À quoi ressemblent les communautés afro-canadiennes?

Les immigrants noirs de longue date sont surtout originaires des Caraïbes, alors que les immigrants récents noirs proviennent principalement d’Afrique. Plus de la moitié (56,7 %) des immigrants noirs arrivés avant 1981 sont nés en Jamaïque et en Haïti. (Photo : marieclaudelemay / iStock)

Jeunes, pluriethniques, plurilinguistiques et discriminées. C’est ainsi qu’on peut décrire les communautés noires du Canada.

Parmi les diverses études réalisées par Statistique Canada, plusieurs concernent les communautés noires du pays. On y trouve recherches sur la démographie, la discrimination dont ils sont victimes encore aujourd’hui, leurs langues et origines et ainsi que sur leur situation financière, entre autres. 

Par exemple, dans l’étude Diversité de la population noire au Canada : un aperçu, on apprend que la population noire représente actuellement 3,5 % de la population totale du Canada, soit 1,2 million de personnes.

Aussi que c’est une population qui croît rapidement. En 20 ans, la population noire a doublé, passant de 573 860 personnes en 1996 à 1 198 540 en 2016.

Aujourd’hui, les Noirs représentent 15,6 % de la population définie comme minorité visible. Selon les projections démographiques de Statistique Canada, la population noire devrait s’accroître dans le futur et pourrait représenter entre 5,0 % et 5,6 % de la population canadienne d’ici 2036.

En comparaison au reste de la population, la population noire est plus jeune. En 2016, l’âge médian de la population noire était de 29,6 ans, alors qu’il était de 40,7 ans pour la population totale. (Photo : MStudioImages / iStock)

La moitié de la population noire est composée d’immigrants reçus ou des résidents permanents au Canada

Les personnes noires au Canada ont des origines et des expériences diversifiées. Certaines sont établies au pays depuis plusieurs générations, alors que d’autres ont immigré au cours des dernières décennies.

En 2016, environ 623 195 personnes noires étaient des immigrants, ce qui comprenait les immigrants reçus/résidents permanents et les citoyens canadiens par naturalisation

Par ailleurs, environ 44 285 personnes noires étaient des résidents non permanents au Canada en 2016, ils vivaient temporairement au Canada avec un permis de travail ou d’études ou comme demandeurs du statut de réfugié (demandeurs d’asile).

Les immigrants noirs de longue date étaient surtout originaires des Caraïbes, alors que les immigrants récents noirs proviennent principalement d’Afrique. Plus de la moitié (56,7 %) des immigrants noirs arrivés avant 1981 sont nés en Jamaïque et en Haïti.

Les Noirs au Canada sont plurilingues, ils parlent plus de 100 langues

Toujours selon l’étude de Statistique Canada intitulé Diversité de la population noire au Canada: un aperçu, en 2016, l’anglais était la langue maternelle, soit la première langue apprise à la maison dans l’enfance et encore comprise, de près 60% de la population noire, surtout à l’extérieur de la province francophone de Québec. Le français était la langue maternelle de 19,6 %.

Cependant, un pourcentage plus élevé de la population noire parle le français à la maison, 28 %, comparativement à la population totale, 23,3 %.

Les langues créoles, le somalien, l’amharique et les langues nigéro-congolaises, étaient les autres langues maternelles les plus fréquemment mentionnées.

Au total, plus de 100 langues ont été déclarées comme langue maternelle par la population noire.

(Photo : FG Trade / iStock)

Plus de 80% des personnes noires ont subi de la discrimination

À l’été 2020, Statistique Canada a mené une vaste étude pour avoir une idée plus précise de l’expérience de la discrimination pendant la pandémie de COVID-19, et comment celle-ci affectait plus particulièrement certaines populations au pays.

Selon ces données recueillies à l’aide d’une initiative d’une recherche-action, les participants noirs étaient plus de deux fois plus susceptibles que les participants blancs de signaler qu’ils avaient été victimes de discrimination depuis le début de la pandémie COVID-19.

Parmi les participants noirs qui ont été victimes de discrimination, 84 % ont déclaré avoir subi une discrimination liée à la race ou à la couleur de la peau.

Environ 46 % des participants noirs avaient un faible niveau de confiance dans le système judiciaire, comparativement à 22 % des participants blancs.

Près de la moitié des participants noirs ayant déclaré avoir subi de la discrimination ont dit que la situation s’était produite dans un magasin, une banque ou un restaurant.

Le taux d’emploi des personnes noires est plus faible que celui du reste de la population, pourquoi?

