Selon Reporters sans frontières, 8 journalistes ont été tués dans le monde en 2021 et 321 autres emprisonnés. En 2020, on parlait de 50 journalistes tués dans leur cadre de leurs fonctions à l’échelle internationale. Dans un message ce 3 mai, le premier ministre Justin Trudeau souligne l’engagement du Canada à poursuivre les efforts pour promouvoir la liberté d’expression et de la presse à travers le monde. Crédit : Istock

Système de communication : un impact sur la santé, les droits et la démocratie

En ce 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, l’UNESCO apprécie le thème de cette année qui « prend en compte l’évolution d’un système de communication qui a un impact sur notre santé, les droits de l’homme, la démocratie et le développement durable ».

Information fiable en temps opportun

Le premier ministre Justin Trudeau écoute un conférencier virtuel lors d’une conférence de presse, à Ottawa, le vendredi 30 avril 2021. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld

En effet, le thème de cette 30e édition est L’information comme bien public ».

Commentant ce thème, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, souligne l’importance de mettre à la disposition du public une information « de qualité, claire, véridique et essentielle dans une société démocratique ».

Il s’agit de concepts prônés auparavant par les auteurs Henry H. Schulte et Marcel P. Dufresne dans l’ouvrage Pratique du journalisme.

Par exemple, la notion de droit de l’homme mise de l’avant dans cet ouvrage touche à la question du droit au respect de la vie privée tout en fixant les limites éthiques permises, en définissant le rôle du journaliste et la notion de l’intérêt public entourant une information.

Montrant que la marge de manœuvre entre la liberté d’expression et de presse et le droit de chacun au respect de sa vie privée peut être très étroite, les auteurs invitent les journalistes à se poser ces quelques questions fondamentales :

- À partir de quel moment le droit légitime d’être laissé tranquille se trouve-t-il compromis par le droit tout aussi légitime qu’a le public d’être tenu au courant des faits?

– Qu’est-ce qu’un personnage public et quel type d’information le concernant vaut-il la peine d’être publié?

– À quelles règles éthiques faut-il se plier pour justifier l’utilisation des informations relevant d’une sphère privée pour souligner des faits qui concernent ou pas des personnalités publiques?

Il revient à tout journaliste au fait des pratiques et codes de conduite en place dans chaque organe de presse de savoir quelles peuvent être les limites légales et éthiques à ne pas franchir.

En raison du grand nombre de plaintes qui sont enregistrées pour atteintes présumées à la vie privée des individus, on serait tenté de croire que des éclairages supplémentaires s’imposent. Cela permettra de mieux accompagner la presse lorsqu’il est question de trouver un juste milieu entre la vie privée des personnes, publiques ou non, et la publication d’une nouvelle.

L’information comme bien public est donc une information qui est « fondée sur les valeurs d’honnêteté et de respect, d’équité et de justice, de liberté et de dignité », a soutenu Justin Trudeau.

En contexte de pandémie, le premier ministre du Canada a mis en exergue la pertinence de mettre à la disposition du public une information « fiable en temps opportun ». Celle-ci est susceptible de contribuer à « faire la différence entre la vie et la mort ».

Il faut donc être capable de cerner l’information utile pour un public donné, dans un contexte spécifique.

« À une époque où l’information est plus facile à manipuler et plus abondante que jamais, le rôle des journalistes dans nos vies et dans la santé de nos communautés n’a jamais été aussi important », a relevé M. Trudeau.

Celui-ci n’a pas manqué de saluer le travail des journalistes qui œuvrent jour et nuit depuis le début de la pandémie pour « analyser les données liées à la COVID-19, combattre la désinformation et relayer des histoires vitales au sujet de la pandémie pour veiller à nous informer et à nous protéger ».

Le Canada travaille de concert avec ses partenaires afin qu’une nouvelle résolution sur l’enjeu de la liberté d’expression et de la presse soit réinscrite à l’ordre du jour au Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Photo : iStock

Nécessité pour les gouvernements de respecter l’engagement envers la liberté de la presse

La conférence internationale de la Journée internationale de la liberté de la presse 2021 s’est tenue du 29 avril au 3 mai. La directrice générale de l’UNESCO a invité les États à poursuivre leur appui à la liberté de la presse.

Cela exige nécessairement de réfléchir à des questions comme le soutien aux médias ou l’abolition des libertés.

C’est aussi en commémorant les journalistes disparus dans le cadre de l’exercice de leur profession. Dans le monde, les cas de disparitions, d’arrestations et d’incarcérations de journalistes restent importants, malgré 30 ans de sensibilisation.

Un prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano existe. Il a été nommé en mémoire du journaliste colombien tué devant les locaux de son journal, Espectador, à Bogota, le 17 décembre 1986. La journaliste d’investigation d’origine philippine Maria Ressa est la lauréate cette année.

L’UNESCO met l’accent sur le caractère véridique d’une information, contre la désinformation et la propagation de fausses nouvelles par l’entremise des médias sociaux. Les journalistes sont éclairés sur les pièges à éviter et sur les précautions à prendre.

L’UNESCO met en lumière trois impératifs dans le secteur de la communication au 21e siècle :

– les mesures pour assurer la vitalité économique des médias d’information;
– les mécanismes pour assurer la transparence des sociétés sur Internet;
– le renforcement de l’éducation aux médias et à l’information qui permet au public de reconnaître et de valoriser, en plus de le défendre et de l’exiger, le journalisme en tant qu’élément essentiel de l’information, celle-ci étant considérée comme un bien public (Source : UNESCO).

Il convient de remonter aux origines de la Journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai 1991, à Windhoek, en Namibie, pour saisir combien la Déclaration en vue du développement d’une presse libre, pluraliste et indépendante continue de revêtir une signification toute particulière aujourd’hui.

« Trente ans plus tard, le lien historique établi entre la liberté de rechercher, de communiquer et de recevoir des informations et les notions de biens publics demeure pertinent », observe l’UNESCO qui justifie ainsi le choix du thème de cette année.

L’Information comme bien public suppose donc une marchandise, qui fait appel à un système de production, de diffusion et de réception de contenus.

C’est un travail de journalistes qui, selon l’UNESCO, doit être « renforcé », en plus de faire « progresser la transparence et l’autonomisation tout en ne laissant personne de côté ».

C’est pour cela qu’Audrey Azoulay, la DG de cette institution spécialisée des Nations unies, invoque un thème qui « souligne la valeur incontestable d’une information vérifiée et fiable ».

Elle fait appel à la liberté et au professionnalisme des journalistes dans la production et la diffusion d’une nouvelle. Ces derniers étant eux-mêmes invités à se placer en première ligne dans la lutte contre la propagation de fausses informations qui peuvent avoir des conséquences fâcheuses à plusieurs titres.

Selon des informations du cabinet du premier ministre du Canada, de l’UNESCO et des notions de l’ouvrage Pratique du journalisme.

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Catégories : Société
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