La plus grande réserve de mercure au monde située en Arctique est une menace pour l’écosystème
Le dérèglement climatique pourrait à tout moment libérer la grande quantité de mercure présent dans le pergélisol , révèle une nouvelle étude produite par une équipe de chercheurs de la National Snow and Ice Data Center.
« La seule chose que l’on peut faire pour stopper cet éventuel désastre, révèle le chercheur Kevin Schaefer, c’est de stopper le réchauffement climatique. »
Dans cette nouvelle étude, fruit de dix ans de terrain en Alaska, il a été révélé que l’Arctique contenait deux fois plus de mercure que la quantité totale du reste de la planète. L’étude a aussi révélé que la quantité totale de mercure contenu dans le sol arctique correspondait à l’équivalent de cinquante piscines olympiques.
« Des études précédentes faisaient mention qu’il n’y avait pas ou peu de mercure dans le pergélisol. Notre étude prouve exactement le contraire », explique le chercheur du National Snow and Ice Data Center. Cette étude change de façon radicale les données que les scientifiques détiennent à propos du mercure contenu dans le sol arctique.
Rappelons que le mercure est naturellement présent dans la croûte terrestre et entre dans l’atmosphère lors d’éruptions volcaniques pour ensuite suivre un cycle qui le fait voyager entre l’océan, l’atmosphère et le sol.
Une fonte de 30 % à 90 % du pergélisol d’ici 2100
Schaefer explique qu’en Arctique, « aussi longtemps que le pergélisol est gelé, le mercure demeure prisonnier de celui-ci ». Les hausses de température dues aux changements climatiques pourraient faire fondre une grande partie du pergélisol existant en Arctique.
« La désintégration des matières organiques libérerait une grande partie de mercure et affecterait l’écosystème de la Terre », explique Kevin Schaefer. « La libération de ce mercure pourrait s’accumuler dans les chaînes alimentaires terrestres et aquatiques. À terme, cette accumulation pourrait avoir des effets dommageables sur le cerveau et le système reproducteur des animaux et de l’être humain. »
Les climatologues prédisent une fonte de 30 % à 90 % du pergélisol d’ici 2100, selon les émissions actuelles de combustion fossile.
Une étude à l’usage des politiciens et des scientifiques
La méthode a fait usage d’échantillons relevés en Alaska entre 2004 et 2012. Treize lieux ont été forés sur divers sites. Les chercheurs ont ensuite mesuré le total de carbone et de mercure relevé sur chacun de ces lieux. Ils ont choisi des sites avec des variétés de sols pour bien représenter le pergélisol de l’ensemble de l’hémisphère nord.
« Malgré le fait que le pourcentage du pergélisol en fonte ne faisait pas partie de cette étude », explique Paul F. Schuster, le principal auteur de l’étude, « le dégel de ce sol va automatiquement libérer du mercure, c’est physique ».
Les chercheurs qui ont travaillé sur cette étude croient que les résultats obtenus donnent de nouveaux instruments pour les politiciens et les scientifiques. Ces résultats permettent à ceux-ci de calibrer leurs programmes et leurs études subséquentes.
La prochaine étude du même groupe de chercheurs s’intéressera à connaître combien de mercure pourrait être libéré dans l’écosystème, à quel moment et à quel endroit.
1. Qu’est-ce que le mercure?
Le mercure est un produit chimique très dangereux pour la santé, on le retrouve naturellement dans l’air, l’eau et les sols. Il est nocif pour les êtres humains mais surtout pour les femmes enceintes, les nourrissons et les enfants.
2. Quelles sont les principales sources d’exposition humaine au mercure?
Les activités humaines sont la première source de rejets de mercure dans l’environnement. La moitié des émissions de mercure dans l’atmosphère provient de la combustion du charbon pour les centrales électriques et l’utilisation domestique pour la cuisine et le chauffage.
3. En quoi le mercure est-il nocif pour la santé humaine?
Le méthyle mercure est présent chez pratiquement chaque individu. Il est contenu dans les poissons et les crustacés. L’exposition au méthyle mercure in utero peut entraîner des effets nocifs sur le cerveau et le système nerveux en développement de l’enfant.
Source: Organisation mondiale de la Santé