Des ours préhistoriques déjà friands de sucre

Représentation artistique d’un Protarctos abstrusus (Courtoisie Mauricio Antón/Musée canadien de la nature)
L’analyse de restes fossilisés d’ours primitifs qui vivaient dans l’Arctique canadien au Pliocène montre que ces bêtes appartenaient à une espèce proche des ancêtres des ours modernes et qu’elles appréciaient déjà la nourriture sucrée. Explications.

Ces ossements fossilisés ont été mis au jour sur une période de 20 ans par des paléontologues canadiens à partir du site fossilifère de l’île d’Ellesmere, mieux connu sous le nom de Beaver Pond.

Ils ont ensuite été analysés par l’équipe canadienne et des collègues américains du Musée d’histoire naturelle du comté de Los Angeles.

Les paléontologues ont ainsi établi qu’il s’agissait d’ours de l’espèce Protarctos abstrusus, un proche parent des ancêtres des ours modernes, à l’exception du panda géant. Cette espèce vivait en Arctique il y a environ 3,5 millions d’années.

Les dépôts de tourbe analysés comprenaient également des plantes fossiles indicatrices d’une forêt humide de type boréal ainsi que d’autres fossiles, notamment des poissons, un castor, de petits carnivores, des chevrotains et un cheval tridactyle.

Beaucoup de caries

L’équipe de recherche a trouvé de nombreuses traces de caries sur les dents fossilisées des deux spécimens.

Ces individus souffraient en fait d’une affection que les humains connaissent bien!

– Natalia Rybczynski, paléontologue au Musée canadien de la nature

La présence de caries dentaires montre que les infections buccales ont une longue histoire évolutionnaire chez les animaux. Elles laissent également croire que ces ours avaient une alimentation contenant beaucoup de sucre, qui provenait probablement de baies. « La consommation d’aliments riches en sucre, comme les baies, pour se préparer à hiberner est une stratégie de survie qui s’est mise en œuvre tôt dans l’évolution des ours », explique Natalia Rybczynski.

C’est la première et la plus ancienne occurrence documentée d’un régime riche en calories chez l’ours primitif, lequel est vraisemblablement lié à la nécessité d’emmagasiner du gras en prévision des hivers arctiques rigoureux.

– Xiaoming Wang, Musée d’histoire naturelle du comté de Los Angeles

Remonter dans le temps
Winnie l’ourson, de l’auteur A.A. Milne, n’était pas le premier ours à avoir une dent sucrée. (Luke MacGregor/Reuters)

Les chercheurs ont réussi à établir que l’origine du Protarctos abstrususremonte à celle d’ours éteints provenant de l’Est asiatique.

Il s’agit de l’occurrence la plus septentrionale d’un ours primitif, et ce fossile donne une idée de ce à quoi pouvait ressembler l’ancêtre des ours modernes.

– Xiaoming Wang, Musée d’histoire naturelle du comté de Los Angeles

Cette bête était un peu plus petite que l’ours noir moderne, avec une tête plus plate et une dentition présentant une combinaison de traits primitifs et évolués, ce qui confirme un caractère transitionnel.

« L’ours d’Ellesmere revêt une grande importance, car il laisse à penser que la capacité d’exploiter les forêts les plus septentrionales et les plus inhospitalières de la planète n’est pas une innovation des grizzlis et des ours noirs modernes, mais qu’elle a pu caractériser la lignée des ursidés depuis son origine », poursuit Natalia Rybczynski.

Selon les chercheurs, ces fossiles représentent l’une des premières migrations de l’Asie vers l’Amérique du Nord, mais ils ne sont probablement pas ceux d’un ancêtre direct de l’ours noir moderne d’Amérique.

Ces fossiles sont conservés dans les collections du Musée canadien de la nature à Gatineau, au Québec.

Le détail de ces travaux est publié dans les Scientific Reports.

Alain Labelle, Radio-Canada

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