L’union des producteurs agricoles (UPA) soutient que le gouvernement peut faire mieux pour accompagner ses membres dans l’adoption de saines pratiques environnementales. Elle suggère ainsi à Québec d’œuvrer au retrait de l’industrie dans le secteur de la recherche sur les pesticides, de soutenir le transfert des connaissances chez les producteurs, d’investir davantage dans la recherche et le secteur biologique. Crédit : Istock

Pesticides et influence de l’industrie : les agriculteurs du Québec en mode dénonciation

L’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA) s’est prononcée, une fois de plus, sur l’intrusion de l’industrie des pesticides.

Les ventes de pesticides atteignent jusqu’à 500 millions de dollars chaque année au Québec. Au Canada, c’est multiplié par 10.

En remettant sur la table la question de la trop grande influence de l’industrie, l’UPA ranime un sujet qui a fait la une de l’actualité au Québec il y a près de deux ans.

Cela concerne Louis Robert, agronome et fonctionnaire. En raison des dénonciations de l’implication de l’industrie dans la recherche sur les pesticides financée par l’État, ce dernier avait été congédié du ministère de l’Agriculture. Il avait été réhabilité après une mobilisation de ses pairs et d’autres membres de la société civile.

Louis Robert, agronome, lanceur d’alerte congédié du ministère de l’Agriculture, le 24 janvier 2019. Photo : Radio-Canada

Depuis cette affaire, il y a eu une petite avancée, notamment en ce qui a trait à l’appui apporté par le gouvernement aux producteurs agricoles dans leur quête de pratiques environnementales durables. Malgré tout, l’UPA observe que d’autres efforts sont nécessaires pour que les retombées d’un tel appui soient plus perceptibles.

« Le désengagement de l’État dans l’accompagnement des producteurs en matière environnementale a favorisé une influence accrue de l’industrie des pesticides et des fertilisants dans toutes les sphères agricoles », observe Marcel Groleau, le président de l’UPA, dans un communiqué.

Selon M. Groleau, les producteurs agricoles sont engagés depuis plus de trois décennies dans une lutte acharnée contre l’influence marquée des agronomes. L’offre des services-conseils devrait désormais les exclure, car ils miseraient davantage sur les profits que sur la santé des producteurs et des consommateurs.

« Les clubs agroenvironnementaux sont nés de cette mobilisation des producteurs et ils ont fait un travail de pionnier auprès d’eux en matière d’environnement. Encore aujourd’hui, plus de 6000 fermes en sont membres», ajoute-t-il.

Les changements climatiques posent d’importants défis aux producteurs. Ils doivent trouver des façons efficaces de combattre les ravageurs de cultures.

C’est un objectif qui ne devrait pas se réaliser au détriment de la préservation de l’environnement. Il est recommandé que pour plus de transparence et d’équité, on mette de côté les intérêts partisans des opérateurs de l’industrie pour prendre des décisions éclairées par la science en ce qui a trait à l’usage des pesticides et fertilisants.

« Les producteurs du Québec sont de plus en plus critiques et conscients des risques associés aux pesticides et à la surfertilisation », relève le président de l’UPA.

Il appelle les producteurs à faire les bons choix en raison des défis environnementaux de plus en plus grands.

« Le travail doit se poursuivre, et les producteurs agricoles, qui doivent assumer les décisions qu’ils prennent sur leurs fermes, doivent être au cœur de la stratégie agroenvironnementale du gouvernement », conclut-il.

Le gouvernement est appelé à renforcer son rôle en investissant davantage en agroenvironnement. L’UPA suggère aussi la tenue d’une commission parlementaire sur l’usage des pesticides. Par ailleurs, leur vente devrait être dissociée des services-conseils offerts par le secteur privé.

L’organisation en profite aussi pour faire la promotion de son plan. Il prévoit des investissements de 600 millions sur 10 ans.

Ces investissements visent la réduction à terme de l’usage des pesticides et leur remplacement par des pratiques plus durables. C’est d’ailleurs ce plan qui aurait inspiré celui du gouvernement québécois dévoilé à la fin de 2020.

Selon un communiqué de l’UPA

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Catégories : Économie
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