Les jeunes hommes noirs étaient près de deux fois plus susceptibles que les autres jeunes hommes d’être ni en emploi, ni aux études, ni en formation en 2016. Selon les résultats du Recensement de 2016 sur le parcours scolaire et intégration au marché du travail des jeunes Noirs au Canada, la discrimination vécue par la population noire pourrait expliquer certains des résultats de l’étude. Par exemple en 2014, 13 % des Canadiens noirs, par rapport à 6 % de leurs homologues qui n’étaient pas noirs, ont déclaré avoir subi de la discrimination au travail ou dans le contexte d’un processus d’embauche. (Photo : FG Trade / iStock)

Selon les auteurs de l’étude Évolution de la situation socioéconomique de la population noire au Canada, 2001 à 2016, l’emploi et le chômage sont tous deux associés à de nombreux facteurs démographiques et socioéconomiques tels que le statut d’immigrant, la situation familiale (notamment la monoparentalité), le sexe et scolarité.

Par ailleurs, cette étude a révélé que le taux d’emploi des personnes noires âgées de 25 à 59 ans était inférieur à celui observé dans le reste de la population.

En 2016, chez la population noire de ce groupe d’âge, 78 % des hommes et 71 % des femmes occupaient un emploi, comparativement à 83 % et à 76 % de leurs homologues dans le reste de la population.

Bien que les taux d’emploi des hommes noirs soient plus élevés que ceux des femmes, cela n’est plus le cas en 2016 dans la population de deuxième génération. En 2016, le taux d’emploi de ces femmes se situait à 78 %, surpassant par le fait même d’un point de pourcentage celui de leurs homologues de sexe masculin.

Par ailleurs, en 2016, les travailleuses noires étaient principalement concentrées dans le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale. En effet, 33 % d’entre elles occupaient un emploi dans ce secteur, ce qui représente 12 points de pourcentage de plus que dans le reste de la population des travailleuses (21 %).

Une population aux revenus faibles

27 % des enfants noirs au Canada âgés de moins de 15 ans vivaient au sein d’une famille se trouvant en situation de pauvreté (Photo : FangXiaNuo / iStock)

En 2016, selon la mesure de faible revenu fondée sur le panier de consommation, 27 % des enfants noirs âgés de moins de 15 ans vivaient au sein d’une famille se trouvant en situation de pauvreté. Comparativement, ce pourcentage chez le reste des enfants canadiens était deux fois moindre, soit 14 %.

Il faut noter que les enfants noirs faisant partie de toutes les familles (immigrantes, de deuxième génération et de troisième génération ou plus) étaient susceptibles d’être touchés par cette situation.

Ainsi, le taux de pauvreté atteignait 24 % des enfants nés au sein de familles de deuxième génération et 27 % de ceux faisant partie de familles immigrantes.

Un élément qui attire particulièrement l’attention est l’origine des enfants, et des familles, qui présentent les taux de pauvreté le plus élevés.

En effet, les enfants originaires de l’Éthiopie, la Somalie, l’Érythrée, le Soudan et le Soudan du Sud, et des pays antillais Saint-Vincent-et-les Grenadines, Sainte-Lucie et la Grenade présentent les taux de faible revenu les plus élevés en 2015, soit des taux supérieurs à 30 %.

Les personnes noires font preuve d’une grande résilience

(Photo : constantgardener / iStock)

L’étude La population noire au Canada : éducation, travail et résilience fait état du courage dont les populations noires font preuve au Canada.

En effet, en 2016, 44 % des personnes noires disaient être « toujours » en mesure de rebondir rapidement après des moments difficiles, cette proportion étant de 33 % dans le reste de la population.

Un élément clé de la résilience, selon cette étude, est la manière dont les personnes tirent des leçons positives d’expériences négatives.

Après des expériences difficiles, 65 % de la population noire croyait avoir « toujours » tiré des leçons de ces expériences, comparativement à 48 % pour le reste de la population.

Par rapport au reste de la population, les personnes noires étaient proportionnellement plus nombreuses à déclarer être « toujours » en mesure de poursuivre leur vie normalement après des expériences difficiles (41 % comparativement à 32 %).

RCI avec les informations des études de Statistique Canada : Diversité de la population noire au Canada : un aperçu, Expérience de la discrimination pendant la pandémie de COVID-19, Évolution de la situation socioéconomique de la population noire au Canada, 2001 à 2016 et La population noire au Canada : éducation, travail et résilience.

Pour en savoir plus :

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RCI • Radio Canada International

Luc Simard
– Directeur, Diversité et Relations Citoyennes de Radio-Canada

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