Annie Pootoogook, une artiste franche et fragile

« Ses dessins et leur héritage dépeignent une communauté en transition, une communauté qui a le respect de son passé tout en négociant son avenir », écrit la curatrice et auteure de ce livre intitulé cutting ice, Nancy Campbell, que nous avons jointe chez elle à Toronto. (Courtoisie de Goose Lane Edition)

En gagnant le prestigieux prix Sobey en 2006 et en dessinant la vie quotidienne des Inuits, Annie Pootoogook a redéfini le rôle de l’art inuit dans la société canadienne, c’est ce que nous apprend le livre cutting ice qui vient de sortir aux éditions Goose Lane.

« Ses dessins et leur héritage dépeignent une communauté en transition, une communauté qui a le respect de son passé tout en négociant son avenir » écrit la curatrice et auteure de ce livre intitulé cutting ice, Nancy Campbell, que nous avons jointe chez elle à Toronto.

«La vie et l’œuvre d’Annie Pootoogook sont devenues une histoire nationale lorsque son corps a été retrouvé dans le canal Rideau un jour de septembre 2016», écrit Campbell dans ce même livre. (Watching Hunting Shows, 2004/Courtoisie de Goose Lane Edition)

La sortie de ce livre est l’occasion de réfléchir à l’héritage et à ce que l’artiste de Cape Dorset a permis de faire éclore et éclater dans les représentations des sociétés inuites.  « Annie fut la première artiste vivante inuite à être acceptée par le monde de l’art contemporain en tant qu’artiste et non en regard de son ethnicité », explique l’auteure, curatrice et spécialiste en arts inuits Nancy Campbell.

Annie Pootoogook est née le 11 mai 1969 à Cape Dorset, à l’époque dans les Territoires du Nord-Ouest et aujourd’hui au Nunavut, elle est décédée le 19 septembre 2016 à Ottawa, dans des circonstances nébuleuses.

« La vie et l’œuvre d’Annie Pootoogook sont devenues une histoire nationale lorsque son corps a été retrouvé dans le canal Rideau un jour de septembre 2016 », écrit Campbell dans ce même livre.

Enfant d’une famille de dix frères et sœurs, elle vient d’une lignée d’artistes avec une très forte tradition en arts graphiques. Sa grand-mère était une artiste reconnue, qui fut la première à intégrer une dimension autobiographique dans ses illustrations.

Réalisme documentaire
«Annie Pootoogook est une narratrice. Elle décrit de façon très honnête la vie chez elle. Les thèmes de la sexualité et de la violence domestique sont récurrents et présentés de façon très honnête dans ses dessins. Elle a clairement contribué à une redéfinition de la représentation que le Sud se fait du Nord», explique Nancy Campbell. (Man Abusing His Partner, 2002/Courtoisie de Goose Lane Edition)

Toute son oeuvre est marquée par un réalisme documentaire sur la vie au nord et au sud des membres des communautés inuites.

«Annie Pootoogook est une narratrice. Elle décrit de façon très honnête la vie chez elle. Les thèmes de la sexualité et de la violence domestique sont récurrents et présentés de façon très honnête dans ses dessins. Elle a clairement contribué à une redéfinition de la représentation que le Sud se fait du Nord», explique Nancy Campbell.

Un réalisme parfois cru qui dépeint des scènes de beuverie, le tableau daté de 2006 intitulé Drinking Beer in Montreal ou encore des scènes de violence conjugale avec Man Abusing His Partner, daté de 2002 ou encore le très troublant Hanging qui représente une scène de suicide avortée. Mais il y a aussi beaucoup de tendresse dans l’univers pictural de Pootoogook : Composition (Plucking the Grey Hair) montre un couple dont la femme arrache tendrement les cheveux gris de son mari et Morning Routine représente un couple dans les gestes du matin.

Se défaire du folklore
Ainsi, l’œuvre de l’artiste de Cape Dorset aura contribué à une représentation plus juste et à une défolklorisation de l’image des Inuits, un grand pas en avant pour la compréhension et la mise en dialogue du Sud et du Nord. Bringing Home Food, (2003-2004 / Courtoisie de Goose Lane Edition)

« Les images idylliques de chasse et d’autres activités traditionnelles qui étaient à l’usage dans l’art inuit représentent aujourd’hui un mode de vie qui s’efface devant l’urbanisation galopante des communautés arctiques », poursuit Nancy Campbell.

Ainsi, l’œuvre de l’artiste de Cape Dorset aura contribué à une représentation plus juste et à une défolklorisation de l’image des Inuits, un grand pas en avant pour la compréhension et la mise en dialogue du Sud et du Nord.

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