Une personne passe devant un panneau d’arrêt affiché en anglais et en inuktitut dans la ville d’Iqaluit, au Nunavut, le 28 mars 2009. LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette

Bureau commissaire aux langues autochtones: un commissaire et directeur annoncé

Le ministre du Patrimoine canadien Stephen Guilbault et ses collègues fédéraux ont saisi l’occasion de la journée nationale des langues autochtones pour présenter quelques engagements du gouvernement en vue de soutenir et d’assurer la vitalité de ces langues sur l’ensemble du territoire national.

C’est une manière pour le gouvernement libéral de concrétiser l’un de ses engagements prioritaires de campagne électorale. Il s’agit de bâtir et de consolider une relation renouvelée avec les Autochtones, et ce, dans un esprit de « respect » et de « collaboration ».

Sur le terrain linguistique, Ottawa dit porter un message inspiré de la « passion » et de la « détermination ». Ce sont des qualités qu’affichent les Autochtones eux-mêmes, surtout quand il s’agit de défendre leurs valeurs, leur culture et leurs langues.

C’est ce qui découle de la déclaration de circonstance des ministres Guilbault, Carolyn Bennett, des Relations Couronne-Autochtones, Dan Vandal, des Affaires du Nord, et Marc Miller, des Services aux Autochtones.

Les relations avec les Autochtones au Canada sont marquées par un passé qui a laissé des séquelles douloureuses. Il y a eu le chapitre de la colonisation et ses corollaires de pensionnats pour enfants autochtones, la question des pipelines pétroliers souvent marquée par des épisodes de spoliation de terres autochtones, les violations de droits avec en toile de fond le racisme et la  marginalisation dont sont victimes ces communautés, entre autres.

Reconnaissant les torts, le fédéral œuvre depuis quelques années à panser les plaies et à écrire de nouvelles pages moins tristes et moins douloureuses.

« Aujourd’hui, nous réitérons notre engagement à corriger les torts du passé en donnant suite aux appels à l’action de la Commission-vérité et réconciliation du Canada, et en soutenant les peuples autochtones dans leurs efforts pour se réapproprier, revitaliser, maintenir et renforcer leurs langues », ont affirmé les ministres fédéraux dans leur déclaration du 31 mars.

L’enseignante aînée Siipa Isullatak enseigne en inuktitut aux enfants comment coudre, à l’école primaire Nakasuk, à Iqaluit, au Nunavut, mercredi 1er avril 2009. LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette

Définir un nouveau modèle de financement des langues autochtones

Le fédéral démontre, à travers la déclaration, une réelle volonté de poser des actions concrètes pour répondre aux attentes des Autochtones en ce qui concerne les questions linguistiques.

En plus de nommer un commissaire et directeur au bureau du Commissaire aux langues autochtones, Ottawa veut définir un nouveau modèle de financement de ces langues.

Il s’agit d’un nouveau modèle qui se veut plus « souple et prévisible axé sur les besoins des Premières Nations, des Inuits et des Métis », souligne le communiqué.

Les efforts s’inscriront également en droite ligne des préoccupations soulevées par le rapport final de l’enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées.

En le mentionnant, les ministres fédéraux apportent en quelque sorte une réponse aux multiples sollicitations des chefs de communautés autochtones partout au pays.

Ceux-ci ont exprimé, à maintes reprises, des craintes de voir les différents rapports et recommandations formulées, à la suite d’enquêtes, être voués aux oubliettes.

L’objectif d’assurer la vitalité des langues autochtones se réalisera de pair avec celui de soutenir les connaissances et de protéger la culture. Le gouvernement entend aussi appuyer les femmes et filles autochtones, les personnes bispirituelles et LGBTQQIA+ dans leurs actions diversifiées, et poursuivre la lutte contre le racisme.

L’ensemble des démarches privilégie le dialogue et la collaboration avec les peuples autochtones. Selon les autorités, c’est une façon de faire qui sera profitable pour tous.

« Nous sommes convaincus qu’ensemble, nous trouverons une façon de protéger les langues autochtones en plus de veiller à ce qu’elles prospèrent et enrichissent notre vie à tous », ont déclaré les ministres fédéraux.

En savoir davantage sur les langues autochtones au Canada :

– il en existe une soixantaine au pays;
– elles sont divisées en 12 familles linguistiques;
– près de 213 000 personnes ont déclaré parler une langue autochtone à titre de langue maternelle, en 2011;
– la famille de langues algonquiennes compte le plus grand nombre de locuteurs à l’échelle du Canada, avec 144 015 personnes qui ont déclaré une langue maternelle appartenant à cette famille. Elle regroupe les langues cries, ojibwé, innu/le montagnais, oji-cri;
– les langues inuites et athabascanes sont souvent déclarées comme 2e et 3e familles linguistiques. En ce qui concerne les langues inuites, l’Inuktitut est considérée comme la langue maternelle le plus fréquemment déclarée dans cette famille;
– neuf autres familles de langues autochtones représentent près de 6 % de la population ayant déclaré une langue maternelle autochtone, dont cinq en Colombie-Britannique regroupant jusqu’à 30 langues maternelles autochtones différentes;
– le Mitchif est la langue traditionnelle des Métis. Elle est parlée par 640 personnes en Saskatchewan, au Manitoba et en Alberta;

Source : Patrimoine Canada et Statistique Canada

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