Il y a 35 ans, 10 000 caribous se noyaient dans une rivière du Nord québécois

Fin septembre 1984, des milliers de cadavres de caribous flottent le long des berges de la rivière Caniapiscau dans la baie d’Ungava, dans le nord du Québec. Les bêtes se sont noyées en tentant de traverser le cours d’eau, en amont de la chute du Calcaire. Nos journalistes ont couvert cette catastrophe écologique.

Au Téléjournal du 3 octobre 1984, le journaliste Pierre Migneault fait état de la tragédie.

Ce sont exactement 9604 caribous qui se sont noyés dans les derniers jours du mois de septembre 1984, et non 20 000 comme le mentionne Marie-Claude Lavallée lorsqu’elle présente le reportage. Au lendemain de l’événement, plusieurs chiffres circulaient.

Selon Serge Couturier, biologiste pour la Société de la faune et des parcs du Québec et grand spécialiste des caribous, cette noyade n’est exceptionnelle que par le nombre de cervidés morts.

« Chaque année lors de leur migration, au pire aller 200 ou 300 caribous meurent, les plus faibles sont emportés par le courant. On appelle cela la sélection naturelle. Cette fois-ci, même les plus forts n’ont pu survivre, des mâles de 400-450 livres sont là, empilés les uns sur les autres, car la tragédie est arrivée au plus fort de la migration commencée il y a trois semaines. »

Pierre Migneault, journaliste
Catastrophe naturelle ou résultat du développement des barrages hydroélectriques?

Dans ce reportage du Téléjournal du 4 octobre 1984, Pierre Migneault rencontre des Cris et des Inuit qui affirment que les vannes du réservoir de la Caniapiscau ont été ouvertes beaucoup plus largement que ce qui était prévu par la Convention de la Baie-James.

Reportage de Pierre Migneault au sujet des autochtones qui blâment Hydro-Québec pour la grande noyade des caribous. Selon eux, les barrages de la Baie-James en sont la cause.

Pour les Autochtones, cette catastrophe écologique a été causée en partie par Hydro-Québec.

Le Grand Conseil des Cris du Québec et la Société Makivik, organisme qui administre l’indemnité destinée aux Inuit conformément aux dispositions de la convention de la Baie James et du Nord québécois, continuent d’affirmer que la catastrophe de 1984 a été causée par les développements hydroélectriques dans la région de la baie d’Ungava.

Pour sa part, Hydro-Québec rejette toute responsabilité et estime que le débit de la rivière a été causé par les fortes précipitations reçues dans l’année.

Cette année-là, selon Environnement Canada, la région recevait deux fois plus d’eau que la normale des 30 années précédentes.

Une mine de renseignements pour les scientifiques

Quelques jours après la tragédie, l’opération de récupération des carcasses de caribous se met en branle. Il faut faire vite, car le pourrissement des caribous risque d’entraîner un niveau élevé de pollution. Plusieurs corps sont ainsi transportés par hélicoptère.

Reportage de Jacques Rivard au sujet de la récupération des carcasses des caribous noyés. Le bulletin de nouvelles est animé par Jean Ducharme.

Au Téléjournal du 7 octobre 1984, le journaliste Jacques Rivard s’entretient avec un biologiste du ministère de la Chasse et de la Pêche et un garde-chasse qui prélèvent des échantillons sur les animaux.

Ils en profitent pour extraire des milliers de dents de caribous afin d’étudier le troupeau.

Il s’agit d’une occasion rêvée pour les spécialistes de la faune de pouvoir amasser un grand nombre de données en un très court laps de temps.

« Si on a à recueillir comme ça des dents via les chasseurs, ça peut nous prendre deux, trois, quatre ans. »

James Keating, garde-chasse

Les Inuit recueillent les peaux pour en faire des parkas, des mitaines et des bottes.

On tente tant bien que mal de trouver des aspects positifs à la catastrophe.

Radio-Canada

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