Un Australien secouru dans le Haut-Arctique

Tom_1STATION DES FORCES CANADIENNES ALERT – Une équipe de recherche et de sauvetage a récupéré un aventurier australien, Tom Smitheringale, sur un champ de glace dans le Haut-Arctique jeudi soir, six heures après avoir reçu un appel de détresse de son émetteur de localisateur d’urgence.

Tom Smitheringale, effectuait une exploration polaire en solitaire afin d’amasser des fonds pour la recherche sur le sida, la malaria et la tuberculose. Au 48e jour de son périple, la glace a cédé sous ses pas.

« Il a eu beaucoup de chance de s’en tirer vivant », dit le caporal-chef Jim Cooke, technicien de recherche et de sauvetage des Forces armées canadiennes. « Vu les conditions, il n’aurait pas survécu longtemps. La seule chose qui lui a permis de tenir, c’est l’adrénaline. »

Selon Cooke, Tom Smitheringale a subi des engelures aux doigts et aux orteils, mais il a été capable de marcher tout seul.

« J’avais vraiment atteint mes limites. Par moments, j’ai vraiment pensé que j’allais y passer », admet ce dernier.

Par pure coïncidence, les Forces canadiennes faisaient leur exercice annuel en Arctique, baptisé Opération Nunalivut 10, aux alentours de la station Alert. Le major Steve Power, commandant de la station des Forces canadiennes (SFC) Alert, raconte que les techniciens en recherche et sauvetage étaient en train de s’entraîner en compagnie de rangers canadiens près de l’île de Ward Hunt et qu’un hélicoptère civil de type Sikorsky a été contacté pour venir renforcer la patrouille des Rangers de même que deux avions Twin Otter des Forces canadiennes.

Dès que les autorités canadiennes ont reçu l’appel de détresse de Smitheringale, l’hélicoptère, les Twin Otter et deux techniciens de recherche et de sauvetage ont été dépêchés à son secours.

Hands_closeupCooke et son collègue, le caporal-chef Shane Best, ont repéré Smitheringale sur un radeau de glace à environ 200 km au nord de la station des Forces canadiennes Alert, sur l’île d’Ellesmere, au Nunavut, située à l’extrême nord du Canada.

« Il est resté dans sa tente lorsque nous avons atterri, dit Larry Graham, un des pilotes de l’hélicoptère. Mais dès qu’il s’est mis debout et a levé son pouce vers nous en signe de victoire, j’ai su qu’on pourrait le sauver. »

Selon Cooke, Smitheringale, qui a servi cinq ans dans l’armée britannique, a marché sur une fine croûte de neige formée par des vents forts à un endroit où il y avait une fracture dans la glace. Comme Smitheringale était attaché dans son traîneau, cela a compliqué les choses.

« Il ne trouvait pas de prise, alors il nageait d’un bord à l’autre de la fracture pour trouver une façon de se mettre debout », explique Cooke.

Une force exceptionnelle

TomandFranAprès avoir passé plus de 10 minutes dans une eau glaciale, avec une température extérieure de -20 ºC, Smitheringale a trouvé le moyen de s’extirper de l’eau.

« La plupart des gens seraient morts au bout de 5 minutes, dit Cooke. C’est une personne qui a vraiment une force et une forme largement au-delà de la moyenne. Il nous a dit qu’il pensait vraiment que c’était la fin, et puis, il a fait un dernier effort et a réussi à sortir. »

La glace faisait environ 6 pieds d’épaisseur, dit Cooke. Smitheringale a réussi à tirer son traîneau hors de l’eau. Puis il a planté sa tente et allumé son petit réchaud à gaz, s’est glissé dans son sac de couchage trempé et a activé son émetteur de localisation d’urgence. »

« Il nous a dit qu’il avait de quoi tenir juste une nuit, ajoute Best. Tous ses vêtements étaient mouillés et il n’y avait aucun moyen de les sécher. Quelques heures plus tard, le sauvetage aurait pris une autre tournure », ajoute Cooke.

« Je savais ce que j’avais à faire, dit Smitheringale. C’est comme si je m’étais mis sur le pilote automatique. J’ai tout fait pour que mon rythme cardiaque reste bas et je n’ai pas paniqué. Je savais que si j’arrivais à générer de la chaleur et à sécher mes vêtements, j’augmentais mes chances de survie. Je n’ai pensé à rien d’autre. »

map-nunavut-alertSmitheringale a été transporté à la SFC Alert, examiné par des médecins, pendant que le personnel essayait de dénicher des vêtements qui conviendraient à sa carrure de 6 pieds 6. Autour de minuit, Smitheringale, fatigué mais soulagé, était attablé dans la salle commune devant un repas chaud que le cuisinier de la station avait concocté spécialement pour lui.

Correction: Ce texte de reportage a été attribué à son auteur original qui est Levon Sevunts et non à Khady Beye comme indiqué précédemment.

Levon Sevunts, Radio Canada International

Originaire d’Arménie, Levon a commencé sa carrière en journalisme en 1990 en couvrant les guerres et les conflits civils au Caucase et en Asie centrale.

En 1992, Levon a immigré au Canada après que le gouvernement arménien eut mis fin au programme télévisé pour lequel il travaillait. Il a appris l'anglais avant de poursuivre sa carrière en journalisme, d'abord dans la presse écrite puis à la télévision et à la radio. Les affectations journalistiques de Levon l'ont mené du Haut-Arctique au Sahara en passant par les champs de la mort du Darfour, des rues de Montréal aux sommets enneigés de Hindu Kush, en Afghanistan.

De son parcours, il dit : « Mais surtout, j’ai eu le privilège de raconter les histoires de centaines de personnes qui m’ont généreusement ouvert la porte de leur maison, de leur refuge et de leur cœur. »

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