En temps de crise sanitaire, la plupart des entreprises au Canada reportent les échéances d'augmentation des salaires et elles mettent l'accent sur la santé aussi bien physique que psychologique de leurs employés. Crédit : Istock

Salaires et avantages sociaux en fonction des incertitudes créées par la COVID?

Plusieurs employeurs au Canada estiment que la pandémie a considérablement affecté les salaires et annoncent des ajustements. Deux nouvelles enquêtes de Gallagher, société de courtage d’assurance, de gestion de risques et de service-conseil, démontrent que cette question est au cœur des stratégies au sein de plusieurs entreprises pour assurer un équilibre financier en 2021.

Les stratégies privilégient le maintien du gel ou la réduction des augmentations salariales jusqu’à l’année prochaine. Ces augmentations avaient été prévues dans bien des cas avant l’arrivée de la pandémie de COVID-19.

Mais, en raison des incidences trop importantes de cette dernière sur les activités à l’échelle mondiale, plusieurs employeurs au Canada ont résolu, dès les premiers mois de 2020, de procéder à des ajustements. Cela s’est traduit par des réductions d’effectifs au sein de plusieurs entreprises, la cessation des embauches et des budgets dédiés aux augmentations salariales.

L’Agence de la santé publique du Canada a rapporté au cours des derniers jours que la deuxième vague de COVID-19 se propageait à un rythme plus rapide que pendant la première. Cette situation est susceptible de prolonger l’incertitude qui caractérise plusieurs secteurs d’activités.

L’élaboration des stratégies des employeurs à différents niveaux prend en compte de cette donne. C’est ainsi que près de la moitié d’entre eux ont modifié leur régime d’augmentation salariale pour l’année à venir.

Parmi ceux qui vont ainsi geler les salaires, près de la moitié entendent réduire les augmentations. D’autres employeurs envisagent de simplement réduire, suspendre et geler les salaires en 2021.

« Les réactions du marché à la pandémie et au ralentissement économique exercent des pressions à la baisse sur les salaires au Canada, et les employeurs nous indiquent que ces mesures de limitation de la rémunération se poursuivront l’an prochain », affirme Mélanie Jeannotte, présidente-directrice générale de la division des avantages sociaux et des services-conseils en ressources humaines de Gallagher au Canada.

« Il est impossible de prévoir les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les coûts et les revenus au cours de l’année à venir, ce qui amène de nombreux employeurs à remettre en question les augmentations de salaire afin de préserver des emplois en 2021 », a-t-elle commenté.

Il y a eu une enquête en 2020 sur la planification salariale 2020-2021. Ses résultats guident les décisions actuelles et futures des employeurs à l’échelle du pays. Il en va ainsi de la décision de reléguer au second plan les avantages des employés dans les circonstances actuelles, en raison des incidences négatives de la crise sanitaire sur les activités économiques.

Les entreprises se préoccupent de plus en plus du bien-être et de la santé de leurs employés en contexte de crise sanitaire. Les soins à distance sont très prisés. Crédit : Istock

Bien-être des employés : un enjeu déterminant pour la santé des entreprises

En contexte de quasi-austérité comme c’est le cas en ce moment, les employeurs mettent de l’avant la réduction des dépenses et sont en quête de stabilité dans les finances. Ils ont un défi majeur, celui du contrôle des coûts liés aux avantages sociaux.

Leurs décisions et engagements révèlent des points de similitude avec les conclusions et recommandations de l’édition canadienne de l’enquête et analyse comparative sur la stratégie relative aux avantages sociaux 2020 de Gallagher. Il s’agit d’un outil de Gallagher pour accompagner les employeurs dans les mesures visant le bien-être de leurs travailleurs, dans l’identification des priorités et des stratégies de communication sur les changements aux programmes d’avantages sociaux de 2021.

Cette enquête s’est penchée sur des données recueillies auprès de 681 employeurs, de février à juin 2020, et a permis d’élaborer un portrait des effets de la crise sanitaire actuelle sur les avantages sociaux et la rémunération des travailleurs.

Elle considère que les employés « comptent parmi les actifs les plus importants de l’entreprise, tout en étant parmi les plus onéreux en raison des coûts associés à la rémunération et aux avantages sociaux ». Dans le but de mieux contrôler les coûts, les entreprises mettent plusieurs options sur la table.

Les uns optent pour un rééquilibrage du partage des coûts entre les différentes composantes de la conception des régimes d’avantages sociaux. Pour ceux qui contribuent encore à 100 % des régimes, plusieurs n’excluent plus de réviser à la baisse leur couverture jusque-là complète de la coassurance des soins de santé prolongés, des primes de soins de santé prolongés, de la coassurance des services paramédicaux et des primes d’assurance médicaments.

« Les priorités des employeurs ont changé à la suite de la pandémie. Les dirigeants accordent moins d’importance à l’acquisition et au maintien des talents, et mettent davantage l’accent sur la stabilité financière et la continuité de leurs activités », a souligné Mme Jeannotte.

