L’avocate de 47 ans, qui a notamment travaillé à la Cour pénale internationale, est arrivée sur la scène politique dans l’intention d’injecter plus de diversité dans son parti, mais aussi dans toute la classe politique canadienne. (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)

Le profil bas d’Annamie Paul n’aide pas les verts à remonter dans les sondages

Elle est noire, juive et on la dit brillante. Mais deux mois après son élection à la tête du Parti vert du Canada, l’avocate des droits de l’homme et spécialiste des questions internationales laisse les électeurs indifférents.

Selon un récent sondage de la firme Abacus Data, 32 % des Canadiens ont une impression neutre de la première Noire à diriger de façon permanente un parti fédéral au Canada. Et 40 % confient ne pas en savoir suffisamment sur elle pour s’être formé une opinion.

Seuls 29 % des Canadiens interrogés ont affirmé avoir suffisamment de données sur Annamie Paul pour se faire une impression positive ou négative d’elle. Ces opinions sont partagées entre 15 % d’opinions positives et 14 % d’opinions négatives.

Ni chaud ni froid : un mélange électoral peu performant

Cette indifférence de 7 électeurs sur 10 a une incidence élevée sur les intentions de vote. Selon les données de sondage de CBC News, au moment de son élection, le parti d’Annamie Paul avait le soutien de 6,1% des électeurs.

Aujourd’hui, ce soutien a chuté d’un dixième de point de pourcentage. Il est donc essentiellement inchangé. Lors des élections fédérales à l’automne de l’an dernier, sous la précédente cheffe Elizabeth May, le parti avait obtenu 6,5 % des voix.

Le cas d’Annamie Paul n’est pas unique en ce moment. Erin O’Toole, le nouveau chef du Parti conservateur du Canada, a été élu quelques semaines avant Mme Paul. Il vient de célébrer son 100e jour à la tête de sa formation politique et celle-ci n’a enregistré durant cette période qu’une augmentation de popularité de 1 % auprès des électeurs.

Diplômée de l’Université d’Ottawa et de l’Université de Princeton aux États-Unis, elle a fondé le Canadian Centre for Political Leadership, une organisation caritative qui forme les femmes et les minorités sous-représentées à devenir candidates. Elle a travaillé à Bruxelles au sein d’une organisation non gouvernementale dédiée à la prévention des conflits, à La Haye en tant que conseillère à la Cour pénale internationale et comme agente politique à la mission du Canada auprès de l’Union européenne. (Parti vert)

La cheffe des verts profiterait d’un siège de député au parlement

En tant que chef d’un petit parti sans statut officiel à la Chambre des communes, il n’est pas facile pour Annamie Paul, qui en plus n’est pas élue, de se tailler une visibilité et un profil national. Seulement 1,8 % des Canadiens pensent par exemple qu’elle ferait la meilleure première ministre du Canada, selon les résultats d’un autre sondage récent effectué par la firme Nanos Research.

Annamie Paul s’est certes classée deuxième lors d’une élection partielle le 26 octobre dernier dans une circonscription de Toronto remportée traditionnellement par les libéraux du premier ministre Justin Trudeau. Elle y a augmenté la part de vote des verts de 26 % par rapport à l’élection générale de l’année dernière. Elle est originaire de Toronto et ses gains ont donc été impressionnants, selon les analystes politiques.

Elle aurait pourtant besoin d’un autre grand coup de pouce pour occuper un siège de député. Le gouvernement en place étant minoritaire, des élections pourraient être déclenchées à tout moment. Les verts seraient bien avisés de trouver à Mme Paul un siège dans une circonscription avec une base préexistante d’électeurs favorables au Parti vert. Il y a des circonscriptions en Colombie-Britannique, dans le sud-ouest de l’Ontario et dans l’Île-du-Prince-Édouard qui pourraient faire l’affaire.

Annamie Paul en campagne électorale dans la ville de Toronto en novembre dernier (Toronto Star)

Les idées politiques tranchantes d’une dirigeante au profil effacé

Née au Canada en 1972 de parents venus des Caraïbes dans les années 1960, elle parle avec fierté des origines modestes de sa famille. Sa mère a été enseignante pendant plus de 30 ans, et sa grand-mère était aide-infirmière.

Au cours d’un événement de campagne dans la course à la direction de son parti, cependant, elle avait fait l’objet d’insultes racistes et antisémites, un incident qui lui avait fait dire « que nous avons encore du travail à faire ». Annamie Paul veut faire participer davantage de jeunes, de personnes diverses et de régions dans les décisions politiques.

Parmi ses points de vue sur l’environnement, elle soutient la protection des terres par les Autochtones, le renforcement d’une taxe sur le carbone et l’investissement dans les énergies et les technologies propres.

Elle affirme que des politiques sociales comme le revenu de base universel et l’assurance médicaments aideront le parti à se développer aux prochaines élections.

Elle décrit les autres partis fédéraux comme étant « intellectuellement épuisés », et accuse le NPD, parti de gauche, les libéraux et les conservateurs de se tourner vers le Parti vert pour y puiser leurs idées politiques.

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Cherchant à attirer l’électorat progressiste canadien, Mme Paul s’est appuyée jusqu’à maintenant sur les politiques sociales phares du Parti vert telles que le revenu minimum garanti, l’accès universel à l’éducation postsecondaire, l’assurance médicaments ou encore la décriminalisation de toutes les drogues. (Photo : Adrian Wyld/The Canadian Press)

RCI avec CBC News et La Presse canadienne

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