générés par la COVID-19 et les mesures restrictives.
Le président de la FAE a néanmoins soutenu que la décision du gouvernement de ne pas prolonger le calendrier scolaire jusqu’en juillet s’inscrit en droite ligne des attentes de ses membres, notamment pour ce qui est de l’engagement du ministre de l’Éducation de respecter le contrat de travail.
Il suggère au ministère de retravailler les épreuves ministérielles, de prendre en considération les retards engendrés par la COVID-19 dans l’apprentissage de certains jeunes. Le but est de parvenir à déterminer en priorité les « savoirs essentiels » pour chaque programme d’études et pour chaque niveau. Ce sont des moyens pour réduire la pression sur les élèves, a-t-il admis.
Compte tenu des éclosions de plus en plus préoccupantes dans les écoles, M. Mallette souhaite que le dispositif de dépistage rapide de la COVID-19 y soit déployé.

Interactions des jeunes enfants avec des membres élargis de leurs familles durant les Fêtes de fin d’année. Le gouvernement souligne l’importance des mesures de distanciation physique durant les rassemblements d’une dizaine de personnes. Photo : iStock
Les intervenants en petite enfance inquiets
La Fédération des intervenants en petite enfance du Québec estime que les annonces du gouvernement n’ont pas intégré les préoccupations de ses membres pour la santé et la sécurité.
Les rassemblements permis les 24, 25, 26 et 27 décembre ne seraient pas accompagnés de mesures pour amoindrir les risques de contamination à la COVID-19.
Ces risques sont davantage accrus parce que les CPE et les milieux familiaux régis et subventionnés vont continuer à offrir leurs services durant cette période.
« En reconnaissant que les risques de transmission sont plus élevés durant la période des Fêtes, il est normal que nos membres soient inquiètes et qu’elles souhaitent être plus rassurées », souligne Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ.
Ces services seront notamment actifs étant donné que les personnels qui y interviennent sont considérés comme des travailleurs œuvrant dans les services essentiels pour l’accès aux services de garde urgente, notamment lors des journées d’enseignements à distance.
« Dans la mesure où le gouvernement fait le choix de maintenir les services de garde en milieu scolaire ouvert pour personnes travaillant dans les services essentiels, il nous apparaissait important que nos membres puissent également utiliser ces services », ajoute Mme Grenon.
La FIPEQ-CSQ interpelle le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, sur l’urgence de déposer un plan d’action pour rassurer le personnel des services de garde éducatifs à la petite enfance au sujet de risques de contamination.
Sources : CSQ, FAE et FIPEQ-CSQ
Lire aussi :
Deuxième vague : limiter les contacts pour éviter le pire
Écoles fermées jusqu’au 1er septembre à Montréal : risques accrus de décrochage?
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.