Elle met en garde contre des stratégies de révision des dépenses des entreprises au détriment du bien-être et de l’engagement des employés. Ces deux éléments sont « fondamentaux » pour le rendement de l’entreprise, a-t-elle mentionné.

« Au moment où les employeurs examinent les structures de coût des primes totales pour tenir compte de nouvelles réalités financières, il est impératif que ceux-ci répondent également aux besoins changeants de leurs employés », a conclu Mélanie Jeannotte.

En temps de pandémie, les sources de stress peuvent être multiples pour les employés. Gallagha recommande aux employeurs de ne négliger aucun des aspects s’ils attendent de leurs travailleurs qu’ils soient toujours plus efficaces et rentables. Crédti : Istock

Le bien-être émotionnel n’exclut pas la santé financière

L’enquête révèle que plusieurs employeurs ont saisi cet enjeu et ont mis en place des stratégies pour accompagner ceux de leurs travailleurs qui sont aux prises avec des difficultés en raison ou non de la pandémie. Leurs mesures et ressources d’accompagnement ciblent des enjeux tels que le bien-être émotionnel, la santé financière, entre autres sources possibles d’anxiété.

Les employeurs ont saisi la nécessité d’assouplir la rémunération globale pour l’arrimer aux attentes et aux besoins des employés. Certains n’excluent pas de satisfaire ces attentes en poursuivant notamment le télétravail après la pandémie pour satisfaire ceux de leurs travailleurs qui ont développé un goût pour le travail à distance. Celui-ci s’est imposé en raison des mesures restrictives liées à la COVID-19.

Ils seront de plus en plus nombreux à favoriser un accès accru des travailleurs aux soins de santé à distance et à des politiques et régimes d’aide aux employés plus flexibles, notamment en ce qui a trait aux congés de maladie et aux congés personnels autorisés. Ils font ainsi de la santé physique et émotionnelle des employés un objectif prioritaire. Ils entendent de cette manière améliorer leur perception de la valeur des programmes d’avantages sociaux.

Plusieurs entreprises optent pour une stratégie à plus long terme susceptible de leur permettre de mieux gérer les incertitudes qui pourraient surgir, même au-delà de la présente crise sanitaire. Ces stratégies sont voulues gagnantes tant pour les employeurs que pour les travailleurs.

Elles touchent des domaines aussi variés que les politiques de congés, de départs et de licenciements, la formation des gestionnaires, les investissements dans les ressources technologiques et leur implantation, entre autres.

« La notion d’activités régulières a perdu tout son sens en 2020. La coexistence avec la pandémie de COVID-19 a exigé un niveau d’adaptabilité sans précédent, mais les employés recherchent surtout la stabilité », explique Mélanie Jeannotte.

« Les employeurs qui peuvent trouver un juste équilibre entre la réduction des coûts et des investissements dans la santé financière, physique et mentale de leurs employés seront en meilleure position pour conserver leur personnel et attirer de nouveaux talents lorsque le marché du travail reprendra. » – Mélanie Jeannotte.

Les entreprises opteraient davantage pour des plans stratégiques à plus long terme en raison des marges de manœuvre qu’ils offrent en cas de crise. Crédit : Istock

Quelques grandes tendances des enquêtes de Gallagha :

62 % des travailleurs ont mis en œuvre des stratégies visant une augmentation des rémunérations avant la COVID-19;

En raison de la pandémie, 32 % des employeurs ont indiqué avoir modifié leurs régimes d’augmentation des salaires en 2020, et cette tendance va se poursuivre en 2020;

Dans leurs Stratégies 2021, près de 43 % des employeurs ont modifié leurs régimes d’augmentation des salaires à cause de la pandémie. Parmi eux, 45 % veulent réduire les augmentations, 35 % prévoient de suspendre, de geler les salaires, 6 % s’attendent à les réduire;

55 % des entreprises considèrent que la réduction des coûts représente un véritable défi.

L’enquête comparative sur la stratégie relative aux avantages sociaux révèle que 68 % des entreprises ont mis l’accent sur le bien-être émotionnel de leurs employés, 56 % ont amélioré les initiatives globales de leur bien-être durant la pandémie, en offrant par exemple de nouvelles ressources et de nouveaux outils (37 %), ou à travers des programmes élargis (19 %);

La majorité des employeurs contribuent encore à 100 % aux différents régimes, mais les tendances à la baisse sont de plus en plus observées en raison de la COVID-19 : 3 % des employeurs offrent une couverture complète de la coassurance des soins de santé prolongés, 6 % offrent des primes de soins de santé prolongés, 6 % offrent de la coassurance des services paramédicaux, 9 % offrent des primes d’assurance médicaments;

72 % des travailleurs à temps plein sont en télétravail au Canada, 85 %  entendent maintenir le télétravail après la pandémie;

En 2020, 66 % des employeurs planifient et gèrent encore les avantages sociaux d’une année à l’autre, 12 % optent pour une stratégie sur plusieurs années.
Source : Gallagha

Source : Gallagha

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Catégories : Société
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