Une nouvelle étude nationale montre que les Canadiens Noirs sont non seulement plus susceptibles d’attraper la COVID-19 que les autres Canadiens, mais aussi de subir des licenciements en raison du virus.
L’étude, menée par le Conseil afro-canadien de l’engagement civique et le Groupe de recherche innovatrice, basé à Edmonton en Alberta, examine les impacts sanitaires et économiques de COVID-19 du point de vue des Canadiens noirs et de ceux de la population canadienne en général.
Elle a été mise sur pied en réaction aux demandes répétées des représentants des communautés Noires au pays, de chercheurs et d’organismes sociaux de tout le Canada, qui ont souligné que le manque de données sur la race constituait un obstacle à l’obtention de l’aide nécessaire pour les personnes les plus touchées par la pandémie.
Les résultats de l’étude confirment les pires appréhensions: les Canadiens Noirs sont plus susceptibles que les autres Canadiens d’être infectés ou hospitalisés par la maladie et ils ont près de trois fois plus de chances de connaître quelqu’un qui est mort après avoir contracté la COVID-19.
Ces personnes sont également confrontées à des licenciements, à une réduction des heures de travail et à une diminution des revenus des ménages à des taux plus élevés que les autres Canadiens, les hommes de plus de 45 ans étant les plus touchés, selon les résultats de l’étude.
56 % des répondants noirs ont déclaré que leur emploi, ou celui de quelqu’un qu’ils connaissaient, avait été touché, contre une moyenne nationale de 46 %.
Placés dans des situations à plus hauts risques que les autres Canadiens
« Il semble que ces personnes se trouvent tout naturellement dans une situation à plus haut risque compte tenu de leur situation socio-économique et démographique », déclare Jason Lockhart, vice-président d’Innovative et chercheur principal du projet.
Les Canadiens noirs ont révélés aux enquêteurs qu’ils estiment que leur routine quotidienne leur fait courir un plus grand risque d’attraper le COVID-19.
Ils déclarent plus souvent que les autres Canadiens que leur travail les oblige à travailler face à face avec des gens et que, quelle que soit la qualité de leur protection, ils ont le sentiment que leur routine quotidienne les expose à un risque élevé d’infection.
Ces personnes qui occupent plus des emplois de première ligne, comme les caissiers, les préposés aux services de soutien personnel, les infirmières et les chauffeurs, et qui utilisent les transports en commun pour se rendre au travail ont déclaré qu’elles se sentaient le plus à risque.
Selon les responsables de l’enquête, ces données montrent pourquoi les gouvernements devraient investir davantage dans les groupes communautaires dirigés par des Noirs, qui sont en grande partie responsables de la sensibilisation et de l’aide aux nouveaux immigrants pour faire face aux nombreux défis de la pandémie.
Des demandes répétées de la part des représentants des communautés Noires au pays
Au mois de mai dernier, le Centre de recherche-action sur les relations raciales de Montréal avait demandé aux gouvernements fédéral et provincial de recueillir des données sur la race et le niveau de revenu des victimes de la pandémie.
« En tant que Noirs, notre expérience commune n’est pas prise en compte », disait Tiffany Callender, directrice générale de l’Association de la communauté noire du quartier Côte-des-Neiges à Montréal.
Le directeur de la santé publique de la province, le Dr Horacio Arruda, avait pourtant promis au mois de mai que le gouvernement commencerait à collecter des données sanitaires basées sur la race des personnes atteintes par la COVID-19. Mais, il n’a jamais déployé de plan en ce sens.
L’absence de données officielles frustrent plusieurs représentants de la communauté noire de Montréal. Ils affirment que ces données auraient permis, depuis le début de la pandémie, de mieux guider les experts de la santé à déterminer et à protéger les communautés vulnérables.
Des facteurs pouvant expliquer la vulnérabilité des personnes de minorités visibles
Selon les experts, les personnes qui vivent dans les quartiers à faible revenu, densément peuplés et avec davantage de familles multigénérationnelles, sont plus susceptibles de tomber malades et pour plusieurs raisons.
Les personnes appartenant aux minorités visibles, souvent défavorisées financièrement, sont aussi plus vulnérables en raison de leur état de santé sous-jacent.
Ces personnes à faibles revenus ne peuvent pas exercer autant que d’autres leur travail depuis leur domicile et diminuer ainsi leurs risques de contagion.
Les résidents des quartiers plus pauvres sont plus nombreux à occuper des emplois où ils sont susceptibles d’être exposés à la maladie. Ils remplissent les étagères et ils travaillent aux caisses dans les épiceries, ou ils sont dans le bas de l’échelle du secteur des soins de santé comme aides-soignants et préposés à l’entretien ménager.
Les personnes à plus faibles revenus et avec un niveau moins élevé d’éducation sont également plus susceptibles de travailler dans des services essentiels tels que le travail social et l’industrie manufacturière où ils augmentent leurs risques de tomber malade ou de répandre dans leur entourage la COVID-19.
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