En fonction des régions et de la gravité de la situation, l’Ontario a prévu un déconfinement progressif des commerces non essentiels à partir du 10, 16 et 22 février. L’Association médicale ontarienne (AMO) met en garde contre la menace des variants et des décisions non éclairées par la science. Crédit : Istock

COVID-19 en Ontario : serait-il risqué d’alléger les restrictions actuelles?

Dans une conférence de presse mercredi, la présidente de l’Association médicale ontarienne (AMO), Samantha Hill, a attiré l’attention des responsables politiques sur la nécessité de ne prendre de décision en ce sens qu’en se fondant sur les mégadonnées scientifiques.

Étant revenue sur cette question dans une entrevue avec Alice Chantal Tchandem, Mme Hill a affirmé qu’une ouverture précipitée viendrait en quelque sorte élargir le spectre d’une troisième vague de la pandémie dans la province. Cet argumentaire est fondé sur le fait que des variants sont bien présents en Ontario et font redouter une propagation exponentielle comme c’est le cas au Royaume-Uni.

« Nous savons que la propagation de la variante B117 a provoqué une troisième vague au Royaume-Uni qui était pire que les deux premières, avec beaucoup plus de gens affectés par la COVID. Les médecins de l’Ontario veulent éviter cette situation ici à tout prix », a relevé la présidente de l’AMO.

Elle estime qu’avec 1000 nouveaux cas tous les jours, un allègement des restrictions pourrait poser un risque pour les patients et d’accentuer la pression sur le réseau de santé.

« Par exemple, on continue d’être en arrière de 14 millions de services médicaux en Ontario. Cela constitue un déficit pandémique de plus d’un service médical pour chaque Ontarien », a-t-elle observé.

Relayant la position de ses membres, Samantha Hill souligne que les médecins de l’Ontario pensent qu’il n’existe pas suffisamment de données et de preuves scientifiques pour réduire les restrictions sanitaires en ce moment.

C’est pourquoi ils appellent au respect des mesures de santé publique. Et même si la vaccination amorcée au pays depuis quelques semaines permet d’espérer de réelles améliorations, les variants sèment le doute, d’où l’importance de demeurer prudent.

« On ne connaît pas tous les détails sur les nouveaux variants. On doit continuer à faire attention au nombre d’infections pendant la distribution des vaccins. Les médecins sont prêts à fournir toute l’aide nécessaire pour faire vacciner les Ontariens », a assuré la présidente.

Il y a eu quelque appréhension, au cours des derniers jours, en ce qui concerne la disponibilité de nouvelles doses de vaccins commandées par le gouvernement du Canada auprès des compagnies pharmaceutiques.

Jeudi, Ottawa a diffusé un message plutôt rassurant concernant les livraisons qui se feront dans les prochaines semaines et a mentionné que le carnet de commandes sera bel et bien respecté. Le gouvernement fédéral promet jusqu’à 6 millions de doses au 1er mars. L’AMO recommande une gestion rigoureuse dès qu’elles seront accessibles.

« Le gouvernement doit s’assurer que les médecins soient prêts pour administrer les vaccins dès qu’ils sont disponibles et pour s’assurer qu’aucune dose n’est gaspillée », a dit Samantha Hill.

En début février, ce sont près de 89 000 Ontariens qui avaient reçu une dose. Cette province s’est ainsi positionnée comme celle qui a le plus procédé à l’immunisation de sa population au Canada.

L’Ontario assure que le retour en classe sera accompagné par des mesures de protection supplémentaires. Photo : iStock

Semaine de relâche reportée

Redoutant les possibilités de voyages non essentiels des zones rouges vers d’autres zones pendant la relâche scolaire, la présidente de l’AMO a invité le gouvernement à faire preuve de vigilance.

Il doit notamment prendre des mesures pour protéger les zones où il y a peu de cas de COVID-19, en interdisant tous les déplacements non essentiels. Il faut aussi accentuer le traçage des contacts en renforçant les ressources et continuer à contraindre les personnes à s’isoler quand elles ont des symptômes.

Par ailleurs, l’Ontario doit augmenter les capacités des laboratoires afin qu’ils soient mieux outillés pour reconnaître les variants et pour accélérer le déploiement des tests rapides, notamment dans les écoles et les zones à haut risque.

Alors que l’apprentissage en classe pour tous les écoliers est annoncé pour le 16 février, Stéphane Lecce, le ministre de l’Éducation de l’Ontario, a mentionné jeudi que le gouvernement avait versé un montant supplémentaire de 1,6 milliard de dollars pour protéger les écoles contre la propagation de la COVID-19. Les mesures de protection comprennent les tests de dépistage rapide pour les élèves et le personnel, ainsi que le port du masque.

M. Lecce a indiqué que la semaine de relâche sera reportée de mars à la semaine du 12 au 16 avril. Une décision fondée sur les meilleurs conseils du médecin hygiéniste en chef de l’Ontario, des responsables de la santé publique et des médecins hygiénistes locaux, a-t-il précisé dans un communiqué.

Le ministre de l’Éducation a également annoncé que les rassemblements et les voyages sont limités. Certaines provinces, à l’instar du Québec, redoutent la propagation des variants découverts dans le nord de l’Ontario. Mais les autorités ont fait savoir que des barrières de contrôle policier ne seront pas installées aux frontières entre les deux provinces. En se basant sur l’avis des experts médicaux, M. Lecce a invité les Ontariens à s’abstenir de voyager.

Avec l’AMO et des informations du ministère de l’Éducation de l’Ontario

Lire aussi :

COVID-19 : triage à l’essai dans les hôpitaux du Québec et de l’Ontario

COVID-19 : l’Ontario en état d’alerte à partir de jeudi

Catégories : Non classé
Mots-clés : , , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.