Nord: Les problèmes sociaux au cœur du système des familles d’accueil
Des données recueillies dans le plus récent recensement au Canada montrent que les enfants autochtones sont surreprésentés dans le système des familles d’accueil au Canada et que cette surreprésentation s’accroît dans le nord du pays. Les données de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) menée par Statistiques Canada soulignent que ces enfants représentent la moitié de tous les enfants en foyers d’accueil, et ce à l’échelle du pays, même si les Premières Nations ne représentent que quatre pour cent le de la population canadienne. Pire, dans les Territoires du Nord-Ouest, 95% des enfants en foyer d’accueil sont amérindiens.
Andy Langford, du ministère de la Santé et des Services sociaux des TNO souligne qu’une nationale a été menée afin de déterminer pourquoi les enfants autochtones sont à ce point surreprésentés en foyers d’accueil. « Ce que nous avons identifié c’est qu’il y a un nombre élevé de facteurs de risque qui sont associés à ces enfants ayant besoin de protection et qui se retrouvent en foyer d’accueil ».
Andy Langford ajoute que s’il y a tant de ces enfants en foyers d’accueil dans les TNO c’est que ces facteurs de risque y sont très présents : la pauvreté, les conditions trop souvent insalubres dans lesquelles vivent ces enfants et, les dépendances aux drogues et à l’alcool.
Andy Nieman, défenseur des droits des enfants et de la jeunesse au Yukon a passé son enfance et sa jeunesse en foyer d’accueil. Il affirme très souvent s’être senti comme étant un simple numéro, balloté d’un foyer à un autre comme une marchandise. Il ajoute aussi que les problèmes structuraux du système seraient moindres si on formait mieux les intervenants à encourager, à soutenir et à faire grandir les enfants. « De sorte que, dans son esprit, l’intervenant traiterait l’enfant dont il a la charge comme étant son enfant et non pas un client qu’une autorité gouvernementale lui aurait confié. »
La nation Champagne et Aishihik du sud-ouest du Yukon doit faire face à cette réalité depuis des années.
Kelly Backstrom des services sociaux de la nation affirme pour sa part que l’approche choisie dans sa communauté permet de garder plus d’enfants au sien de la communauté mais qu’une plus grand implication des familles est nécessaire pour répondre aux besoins.
« Nous aimerions tellement ne pas avoir à faire face à ces problèmes, nous aimerions tellement qu’ils ne soient pas présents chez nous mais c’est impossible. Nous devons y faire face et être partie prenante au cœur de la solution. C’est encore une question d’argent. Si nous n’avons pas plus de ressources pour contrer le problème, nous sommes tous perdants. »
La très grande majorité des enfants amérindiens en foyers d’accueil ont de cinq à 18 ans.